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EAN : 9791093552903
232 pages
Remanence (15/06/2020)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Lorsque deux frères se lancent dans l’ascension de la montagne sur laquelle leur père s’est tué quinze ans plus tôt, leur histoire les rattrape. Entre peur du vide, petite forme, mauvais temps et souvenirs douloureux, la randonnée tourne au chemin de croix. Mais pour le narrateur, dont le premier enfant naîtra dans quelques semaines, impossible de faire demi-tour : ce sommet est une obsession et un passage obligé avant de devenir père à son tour.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babelio et aux Editions de la Rémanence qui m'ont adressé ce livre dans le cadre de la masse critique.

Irresponsables! le titre est en adéquation totale avec les personnages qui ne prennent aucune des précautions essentielles pour aller en montagne : le père, d'abord qui part en short avec un vêtement léger, se perd, revient dans le froid et la neige; il récidivera et cette fois sera la bonne, la mauvaise plutôt, puisque sa chute d'une falaise en montant au pic du Midi d'Ossau, au mépris encore des éléments basiques de sécurité, sera fatale.

Les fils ne valent guère mieux qui vont en pèlerinage sur les traces du père, mal préparés, sans que le plus chevronné ait évalué le niveau de l'autre avant de se lancer dans les cheminées du pic.

Ils n'ont pas fait le deuil du père, surtout le narrateur et le livre concerne bien davantage ce paternel inconscient que la montagne elle-même. Et puis, l'on passe des Pyrénées à l'Equateur ou en Colombie et même en mer où le cadet ne brille pas davantage qu'en montagne. Egalement, un petit détour par le Queyras où l'auteur évoque la "gare de Ceillac", magnifique village lové dans un plateau glaciaire qu'aucun train ne fréquentera jamais. D'autres inexactitudes émaillent ce récit laborieux avec la litanie des états d'âmes du narrateur, retour sans cesse sur la mort du père, douloureuse incontestablement, mais présentant peu d'intérêt pour le lecteur d'un livre qui présente le sommet du Mont Blanc en première de couverture.

Et puis les amours d'une banalité à s'endormir, depuis le test de grossesse de la copine de l'auteur qui découvre qu'il va être père, quel enjeu pour quelqu'un qui est incapable de prendre la moindre décision. On a même droit au vêlage d'une malheureuse vache qui mettra au monde un veau mort-né et cela bouscule une fois de plus le pauvre cerveau du narrateur qui se prépare lui aussi à un accouchement, dont heureusement le récit nous sera évité.

Quelques images de montagne et de mer se glissent dans ce méli-mélo laborieux avec la flore en altitude et les levers de soleil sur l'océan.

Je passe sur le gros risque de manquer l'avion du retour vers Paris en revenant de l'Ossau et sur tous les personnages cupides de la famille des deux frères, il faudrait la plume de Mauriac pour en décrire leur comédie d'humanité.

Si vous voulez avoir une petite idée de ce qu'il ne faut vraiment pas faire en montagne et en famille, lisez ce livre, sinon prenez un Frison-Roche, Tesson ou d'autres véritables montagnards écrivains.
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Plusieurs critiques à 5 étoiles et ça parle de montagne. Je le note. Je postule quand je le vois dans Masse critique (que je remercie ainsi que l'éditeur). Chouette, je m'en régale d'avance à la réception. Plouf ! le narrateur escalade le pic du Midi d'Ossau dans les Pyrénées avec son frère. Ce sommet qui a pris leur père quinze ans plus tôt. Ce père qui faisait de la montagne en short et baskets, eux aussi y vont pas vraiment préparés. On se retrouve avec « Martine ». Marc-Arthur fait de l'escalade en Colombie, M. A. est en équateur, M. A. est sur un bateau, sa femme, enceinte à Tahiti, ils se retrouvent en Martinique, puis en Irlande, et dans les quatre coins de France. J'ai du en oublier. Des histoires d'héritages avec sa famille à particule qu'il nomme, règlement de comptes, façon de Duroy. Bio ? Pas envie de vérifier. Il donne l'impression, au final, de passer sa vie à se faire plaisir, cet homme riche. Moi qui rêvais d'une évasion, j'ai l'impression d'être insultée. D'avoir lu ce bouquin, je suis sur ce coup-là, une irresponsable.
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S'il y a bien quelque chose qui m'effraie, jusqu'à me donner la nausée, ce sont les espaces vides, les hauteurs vertigineuses, les précipices sans fond. J'aime aller en montagne, j'aime même m'y promener, mais je n'aventure pas plus haut que nécessaire. Je laisse à la montagne son monopole, sa hauteur et sa puissance, je laisse ceux qui y prennent du plaisir affronter ses parois rocheuses, parce que je ne suis pas taillée pour les affronter. MA l'est. Et il a toute mon admiration d'acrophobique. C'est cette passion qu'il partage ici, dans ses bons, et surtout ses pires moments, et son défunt père, Xavier Gauthey, cet instant d'inattention ou de hardiesse qui lui a enlevé son père, victime d'une chute mortelle en pleine ascension du Pic du Midi. Ceci est donc un roman à vocation autobiographique.

L'auteur nous emporte avec lui sur les versants escarpés, et j'estime que c'est un beau privilège puisque je n'aurai certainement jamais l'opportunité de les admirer par moi-même. Marc-Arthur Gauthey narre diverses ascensions, certaines couronnées de succès, d'autres qui tournent au calvaire, mais la plus importante semble-t-il est celle qui le mènera dans les pas de son père en même temps que l'assimilation de sa perte. Retrouver ses traces pour comprendre son état d'esprit, reconstituer la chute fatale et clore un chapitre, qui a laissé des blessures, invisibles mais encore vivaces, à son frère Pierre et à lui-même. D'autant que la famille paternelle, d'un zèle religieux qui frôle le bigotisme, n'a rien fait pour soulager la vie des deux jeunes garçons.

Moi, qui ne suis à l'aise que lorsque j'ai les deux pieds sur la plancher, j'ai particulièrement apprécié de vivre par procuration toutes les aventures de Marc-Arthur Gauthey, qui nous fait profiter autant de ses sensations d'alpinistes que de ses souffrances, qui font montre d'une ténacité et persévérances estimables. D'autant que son écriture si simple mais à la fois tellement éloquente et sans détour, comme il semble l'être lui-même, réussit à chaque fois à capturer les mots qui conviennent parfaitement. On ressent, sous-jacent, ce lien ambigu qui le lie à la montagne, qui apparaît comme une bouffée d'oxygène pour lui, indispensable, mais à la fois un ennemi redoutable, dont il faut se méfier. le mal des montagnes, pour Marc-Arthur Gauthey, ce n'est pas vraiment cette perte progressive des sens mais cette peine sur laquelle il doit mettre un point final.

Pour Marc-Arthur Gauthey, tout est une question de raison.de limites et de bon sens. Que Xavier Gauthey n'a pas eu au jour critique. Tout est une question de vide. Les vertiges d'une perte absurde qui laisse un creux au corps, le mal des montagnes qui fait perdre toute raison, qui a emporté ce père, hermétique et exigeant, malaisé à comprendre, mais tant aimé, fracassé aux flancs de montagne.

Le pic du midi d'Oiseau, une merveille de nom, la chapelle du narrateur, de Pierre son frère, qui célèbrent la mémoire de ce père, qui a laissé son dernier souvenir à la montagne, haut lieu du silence absolu. Revivre, grimper, comprendre que la montagne est seule Dieu en son monde et que l'alpinisme est une religion, sans paradis ni enfer, une foi qui se partage. Roman de la perte, du deuil, du combat et de l'amour de la Montagne. Refaire, restituer les pas pour commencer à accepter et passer à autre chose: c'est une sorte de transition, passage à l'état adulte Marc-Arthur Gauthey parle lui-même de parcours initiatique, que cette ascension fraternelle. Afin de mieux laisser le passé derrière soi, et ses mauvais souvenirs, le décès d'un père, le rejet, les manigances et la bassesse d'une famille qui n'a de noble que son nom.

Et moi de même je me suis rattachée à la cordée que forme le narrateur et son frère, pour gravir la découverte de l'alpinisme. Cet air glacé nous frappe le visage, on ressent le souffle de la douleur mais du plaisir aussi, de l'effort, de la réussite, d'avoir réussi à dompter les pentes le temps d'une ascension. L'écriture représente la vie, ce flux de vie qui marche et grimpe inexorablement. C'est un roman qui a évolué au gré de l'écriture de l'auteur, dont la maison d'éditions donne une interview: il est passé du carnet de voyages, en Colombie, marqués par cette même passion de l'alpinisme, que j'ai particulièrement dégusté, car on se détache un peu de ce cadre préconçu d'un homme emmitouflé dans sa combinaison et surpassé par des sommets enneigés. On y goûte une autre vision de l'escalade, toute aussi hostile, ou inenvisageable en ce qui me concerne (je ne me suis pas encore remise de ma sortie de skis d'il y a quinze ans, c'est pour dire…) mais toute aussi savoureuse à la lecture. C'est un roman, plein d'humanité, d'un homme incapable d'une haine aveugle et sourde, d'une rancoeur tenace, d'une aversion totale, d'un jeune homme qui devient un homme mesuré et ouvert. D'ailleurs le site des Éditions de la rémanence précisent qu'il occupe un poste clef dans une ONG de sauvetage en mer.

En sus de quelques traits d'autodérision – j'ai spécialement goûté les piques bien senties néanmoins méritées à la (détestable) famille paternelle et au nom à rallonge qu'il s'est évité – on assiste à une belle démonstration d'alpinisme et de sagesse. S'il y a bien deux leçons que Marc-Arthur Gauthey a appris, et nous transmet volontiers, à travers ses expériences dans des milieux difficiles pour les bipèdes que nous sommes, c'est d'apprendre à compter sur l'autre et la modestie face à la démesure des hauteurs alpestres, sur lesquelles finalement l'homme n'a que peu de prises. La fin du roman en est l'illustration
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Le procédé du double narrateur (les deux frères) aurait été intéressant si la jonction ne se faisait pas obligatoirement par le biais de "Clémentine", la femme du fils aîné, et partant, de leur enfant à naître.

Dans ce roman un peu décousu, nous allons par monts, par vaux et par mers. Nous voyageons de l'Amérique du sud à l'Islande en passant par New-York et bien d'autres endroits encore.

La quête centrale, celle du père, est heureusement un fil conducteur assez fort pour donner de la substance au récit, d'autant plus qu'elle se double de la curieuse absence du personnage de la mère, d'où un "creux" en puissance.

On peut néanmoins déplorer une sorte de déséquilibre entre le besoin des fils de revivre un drame, qui s'accompagne d'une Histoire familiale douloureuse, et leurs diverses pérégrinations.

Ainsi, une tempête en mer, classique du genre et plutôt réussie, se démarque de scènes d'aéroports ou de promenades diverses dont les tentatives d'humour de l'auteur semblent un peu maladroites. le retour intermittent à une escalade mal vécue par le fils aîné ponctue le récit, mais l'effet de suspense, si c'est celui recherché par l'auteur, est affaibli par une trame inégale.

A cet égard, la toute dernière phrase est une trouvaille, qui tombe comme une chute à la fin d''une nouvelle. Elle donne rétrospectivement du sens au récit.

Si je peux me permettre un conseil à l'auteur de ce roman, je citerai celui de Raymond Carver aux jeunes auteurs : "Coupez, coupez encore !"




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Avis : INSPIRÉ

La couverture minimaliste mais efficace, et le titre m'ont incitée à lire ce roman ou plutôt cette autobiographie romancée, car je voulais comprendre le rapport entre les deux. C'est grâce aux Éditions de la Rémanence et à #Netgalley que j'ai pu lire #Irresponsables.
Après la perte de leur père en montagne, ses deux enfants ne peuvent oublier sa chute et cherchent à la comprendre, tout en voulant inconsciemment se mesurer à celui qui est parti et qui leur avait enseigné ses leçons de vie. Il leur faudra 15 ans avant d'oser affronter et s'affronter autour du Pic du Midi d'Ossau. Ce temps se nourrira des affaires de famille, des voyages de l'auteur qui nous enchantent et nous effraient, des combats personnels, du passage de jeune homme à l'adulte responsable. L'auteur est un homme mesuré, ses mots sont justes, pesés, polis aux angles des relations familiales qu'il prend plaisir à dénoncer. Ils sont aussi douceur de l'amour partagé et enthousiasme pour son futur de père. Avant de l'être, il y a le rendez-vous à ne pas manquer : la rencontre avec la montagne qui a tué.
J'ai éprouvé un réel plaisir à accompagner Marc-Arthur Gauthey dans sa tête et dans ses ascensions ; il a su faire passer les frissons et les émotions des pics vaincus et des rencontres avec les autochtones des pays visités. C'est foisonnant de détails, de piques, d'humour caustique, de pensées de sagesse. J'ai senti son envie de témoigner pour donner envie mais aussi pour se débarrasser des couches de culpabilités, de regrets, de remords qu'il se sentait éprouver, à tort ou à raison. Comme dans nos propres vies.
Ce n'est pas un livre pour apporter du bonheur mais il peut néanmoins nous faire prendre conscience des instants qu'il ne faut pas négliger. Il y a de l'aventure intérieure et des défis montagnards. Il y a la certitude de s'évader et de rencontrer un homme qui ne s'avouera jamais vaincu devant le destin. Il y a les questions que l'on se pose face aux êtres aimés et celles qui ne trouveront jamais de réponses car la mort est passée et a pétrifié le passé.
Cet auteur, dont c'est le premier roman, possède une belle écriture fluide et inspiré ; espérons qu'il nous donnera l'occasion de l'apprécier à nouveau.

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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Sa solitude était son cadre, son choix. Un coffre-fort cérébral où personne ne lui faisait l'affront de la sottise intellectuelle qu'il haïssait par-dessus tout.
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En dépit de mes récentes ascensions glaciaires, mon frère a bien vu que mes petits exploits des mois passés ne sont pas à la hauteur de la sécurité à laquelle il a raison d’aspirer. Je ne suis qu’un débutant, confirmé tout au plus. Son regard me transperce.

-Tu veux arrêter?

– Je ne sais pas.

Mon sang fait du boudin, j’ai la moelle qui s’embrase. En ouvrant la porte à la possibilité de rebrousser chemin, je sais comment l’histoire va fini. Je voudrais juste croire que je me trompe. Un regard vers le ciel. C’est à mon tour d’être raisonnable. J’ai confiance en moi. Techniquement, ce sommet est presque une formalité. Mais je ne vais pas hisser mon frère là-haut contre son gré ni le laisser redescendre seul. On a toujours fait bloc, ce n’est pas maintenant qu’on va se déliter. Pourtant, c’est plus fort que moi. Je ne m’explique pas pourquoi, je sens dans mes tripes le besoin primaire de monter là-haut. C’est animal. Je dois défier les éléments, rompre la malédiction, faire mon pèlerinage et refermer la porte d’une époque le cœur apaisé par le sentiment du devoir accompli.
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L'homme est un surhomme qui s'ignore. Le corps humain est plein de surprises et de ressources insoupçonnées.
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Au bout du monde, la liberté est inconfortable et solitaire car le grand air est une prison magnifique dont on ne voit pas les murs.
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Au col de Chamoussière, au loin, le Viso nous aguiche comme s'il nous donnait rendez-vous pour plus tard. C'est vrai qu'il fait envie avec son arête de basalte noir saupoudrée de gros sel.
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