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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Théophile Gautier reçoit la toute neuve tradition du roman gothique, du récit d'horreur, avec son imagerie et ses personnages typiques, de l'Allemagne (Hoffmann) et de l'Angleterre (Walpole, Lewis, Mary Shelley). Il reprend fidèlement ces thèmes et situations pour en faire des récits absolument méconnaissables, qui n'ont pratiquement plus rien à voir avec leurs modèles romantiques initiaux. D'abord, il travaille et cisèle sa prose en orfèvre, au point que le lecteur en oublie parfois l'histoire qu'il lit pour admirer la splendeur de la phrase, de l'image, du paragraphe. Puis il use et abuse de la citation ironique, bien dissimulée (car "ironie", en grec, veut dire dissimulation), en ayant l'air de céder à cette mode du fantastique et en la détournant subtilement : le lecteur relit "la version Gautier" du vampire ou du fantôme, et ne peut s'empêcher d'en sourire. C'est trop bien dit, c'est trop bien imité, comment avoir peur ? Un récit de Lovecraft ou une bonne histoire de Stephen King sont mille fois plus effrayants, avec leur prose bâclée, que les textes de Gautier, qui donnent sans cesse à admirer leurs charmes littéraires. Henry James signalait que même quand Gautier décrit les horreurs du siège de Paris en 1870, comme journaliste, il est trop séduit par les images qu'il décrit pour les rendre pathétiques. Il en va de même ici, et c'est pour le plus grand plaisir du lecteur qu'on lira ces contes, non pour la peur qu'ils inspirent.
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Un homme va chez des amis et se retrouve dans une chambre d'amis pour le coucher. Alors qu'il y rentre le soir, tout se déroule comme dans un rêve. Les personnages sortent du tableau et commencent à danser. Et comme dans un rêve, le héros tente de dépasser sa peur. C'est là qu'il voit une charmante jeune femme au milieu d'eux, triste à en mourir mais tellement belle. Il décide de danser avec elle. Elle accepte et passe la nuit à danser avec lui et à parler. Ce jeune homme tombe très amoureux de cette jeune femme. Mais au lever du soleil, cette femme crie et disparaît. le jeune homme s'évanouit et s'aperçoit qu'il est seul dans la chambre et que la cafetière est brisée en mille morceaux !

Cette nouvelle est ici une nouvelle fantastique classique, une histoire de fantômes qui tentent de revivre un soir leur vie passée, d'accomplir ce pourquoi ils n'ont pas trouvé le repos. Il n'y a pas d'agression ici, et pourtant on ressent une énorme tristesse et aussi un peu d'effroi. C'est une métaphore de l'amour qui ne se réalisera jamais. La femme a pu connaître un moment d'amour et de bonheur une seule fois. Mais l'homme reste et va du coup être triste toute sa vie, car il ne peut avoir la femme aimée. Mais vaut il mieux ne pas connaître le bonheur du tout ou bien l'avoir connu une seule fois ? C'est sur cette interrogation que nous laisse l'auteur, en nous dessinant ce magnifique conte fantastique. La cafetière brisée reproduira ainsi le coeur brisé du jeune homme.

Un petit coup de coeur pour cette nouvelle que j'ai vraiment appréciée. On dirait une nouvelle à raconter au coin du feu lors d'une soirée Halloween.




Onuphrius

Un jeune artiste tente de peindre sa jeune amie, mais il sent une espèce de démon qui le condamne à faire ressembler le tableau à une autre personne. Jalouse, son amie le quitte. Il meurt et erre en voyant un autre homme usurper son talent.

Cette nouvelle est assez effrayante et parle un peu de la muse, du talent, ici représenté par une espèce de diable, de revenant. Ainsi, l'art est universel et ne dépend pas uniquement de l'homme. Quand un artiste disparait, il sera remplacé par un autre. Assez cruel non? Surtout qu'Onuphrius, lui, veut être un grand artiste et donc a une haute opinion de soi-même. Aussi, quelle est sa stupeur quand quelqu'un lui a "volé" son art et que sa fiancée ne se souviendra même plus de lui au bout d'un an. Cela relativise un peu les choses, l'importance que l'on a.

C'est en cela que cette nouvelle m'a fait réfléchir car enfin de compte, Théophile Gautier nous démontre qu'on n'est pas indispensable. Même s'il faut un démon pour le démontrer ^^




Ompale


Dans cette nouvelle-ci, on parle toujours de fantôme, mais qui s'est abritée dans une tapisserie fixée au mur, apparemment. Un esprit féminin, qui se sent seul, rode dans une tapisserie et se révèle au neveu du propriétaire du château (ou de la maison). Elle veut être aimée et faire découvrir les plaisirs au jeune homme. Bien évidemment, l'oncle refuse et vend la tapisserie. le neveu, lorsqu'il devient vieux, peut la reprendre mais laisse tomber.

C'est une très belle métaphore du désir, de l'initiation au plaisir que Théophile Gautier nous donne là. Car le désir n'est pas maître de lui même. Il permet toutefois de bien passer à l'âge adulte du moment qu'il reste contrôlé par la sagesse (l'oncle). D'ailleurs, lorsque le jeune homme devient sage, il renonce à ce désir là pour retourner aux aléas de la vie.

C'est aussi une petite métaphore du premier amour. Il démontre qu'on ne finit pas sa vie avec mais on garde un souvenir permanent de celui - ci




La Morte Amoureuse


Une petite nouvelle sur le thème du vampire que j'avais bien aimé, vous aurez la chronique ici




La pipe d'opium

Ici, une nouvelle totalement délirante sur une hallucination à l'opium. le jeune homme, après avoir fumé une pipe d'opium, se retrouve à rêver d'une femme nue qui n'a que du désir pour lui. Il voit des plafonds changer de couleur. Et il se réveille. C'est mignon comme tout, et je me demande à quel point l'auteur a fait des recherches pour la rédaction de son écrit :D


C'est toutefois un très bon conte sur le rêve (même un peu drogué pour le coup) qui permet de grandes métaphores sur la volonté de vivre des morts, celui de la jeunesse éternelle, qui nous met une petite morale à la Carpe Diem que j'ai beaucoup apprécié.


Le Chevalier Double

Vraiment un passage très sympa où l'on voit la matérialisation de deux périodes dans la vie d'un homme ou le reflet d'une double personnalité. Ici, une femme a un regard un peu coupable sur un Ménestrel et conçoit son fils le soir même avec son mari. Mais du fait ce regard juste, la faute retentit sur son fils qui aura deux personnalités : celle de son père et celle du ménestrel. Jusqu'au combat final avec lui-même, le fils ne pourra trouver la paix.

Ceci montre d'une manière un peu folklorique que la fidélité n'est pas que charnelle. Il suffit de pensées coupables pour qu'une famille entière souffre. Et jusqu'à l'extinction de cette pensée, la famille ne pourra pas être en paix.


Le Pied de Momie

Excellent conte sur un pied de Momie acheté par une personne pour se servir de presse papier. Est-ce une critique de l'auteur pour montrer qu'il faut être très puéril pour acheter des antiquités juste à des fins esthétiques, sans prendre en compte la valeur réelle de l'objet ? Sûrement. Mais cette fable fut très agréable à lire, sous des tons de Mille et une Nuit.

Elle serait réellement idéale pour une nuit d'Halloween



Deux acteurs pour un rôle

Cette nouvelle, par contre, montre la différence entre les rêves d'un homme jeune et les réalités d'un homme accompli. Cela montre par l'histoire d'un jeune homme ce à quoi on doit renoncer parfois pour le bonheur de sa famille. C'est en n'écoutant que son bonheur personnel que le jeune homme prendra peur, et pourra perdre son âme. C'est en pensant au bien de sa fiancée qu'il trouvera le bonheur et la sérénité.

C'est simple et efficace. J'aime beaucoup ^^


Le Club des Hachidins

Théophile Gautier nous fait une petite prévention anti drogue et je trouve cela toujours aussi drôle ! Il sait très bien décrire les délires que l'on peut avoir sous drogue. Nous permettant ainsi de nous rendre compte des méfaits d'une perte passagère de la raison. Je maintiens ma question : j'aimerai savoir à quel point l'auteur a enquêté sur ce sujet :)


Arria Marcella

Encore une histoire de fantômes amoureux. Il faut dire que c'est une recette qui marche. Un jeune homme se retrouve transposé dans le Pompéi de l'Antiquité et tombe amoureux d'Arria Marcella. Mais leur amour est impossible car elle est morte depuis deux mille ans. Aussi, lorsqu'il se mariera plus tard, il sera voué corps et âmes à son épouse mais gardera à tout jamais en tête cette passion dévorante jamais consommée.

Le message est clair : ne jamais s'abandonner à la passion sinon nous manquons à tous nos devoirs sociaux par la suite. Et nous ferons le malheur des autres (ici la femme qui passera sa vie à rechercher la maîtresse de son mari).


En bref, un recueil de nouvelles que j'ai adoré découvrir au fur et à mesures. Des classiques qui ne se démodent que très peu.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Lu à 15ans pendant un été, ce livre m'avait profondément frappé : la qualité de l'écriture (ce qui passe pour érudit aujourd'hui ne l'était probablement pas pour les lecteurs contemporains de Gautier, qui avaient fréquenté Virgile et Ovide au collège), la plongée dans des univers mythiques, l'atmosphère onirique m'avaient alors emporté. Chaque conte était un monde en lui-même, doux et dérangeant à la fois, et je m'y enfonçais avec des délices sans cesse renouvelées.
Puis quelque part entre 25 et 30ans, en rentrant d'un diner en ville où je l'avais chaudement recommandé (pour me faire bien voir de ces beaux yeux bruns ?), je le repris - il était resté dans ma bibliothèque, à la rangée des inamovibles. Dans le désordre et l'envie de retrouver tel conte - celui de l'hétaïre, puis tel autre - Jettatura, le mauvais oeil, puis encore celui-là, qui se déroule à Pompéi...
J'y retrouvais ce que j'avais aimé : cette langue soutenue, cette imagination débordante, cette proximité des sens. Et j'y trouvais même de l'humour, de la légèreté, de l'élégance qui m'avaient échappés.
Il est donc retourné à la rangée des inamovibles - d'où mon fils le sortit après avoir découvert "La cafetière" en cours de français (grâce soit rendue à son professeur).


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Les contes et récits fantastiques de Gautier sont une série de textes plus ou moins brefs, qui, comme le titre l'indique, fourmille d'éléments surnaturels très variés : des tableaux qui prennent vie, des vampires... au-delà de cela, nous avons aussi une apologie de l'art tout au long du recueil, car, il ne faut pas l'oublier, Theophile Gautier était un esthète. Je me rends compte de la richesse de cette oeuvre en la décortiquant page par page, mot par mot. Plus que des nouvelles fantastiques, Gautier nous offre ici une ode à l'art, à la culture mais aussi à la période Antique.
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L'écriture est divine, captivante, sensuelle et picturale. Chaque conte est totalement différent du précédent, mais unique et envoûtant. Il fait partie de mes lectures de référence, et, même au-delà du mémoire, j'y pense au quotidien. Cet auteur est un génie, tout simplement. Vraiment, je vous conseille cette lecture.
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Voilà-voilà, je pourrais en parler pendant des heures, et pour autant ne pas avoir l'impression de lui rendre hommage...
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