AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,27

sur 13 notes
5
9 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Jusqu'où peut-on aller dans le mensonge pour découvrir la vérité ? En quête d'identité, Brandon enquête sur un homme qu'il pense être son père… et se perd. En effet, se faisant passer pour un autre, il n'arrive non seulement pas à cerner cet homme fuyant éludant les questions et contournant les sujets de conversation, mais de plus il se retrouve à mentir à la fille qu'il aime. Enfant illégitime, étudiant brillant mais d'origine modeste méprisant la mère qui l'a pourtant élevé avec amour, Brandon s'imagine d'autres origines, entre colère et frustration. « C'est une déception, la première, peut-être, d'une longue série »…

Qui est réellement cet André Dulin qui prétend avoir fait des études de médecine et que l'on retrouve dans un amphi de la Sorbonne ? « Est-ce qu'il est vraiment prof ? Est-ce qu'il est médecin ? Est-ce qu'il est psy ? ». Ou juste un imposteur ? Plus Brandon cherche à comprendre, plus il se rend compte que « tout sonne faux chez cet homme ». Tout comme chez lui qui s'enferre dans ses mensonges… Ne vaut-il pas mieux que celui qu'il espionne depuis des mois ?

Certes Dulin est un homme médiocre. D'ailleurs « vaut-il vraiment la peine de le connaître, et de se faire connaître de lui ? », « Vaut-il mieux avoir un père escroc ou pas de père du tout ? ». Une chose est sûre : il est fatigant de faire semblant et Brandon aura à coeur de s'extirper de ses mensonges. de même, il cherche à changer sa nature profonde (« Tu t'écoutes parler ») afin de plaire à Margaux. Que Dulin soit son père ou non, il ne veut pas lui ressembler.

Ainsi, le récit est mené comme une investigation, avec sa touche de suspens, cependant c'est en réalité un roman d'initiation, celui d'un jeune homme qui se cherche des bases pour mieux se construire. J'ai apprécié l'emploi de la première personne qui nous immerge dans l'esprit du héros (et ponctuellement, de sa mère), cependant j'ai trouvé que l'autrice nous perdait trop souvent dans les méandres de pensées inutiles à l'intrigue et qui en cassaient le rythme. Malgré tout on sent bien l'évolution du personnage, qui perd en arrogance et gagne en profondeur, et l'issue de l'histoire conforte dans l'idée que l'on cherche souvent ailleurs ce que l'on a sous les yeux !
Commenter  J’apprécie          50
Belle découverte que ce Jeu de dupes, signé Vanessa Gault qui a déjà publié un roman et un récit auparavant.
Cette immersion au coeur du mensonge, au travers de la vie parisienne et de l'enseignement supérieur est bien menée et m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Depuis vingt ans, Laetitia élève seule son enfant, Brandon, qui supporte mal ce prénom emprunté aux mauvaises séries étasuniennes. le géniteur, un jeune homme brillant, étudiant en médecine, qui savait bien pérorer, a disparu alors que Laetitia, heureuse de faire sa vie avec lui, venait de lui annoncer qu'elle était enceinte. Elle avait eu beau chercher, utiliser les quelques adresses qu'il lui avait laissées : rien !
La voilà donc avec ce garçon, jeune adulte, qui veut connaître son père. Il est prêt à tout faire pour le retrouver. Lui, Brandon Thouvenin, porte le nom de sa mère. Celle-ci n'a pu que lui donner l'identité de cet homme qui l'a abandonnée si lâchement. Il s'appelle André Dulin. À partir de là, Brandon se lance dans des recherches, utilisant internet, un vrai labyrinthe, avec si peu d'indices.
Enfin, il trouve un André Dulin qui donne des conférences à la Sorbonne, assure un séminaire consacré à Freud et à la psychanalyse. Problème : Brandon est en école de commerce. Mais, comme il est un élève brillant qui assimile très vite, il s'inscrit, rencontre le professeur qui ne lui fait pas grande impression. Cet homme passe son temps à s'écouter parler.
Vanessa Gault a bien mis en place son récit, émaille son roman d'éléments d'information intéressants, fait visiter la Sorbonne et quelques quartiers de Paris.
C'est justement sur les bancs de l'amphi Turgot que Brandon est séduit par Margaux, vraie étudiante en psycho. À son tour, il fait l'expérience traumatisante du mensonge, du Jeu de dupes et cette analyse psychologique est bien menée. Son déroulé, avec ses avancées et ses reculades, m'a passionné jusqu'au bout, l'autrice ne négligeant aucun de ses personnages, même les plus secondaires.
Jeu de dupes, autoédité par Vanessa Gault, prouve une fois de plus que des talents d'écriture passent au travers des mailles des éditeurs et c'est regrettable. Ce roman, fort bien documenté, m'a procuré d'excellents moments d'une lecture se révélant instructive aussi.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1094
Si vous travaillez dans une administration ou une grosse entreprise, vous avez certainement dû remarquer un phénomène social assez curieux : la sécession des secrétaires. Ce sont majoritairement des femmes ; la plupart du temps elles arrivent tôt, partent tôt, et déjeunent entre elles. Elles ne se mêlent généralement ni aux cadres, ni aux techniciens ni aux ouvriers.

Ce roman curieux et sympathique explore méticuleusement les différences entre ces classes sociales via l'histoire d'une jeune secrétaire succombant au charme d'un étudiant plus âgé et plus cultivé qu'elle, qui se révèle un petit arnaqueur. Quand elle tombe enceinte, il disparait sans laisser d'adresse. Des années plus tard, le fils part à la recherche d'un père qu'il n'a jamais connu et, de fil en aiguille, se retrouve à son tour (mais lui à son corps défendant) pris dans un cycle de mensonges acrobatiques…

Il y a une analyse intéressante des rapports sociaux entre ce qu'on pourrait appeler bourgeoisie-théâtre et bourgeoisie-TF1. de nos jours, la culture constitue le plus précieux des patrimoines. En général, il peut se bâtir en deux ou trois générations (et se perdre en une seule…) mais parfois cela peut aller beaucoup plus vite. Dans ce cas, comme dans cette histoire, le gap entre parents et enfants peut devenir un véritable sujet.
Commenter  J’apprécie          353
Jeu de dupes : Ce roman qui se lit avec plaisir, aborde plusieurs thèmes.
Dans l'impérieuse nécessité de retrouver un père qui a fuit une paternité annoncée, Brandon échafaude un plan qui lui permettra d'observer un certain André Dullin, seul indice délivré par sa mère Laetitia.
A la suite de quelques recherches, Brandon découvre un séminaire animé par un homonyme qui pourrait correspondre à l'objet de sa quête. Par opposition à sa mère humble et courageuse qui a tout sacrifié pour lui donner le meilleur, pour lui permettre de suivre des études et de côtoyer un autre milieu, Brandon imagine un père flamboyant, loin de la "médiocrité intellectuelle" du modèle maternel. Brandon ressent alors, une forme de pitié et de condescendance envers sa mère ainsi que du milieu dans lequel elle évolue.
Malgré lui il ne peut s'empêcher de penser qu'il a hérité de son père qu'il auréole dans son imaginaire de qualités supérieures. Qualités qui ne pouvaient être sacrifiées dans une vie médiocre. Avant même de le connaître il lui accorde des excuses, voire éclipse les valeurs avec lesquelles il a grandi.
Ce séminaire sera l'occasion de découvrir ce père recherché. Pour l'approcher il va mentir et s'inventer une vie et des études différentes. Ce mensonge en entraînera d'autres. Brandon est de plus en plus mal à l'aise avec ses contradictions.
Ce père fantasmé perd peu à peu de son éclat, jusqu'à dévoiler un personnage bien peu recommandable. Brandon fort heureusement ne sera pas seul pour assumer sa déception. Fort de l'amour des femmes de sa vie (sa petite amie qui saura lui pardonner ses mensonges et sa mère qu'il retrouve, culpabilisé d'avoir douté), il remettra en place le puzzle éparpillé de sa vie.
C'est un roman qui met en lumière le poids ressenti par les êtres en quête de leur identité. Mieux vaut savoir pour vivre les réalités.
Il aborde les mensonges et l'engrenage dont il est parfois difficile de sortir. Une vie sans mensonges serait idéale, mais bien impossible dans l'absolu. le tout en est la limite.
Enfin il aborde certaines formes de sélection sociale subjective liée aux apparences, notamment le choix des prénoms (Brandon, Kevin) connotés "populaires".
Pour ces raisons, hormis l'affection que l'on éprouve envers les personnages, ce roman pose des questions importantes et anodines de la vie quotidienne.
Merci à l'autrice qui nous entraîne dans les méandres de la réflexion.




Commenter  J’apprécie          61
Laetitia est tombée amoureuse d𠆚ndré Dulin. Devrions-nous dire plutôt qu𠆞lle est tombée amoureuse de cet étudiant qui se destine à être médecin : pour Laetitia, secrétaire, cela en jette ! Lorsqu𠆞lle lui annonce qu𠆞lle est enceinte, André disparaît. La jeune femme essaie par tous les moyens de le contacter, mais toutes les informations que lui a laissées l’étudiant ne mènent à rien. Dix neuf ans plus tard, Brandon part à la recherche de son père dont il ne connait que le nom. de recherches en recherches, il découvre qu’un André Dulin anime un séminaire autour de la psychanalyse à l’université. Est-ce le bon André Dulin ? Que va découvrir Brandon ?

Un livre qui m𠆚 désarçonnée au début. le roman s’ouvre avec la voix de Laetitia, qui parle un langage familier à la syntaxe imparfaite. Mais le lecteur comprend vite au chapitre suivant que ce langage particulier donne corps au personnage de cette maman célibataire. le changement de style est tranchant avec la voix de son fils qui s𠆞xprime dans un français parfait (et qui corrige d𠆚illeurs sa mère!). L’histoire prend vie au fur et à mesure des pages. Alors qu’on ne s’y attend pas, on s𠆚ttache à ce fils qui se découvre au fil du roman. le sujet profond de ce roman, la question de soi – questionnement si anguleux – est brossé de manière à ce que chacun puisse en comprendre les enjeux. Un roman plein de surprises !

Commenter  J’apprécie          192
Couverture intrigante et presque dérangeante. Un masque blanc à moitié dans la pénombre, ne laissant apparaître du visage qu'il dissimule, qu'un oeil bleu qui vous fixe. Ce masque est maintenu par une main d'homme. En bas le titre, Jeu de Dupes, en lettres jaunes non pas propres et nettes, mais maculées de noir dans leur partie basse, et le nom de l'auteure, Vanessa Gault qui en bleu se détache à peine sur le fond noir.

Vanessa Gault, psychologue clinicienne, propose un roman captivant sur la quête identitaire. Car pour le personnage central qui se lance dans un jeu de piste pour trouver qui il est, le « jeu » du titre interroge aussi sur l'identité du « je ». Pour commencer Brandon n'assume pas son prénom de série américaine, et en veut à sa mère de ne pas lui avoir choisi un prénom moins connoté culturellement. Une mère dont il porte le nom de famille, faute d'un père déclaré. Point de patronyme (« nom du père ») donc pour Brandon. Mais à dix-neuf ans Brandon, qui n'est plus un enfant, éprouve le besoin impérieux, pour se construire, de découvrir qui il est.

Quarante courts chapitres décrivent cette quête, alternant habilement les points de vue des différents protagonistes, à la façon d'un prisme qui place le lecteur dans une position omnisciente. Questionnements, hésitations, tergiversations, réflexions, indécision, atermoiements, introspection, perplexité, scrupules, tâtonnements, incertitude, doute : voilà le lot de Brandon, qui se trouve très vite et presque malgré lui prisonnier d'un noeud de mensonges. Autour de lui, une figure masculine et deux femmes. La figure masculine est un père potentiel qui le fait de moins en mois rêver au fur et à mesure qu'il le découvre. Un menteur lui aussi ? Un imposteur ? Peut-être même un escroc ? Les femmes sont sa mère Laetitia et sa petite amie Margaux. À la différence de Brandon, Laetitia et Margaux ne sont pas dans le clair-obscur ni les faux-semblants. Toutes deux sont de solides piliers sur lesquels Brandon aurait pu s'appuyer mais à qui il a choisi de mentir, s'enferrant dans une situation inconfortable et inextricable.

Le titre Jeu de Dupes peut être lu à plusieurs niveaux. Il incorpore les trompeurs et leurs victimes dans un ballet savamment orchestrée par l'auteure. le roman propose des réflexions sur le choix des études (par quoi est-il dicté et que conditionne-t-il ?), le langage comme marqueur social, le vernis culturel qui permet de briller en société, l'imposture sous diverses formes, le mensonge et l'authenticité.
J'ai beaucoup aimé cette lecture qui me donne envie de découvrir les autres écrits de Vanessa Gault. Je recommande !
Commenter  J’apprécie          183
Je voudrais tout d'abord remercier Vanessa Gault de m'avoir proposé de lire et de commenter son livre.
J'avoue que j'ai beaucoup hésité avant de donner mon avis de lecteur ici. J'ai réalisé qu'il ne m'était pas du tout simple de me positionner d'un point de vue purement critique, dégagé et « objectif » par rapport à son livre (même si au fond je pense qu'il ne existe pas d'objectivité "absolue" en matière de critique littéraire : je considère qu'il s'agit, dans tous les cas, d'un point de vue plutôt subjectif).
Amis depuis peu à Babelio, nous ne nous sommes jamais rencontrés, et malgré tout, pour distants et virtuels que nos liens d'amitié puissent paraître à première vue, ceux-ci me semblent tout de même indiscutablement plus réels et tangibles que ceux que j'aurais pu entretenir avec un auteur dont j'aurais simplement emprunté un livre à la bibliothèque municipale!
Néanmoins, je me suis dit en fin de compte qu'il fallait pouvoir sortir de cette impasse, que je me devais (et à Vanessa aussi peut-être) de ne pas me dérober au jeu qu'on pratique habituellement ici, que je devais pouvoir le faire le plus sincèrement possible, sans faux-semblants et sans tomber dans le piège que justement ce récit cherche avec force à dénoncer... !
A la lecture de son livre, j'ai eu tout d'abord le sentiment d'une belle alchimie créée entre l'auteur et ses personnages. Il y a pour moi une sincérité et une générosité qui se dégagent naturellement du récit de Vanessa. Je pense que son livre plaira à de nombreux lecteurs : l'histoire est prenante, la narration est directe, fluide et sait d'emblée donner envie au lecteur d'accompagner Brandon dans sa quête de ses origines.
Malgré cela, et malgré la belle plume de Vanessa Gault que je salue au passage, je dois avouer que je n'ai pas été tout à fait convaincu par le développement de l'intrigue, celle-ci restant de mon point de vue un peu trop au service du propos qu'elle cherche à supporter et, à mon avis en tout cas, sans surprise. J'ai été aussi un peu dérangé par le fait que les pensées et les sentiments des personnages soient trop souvent exprimés sous la forme de soliloques où ceux-ci « se parlent » à eux-mêmes, utilisant à mon sens, de manière un peu insistante un discours direct et trop proche du langage oral (mais qui donnent d'autre part une sorte d'agilité et une fluidité au récit qui pourront, entre autres, plaire tout particulièrement, je pense, à un public lecteur plus jeune). Je n'y peux rien, en tant que lecteur, pour être véritablement séduit par un récit il me faut une narration avec plus d'ellipses narratives, plus de discours indirects, par moments juste des atmosphères, pas trop de paroles et de considérations, les silences des personnages étant alors autrement chargés de sens et d'émotions que les discours qu'ils s'adressent à eux-mêmes ou aux autres.
En tant qu'ami simplement, j'espère sincèrement, Vanessa, que tu ne seras pas trop déçue par ce billet. Ceci reste après tout, je tiens à le rappeler, un point de vue subjectif. D'autres nombreux billets d'ailleurs, que j'ai eu l'occasion de lire ici à propos de Jeu de Dupes, d'autres points de vue de lecteurs marquent clairement un total désaccord avec celui-ci. A chacun donc de se faire une opinion, son opinion !
Voilà, c'est fait !
Chers autres amis et éventuellement auteurs babeliens, sachez enfin que je ne suis pas, pour l'instant, très enclin à recommencer ce type d'expérience..!

Commenter  J’apprécie          170
Découvrir un nouvel auteur, c'est comme ouvrir une pochette-surprise : certains d'entre vous se souviennent certainement de cette anticipation un peu inquiète, est-ce que ça va me plaire, ce qu'il y a là-dedans, ou bien je vais être très déçue parce qu'il n'y aura pas les bonbons que je préfère et le jouet sera peut-être moche?
Quand Vanessa Gault m'a proposé l'envoi de son roman, j'ai accepté avec enthousiasme, notamment parce que le thème principal me parlait personnellement : il s'agit d'un jeune homme de dix-neuf ans qui souhaite enfin savoir qui est son père naturel, sa mère n'ayant jusque-là pas jugé utile de lui donner ce renseignement. Ayant vécu une expérience similaire (j'ai du comme le jeune Brandon mener une enquête pour découvrir l'identité de mon géniteur), ma curiosité a tout de suite été titillée.
Le roman m'est parvenu début novembre, à un moment où j'avais de nombreuses lectures prioritaires, et beaucoup de travail au CDI. Il est donc resté dans son enveloppe près de 3 semaines. Enfin j'ai eu le temps d'ouvrir cette enveloppe, et de découvrir ma surprise. Et j'en ai sorti une friandise tendre mais acidulée, une de ces gourmandises qu'on a en même temps envie de savourer mais qui sont bien trop vite terminées !
Brandon vit avec sa mère Laetitia ("sans tréma, sans chichi"), une femme simple qui n'a pas fait de longues études mais dont la fierté réside dans son indépendance financière qui lui permet d'offrir à son fils tout ce dont il a besoin, quitte à mettre de côté ses propres envies. Brandon, qui est en école de commerce, un peu par défaut, ne peut s'empêcher d'éprouver un certain mépris pour cette maman qui n'emploie pas toujours le mot juste et n'est pas vraiment à la hauteur de ses propres ambitions. Quand enfin Laetitia lui dévoile le nom de l'homme qui l'a abandonné en apprenant sa grossesse, un homme qui à l'époque "faisait médecine", il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver ce père qu'il imagine auréolé de prestige, médecin prospère, conférencier illustre ou enseignant reconnu devant des étudiants éblouis par sa science. Pour le rencontrer, ou en tout cas rencontrer l'homme dont sa mère lui a révélé l'identité, il va devoir se glisser dans la peau d'un étudiant en psychologie et s'inscrire à une série de séminaires animés par cet homme, André Dulin. Et bientôt se trouver pris dans un engrenage de mensonges dont il n'arrive plus à se défaire. Mais il n'est pas le seul usurpateur dans l'histoire, son présumé père est bien plus fort que lui à ce jeu !
Tour à tour le roman se décline "dans les mots de Laetitia", cette mère pas si naïve que ça, qui comprend bien vite que son fils lui cache des choses et se révèle plutôt fine et intuitive (un personnage auquel je me suis attachée), ou "dans la tête de Brandon", ce grand gamin plutôt imbu de lui-même mais qui va finir par prendre conscience de ses lacunes et de son injustice vis-à-vis de sa mère ; et de temps en temps on se glisse également dans la vie d'André Dulin, un manipulateur dont tout le monde n'est pas dupe...
J'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour Brandon, même si au départ j'ai forcément établi une comparaison entre sa quête du père et ma propre histoire. Mais nos points communs se sont arrêtés là, il m'a très vite agacée par sa façon de rabaisser sa mère et son sentiment de supériorité. Heureusement il va devoir faire preuve d'un peu plus d'humilité par la suite, notamment quand il va rencontrer Margaux, une des étudiantes qui suit les séminaires d'André Dulin. Quant à ce dernier, impossible de s'y attacher, c'est l'archétype du profiteur lâche et malhonnête, même si sa passion pour Freud lui donne un semblant d'authenticité devant les étudiants.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure change de registre lexical selon le personnage qui prend la main à chaque chapitre, cela rend le texte plus vivant. L'écriture est très agréable, le texte se lit facilement et l'histoire est fluide. Les seuls retours en arrière concernent l'histoire de Laetitia et permettent de cerner très vite sa personnalité ainsi que celle du "géniteur" de Brandon. le doute plane longtemps (pour Brandon) sur l'identité du géniteur en question, est-ce vraiment cet escroc qui pérore dans son amphi, ou fait-il fausse route ? le personnage de Margaux introduit une gentille romance, gentille ne signifiant pas mièvre, qui nous rend Brandon du coup plus sympathique.
Au final, ce "Jeu de dupes" est une très agréable surprise, qui m'incite à découvrir les autres publications de Vanessa Gault et notamment son premier roman "Un arc-en-ciel sur le goudron". Je la remercie infiniment de sa confiance, mais aussi de sa patience, au vu du temps que j'ai mis à lire son livre et à restituer ma critique !
Commenter  J’apprécie          2916
Un grand merci à double titre.
Merci à l'auteure de m'avoir si gentiment offert ce livre. J'étais très touchée.
Merci à l'auteure de m'avoir permis de découvrir un très bon livre. Je me suis régalée ! J'espère que ce livre fera son chemin. Et je vous le dis sans mensonge ; le mensonge, sujet du livre comme vous vous en êtes sûrement doutés au vu du titre.
Pour réussir un tel roman, il faut que les personnages soient parfaitement peaufinés et réalistes dans leurs détails. C'est le cas ici. Chaque personnage est bien campé. le style d'écriture s'adapte même à chacun d'entre eux.

Pour vous parler de l'histoire : Brandon, brillant étudiant en école de commerce, s'interroge sur son père, inexistant. Sa mère l'a élevé seule, toujours à compter pour finir péniblement les mois. Il finit par interroger plus fermement sa mère, découvre un début de vérité cynique et surtout un nom. de ce nom il veut faire apparaître un père. Qu'il imagine juste grandiose....en dépit du fait que son cher père a fui l'annonce de la grossesse sans donner signe de vie.
Cette quête va l'amener à être embarqué dans ses propres mensonges.

Vraiment un très bon roman. le fait est que j'ai compris certaines réactions de Brandon. Je me suis attachée à lui. Je me suis reconnue, élève boursière dans une grande école.... Je me souviens des filles qui préparaient le "rallye" alors que moi je n'ai pas changé de lunettes, ma vue ayant pourtant baissé, pendant mes études car dans l'incapacité financière de payer mes verres. Comme lui je comptais lors des sorties.... Je me souviens d'un garçon de ma promo me disant un superbe "tu savais qu'il y avait des élèves boursiers ici ?" bin oui moi.... Bon je ferme ma petite parenthèse..... Disons que ce livre m'a rappelé des souvenirs....

Un bon moment lecture que je vous invite à découvrir !
Commenter  J’apprécie          268
Jeu de dupes est un roman à 2 voix, celle de Laëtitia, la mère, et de Brandon, le fils. Une histoire dont le point de départ est assez banal : une jeune femme tombe amoureuse d'un homme qui l'éblouit et l'abreuve de mensonges avant de disparaître comme par magie, la laissant seule et enceinte. Une histoire qui est pour Vanessa GAULT l'occasion de nous plonger dans la problématique de la fracture sociale sur fond de recherche en paternité incluant les questionnements sur l'hérédité, l'inné et l'acquis.

Quand Brandon commence à s'interroger sur cet inconnu qu'est son père, sa mère lui apporte des réponses en toute franchise mais sans entrer dans les détails. Il commence alors à l'idéaliser et le fantasmer l'érigeant en intellectuel raffiné et érudit issu d'un milieu bourgeois. Évidemment il en vient à voir sa mère sous un autre angle et ne supporte plus ses manières de prolo et son manque d'instruction qu'il associe à la pauvreté. Il devient ainsi aveugle à ses qualités humaines et perd de vue tout ce qu'il lui doit.
Mais que cache la couche de vernis derrière laquelle chacun d'entre nous se dissimule ?

En se lançant dans une quête pour retrouver son père, Brandon souhaite connaître la vérité sur ses origines mais au lieu de cela il va découvrir un monde de tromperies, de malentendus orchestrés et de mensonges.
Brandon va gratter le vernis pour réellement connaître cet homme mais finalement c'est peut être lui même qu'il va apprendre à connaître mieux.

Des personnages qui au premier abord semblent être de véritables caricatures (j'ai eu peur au cours des premières pages) et qui vont dévoiler au fil des lignes toute leur complexité et leur humanité savamment insufflée par Vanessa GRAULT.
Laëtitia va se révéler être bien plus finaude que ce que son fils est capable d'imaginer et celui ci va se révéler bien plus naïf qu'il ne le pense. Un bémol me concernant : le personnage de Brandon qui m'a agacé et pour lequel je n'ai ressenti aucune empathie. Juste l'envie de lui mettre quelques claques pour qu'il arrête de se regarder le nombril.

Toutefois, j'ai passé un bon moment en lisant ce livre qui m'a fait pensé par certains aspects au roman d'Annie ERMAUX : Les armoires vides.

Je remercie beaucoup Vanessa GRAULT de m'avoir si gentiment envoyé son livre me permettant de découvrir son écriture originale et franche et des personnages plus vrais que nature.
Commenter  J’apprécie          397




Lecteurs (29) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
434 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}