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Critique de Scribe


Corvidés de David Gauthier
Lors de la dernière opération masse critique, j'avais sélectionné entre autres romans, celui de David Gauthier Corvidés. Pourquoi ce choix. Pour plusieurs raisons, celle de lire un premier polar d'un auteur inconnu, journaliste à Angoulême. La seconde, l'immersion dans un terroir celui d'un petit village qui pourrait ressembler au mien, sauf que chez nous ont cultive les pommiers à cidre et que dans ce roman l'on parle de vin. Mais, je connais un jeune agriculteur cidricole ayant fait ces classes dans les vignobles qui élabore son cidre avec des méthodes venant de ce monde. La troisième, celle de connaître l'investigation d'un journaliste dans ce petit village de Salerac en prise avec un corbeau, adressant des lettres anonymes.
Notre journaliste s'appelle Nicolas Berger. Vivant mal une séparation avec ELLE, il se voit confier par son rédacteur en chef Gérard en reportage en campagne, loin du siège du journal, histoire de se remettre les idées en place. «  Si tu ne ramènes pas de sujet , on s'en fou, » dit son rédac-chef. «  le but, c'est que tu repasses les portes de la rédaction avec une autre gueule. » En effet, Nicolas n'a plus le goût à rien, plus de blague pour ces collègues, plus d'envie, plus d'humour. Fini sa bonne humeur.
Dès la page 7 de ce roman, Corvidés de David Gauthier, nous avons un premier indice. Nous sommes le vendredi 24 mars 2017, Nicolas vient de recevoir un coup de pied latéral parfaitement décoché à hauteur de son arcade gauche qui se brise sous le choc. « C'est tout ce que vous avez ? Ta gueule » suivi d'un autre coup de pied «  dont la pointe s'enfonce dans mes côtes et je sens un craquement.  » Page 11, un exemplaire d'une lettre anonyme est présenté «  le corbeau salue les ignorants, leur donne un peu de lumière, alors notez bien ceci …. La vieille militante n'a plus la fougue... le chat de la secrétaire binoclarde n'a pas fugué... Des cornes poussent sur la tête de l'adjoint .. signé Votre dévoué corvidé accompagné d'un sceau de trois têtes de corbeaux bec à gauche. Pendant une semaine, nous allons suivre Nicolas, mais aussi Mathieu le journaliste en CDD, responsable seul de l'agence du journal installé à Salerac, traquant ce mystérieux corbeau.
Rapidement immergé dans ce village, Nicolas va vite se rendre compte de l'ambiance locale et de « la sympathie »  avec laquelle il est accueilli en tant que journaliste venant de la grande ville : «  il fait un métier de con... il vient remuer la merde, ils sont ici que pour vendre du papier, ternir l'image de notre village …etc... » Ambiance, Ambiance !
Armé de son carnet rouge et de son stylo, Nicolas part à la recherche des indices qui le mettront sur la piste de cet immonde corbeau qui s'attaque tout azimut, aux gens du villages, élus, artistes, commerçants, tant dans leurs activités professionnelles que dans leurs vies privées, bien entendu. A la faveur d'une bagarre lors d'un conseil municipal entre le maire Michel Menard et Norbert Bontemps , référent pour la vie scolaire, Nicolas, fait connaissance des membres de l'opposition. Au fur et à mesure de ces rencontres et alors qu'il schématise ses investigations dans sa chambre à l'auberge BERGE ou il a pris ses quartiers pour six nuits, Nicolas nous présente différentes pistes. Petit à petit le tableau prend forme et nous découvrons en détail les ambitions des uns, les rivalités, les amours illégitimes…
Nous ferons la rencontre avec des personnages haut en couleur entre autres : Nadège qui tient l'auberge, tabac, presse, bar, petite restauration, coin librairie, hôtel, relais colis, amie avec Michel Menard «  Ah, Michel… C'est un bel homme, vous savez. Nous avons a peu près le même âge ». La Danoise Kirsten Moller conseillère municipale : «  C'est le mot retraitée qui vous fait peur ? L'ambiance s'apaise. Elle évoque ses expositions photos… je m'abandonne totalement, nos fronts se rencontrent , nos bouches suivent… ai-je pris du plaisir … Il me reste deux jours pour boucler cette enquête ». Mais aussi Françoise Corton, Michaël Grelot «  Il vous faut quoi de plus pour accuser Michaël Grelot, que l'on déterre un cadavre dans son jardin », Charles le brocanteur, marin d'eau douce au long cours, mais aussi Jacques Bonin historien médiéviste spécialiste de la symbolique des couleurs , des emblèmes et de l'héraldique, qui sera précieux à plus d'un titre dans l'orientation de l'enquête de Nicolas.
Se sentant menacé, le corbeau colle une dizaine d'exemplaire de sa lettre sur la façade de l'agence de Salérac mettant en émoi le jeune journaliste Mathieu. Il est vrai que les menaces sont clairement dirigées vers ces deux journalistes : «  les gratte-papiers qui mettent le nez dans mes plumes ne savent pas à qui ils ont affaire…. Ils doivent se méfier de moi… Personne ne se soucierait de leur disparition ». «  Ce n'est plus un reportage mais une course contre la montre avant que ce cinglé ne prenne son rôle trop au sérieux et ne mette ses menaces à exécution » dit Nicolas
La suite vous le saurez en lisant ce livre Corvidés de David Gauthier. Un polar à l' écriture agréable ou il est très facile de s'immerger, spectateur de la vie des habitants de ce petit village de Salérac. David Gauthier démontre un réel talent de conteur et l'on reconnaît bien dans son style d'écriture celle d'un journaliste ne serait que par la tournure des phrases, simples, allant droit au but et de la restitution jour par jour de cette enquête.
J'ai des ami e s dans le journalisme et je vais sans tarder leur présenter cet ouvrage, emprunt d'humour et d'une belle restitution psychologique des personnages. Je remercie Babelio Masse critique de m'avoir permis de découvrir ce premier roman Corvidés de David Gauthier et François Sirot des Éditions Envolume de me l'avoir fait parvenir. Bien à vous.
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