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Critique de sylviedoc


Découvrir un nouvel auteur, c'est comme ouvrir une pochette-surprise : certains d'entre vous se souviennent certainement de cette anticipation un peu inquiète, est-ce que ça va me plaire, ce qu'il y a là-dedans, ou bien je vais être très déçue parce qu'il n'y aura pas les bonbons que je préfère et le jouet sera peut-être moche?
Quand Vanessa Gault m'a proposé l'envoi de son roman, j'ai accepté avec enthousiasme, notamment parce que le thème principal me parlait personnellement : il s'agit d'un jeune homme de dix-neuf ans qui souhaite enfin savoir qui est son père naturel, sa mère n'ayant jusque-là pas jugé utile de lui donner ce renseignement. Ayant vécu une expérience similaire (j'ai du comme le jeune Brandon mener une enquête pour découvrir l'identité de mon géniteur), ma curiosité a tout de suite été titillée.
Le roman m'est parvenu début novembre, à un moment où j'avais de nombreuses lectures prioritaires, et beaucoup de travail au CDI. Il est donc resté dans son enveloppe près de 3 semaines. Enfin j'ai eu le temps d'ouvrir cette enveloppe, et de découvrir ma surprise. Et j'en ai sorti une friandise tendre mais acidulée, une de ces gourmandises qu'on a en même temps envie de savourer mais qui sont bien trop vite terminées !
Brandon vit avec sa mère Laetitia ("sans tréma, sans chichi"), une femme simple qui n'a pas fait de longues études mais dont la fierté réside dans son indépendance financière qui lui permet d'offrir à son fils tout ce dont il a besoin, quitte à mettre de côté ses propres envies. Brandon, qui est en école de commerce, un peu par défaut, ne peut s'empêcher d'éprouver un certain mépris pour cette maman qui n'emploie pas toujours le mot juste et n'est pas vraiment à la hauteur de ses propres ambitions. Quand enfin Laetitia lui dévoile le nom de l'homme qui l'a abandonné en apprenant sa grossesse, un homme qui à l'époque "faisait médecine", il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver ce père qu'il imagine auréolé de prestige, médecin prospère, conférencier illustre ou enseignant reconnu devant des étudiants éblouis par sa science. Pour le rencontrer, ou en tout cas rencontrer l'homme dont sa mère lui a révélé l'identité, il va devoir se glisser dans la peau d'un étudiant en psychologie et s'inscrire à une série de séminaires animés par cet homme, André Dulin. Et bientôt se trouver pris dans un engrenage de mensonges dont il n'arrive plus à se défaire. Mais il n'est pas le seul usurpateur dans l'histoire, son présumé père est bien plus fort que lui à ce jeu !
Tour à tour le roman se décline "dans les mots de Laetitia", cette mère pas si naïve que ça, qui comprend bien vite que son fils lui cache des choses et se révèle plutôt fine et intuitive (un personnage auquel je me suis attachée), ou "dans la tête de Brandon", ce grand gamin plutôt imbu de lui-même mais qui va finir par prendre conscience de ses lacunes et de son injustice vis-à-vis de sa mère ; et de temps en temps on se glisse également dans la vie d'André Dulin, un manipulateur dont tout le monde n'est pas dupe...
J'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour Brandon, même si au départ j'ai forcément établi une comparaison entre sa quête du père et ma propre histoire. Mais nos points communs se sont arrêtés là, il m'a très vite agacée par sa façon de rabaisser sa mère et son sentiment de supériorité. Heureusement il va devoir faire preuve d'un peu plus d'humilité par la suite, notamment quand il va rencontrer Margaux, une des étudiantes qui suit les séminaires d'André Dulin. Quant à ce dernier, impossible de s'y attacher, c'est l'archétype du profiteur lâche et malhonnête, même si sa passion pour Freud lui donne un semblant d'authenticité devant les étudiants.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure change de registre lexical selon le personnage qui prend la main à chaque chapitre, cela rend le texte plus vivant. L'écriture est très agréable, le texte se lit facilement et l'histoire est fluide. Les seuls retours en arrière concernent l'histoire de Laetitia et permettent de cerner très vite sa personnalité ainsi que celle du "géniteur" de Brandon. le doute plane longtemps (pour Brandon) sur l'identité du géniteur en question, est-ce vraiment cet escroc qui pérore dans son amphi, ou fait-il fausse route ? le personnage de Margaux introduit une gentille romance, gentille ne signifiant pas mièvre, qui nous rend Brandon du coup plus sympathique.
Au final, ce "Jeu de dupes" est une très agréable surprise, qui m'incite à découvrir les autres publications de Vanessa Gault et notamment son premier roman "Un arc-en-ciel sur le goudron". Je la remercie infiniment de sa confiance, mais aussi de sa patience, au vu du temps que j'ai mis à lire son livre et à restituer ma critique !
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