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Bernard Terramorsi (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782742709946
176 pages
Actes Sud (04/12/1996)
3.95/5   11 notes
Résumé :
L'amour d'un jeune homme pour une belle morte, tel est le thème des trois nouvelles fantastiques rassemblées dans le recueil que voici. "Omphale, histoire rococo" (1834) met en scène la fascination d'un écolier de dix-sept ans pour Omphale, personnage mythologique qui figure sur la tapisserie ornant les murs de sa chambre et qu'il croit voir s'animer... "La Morte amoureuse" (1836) est l'histoire d'un jeune prêtre qui tombe éperdument amoureux de la courtisane Clar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
(1°) "Omphale. Une histoire rococo." (1834) : une bluette bavarde, parue à l'âge de 23 ans. L'auteur faisait ses gammes. La langue de Théophile GAUTIER est encore surchargée des références culturelles de son temps, et veut nous en mettre plein la vue : péché de jeunesse. On remarque l'excellente description due l'atmosphère brumeuse (et assez bordélique) du pavillon abandonné par le tonton Chevalier en son jardin retournant doucement à l'état sauvage. Une tapisserie s'y anime la nuit — telles les figures de la Bergère et du Ramoneur sortant du tableau dans l'inoubliable film d'animation long métrage de Paul GRIMAULT, "Le Roi et l'oiseau" (1980). Omphale est une sacrée dévergondée. L'écolier de dix-sept ans finit par attendre toutes ses nuits câlines dans son pavillon délabré : il en perdra le sommeil par simple voie de conséquences. Un galop d'essai de l'apprenti-conteur...

(2°) "La morte amoureuse" (1836) : que de richesses (notamment linguistiques) contenues dans ce conte ! L'argument ? Un narrateur (aujourd'hui accablé de ses soixante-et-dix années) se souvient de ses vingt ans : alors "apprenti-ratichon" tel le jeune tuberculeux du "Journal d'un curé de campagne" du film de Robert BRESSON (1951), adapté du roman de Georges BERNANOS (publié en 1936), disons que lui aussi n'a guère eu de chance dans sa très jeune vie.. Tombant amoureux d'une fidèle présente dans l'église lors de sa propre ordination. Il s'éloigne de cette (présumée) Belzébuth mais son amoureuse (transie) le rattrape jusqu'entre les murs moisis de sa première cure... L'épisode où le jeune Romuald précédé du Curé Sérapion (tous deux à dos de mule) se retourne une dernière fois sur sa cité de noviciat pour découvrir le palais de Clarimonde-la-Courtisane fait penser au départ du jeune lieutenant Drogo dans "Le Désert des Tartares" de Valerio ZURLINI (adapté du fameux roman éponyme de Dino BUZZATI, publié en 1940) : mêmes regrets, même promesse de nostalgie indicible... L'histoire d'amour durera trois ans. Trois ans à ne plus savoir démêler le rêve de la réalité. L'abbé Sérapion a l'oeil : en bon futur Abraham van Helsing (Cf. "Dracula", Bram STOKER, 1897), on ne la lui fait pas... La belle Clarimonde n'a qu'à rester à sa place, bien au fond de son tombeau... Pourtant elle est vraiment amoureuse, cette morte-là, et économise farouchement le sang de son petit protégé... Une histoire de femme-vampire, de goule, de "non-morte" — "Strigoï", comme disent les Transylvaniens ? Si l'on veut... Une belle histoire d'amour contrarié. Maîtrise et concision du style, habileté d'effets dramatiques soigneusement ménagés. Chapeau, l'artiste ! La nouvelle fantastique qu'on aurait également aimé écrire à nos 25 ans... Et un véritable saut qualitatif en regard des malhabiletés de la nouvelle précédente !

(3°) "Arria Marcella. Souvenir de Pompéi" (1852) : une visite du site sub-vésuvien pour guide touristique, trois amis en goguette, un "cicerone", une nuitée à passer à l'"osteria"... Les psychologies de Fabio, Max et Octavien si dissemblables... "Pompéi-de-jour" versus "Pompéi-de-nuit" : rien à voir ! La nuit, les contours des choses s'effacent, les ruines repoussent, le passé reprend sa place... et Octavien est attiré par les belles des siècles défunts... Tel le moribond Richard Collier de "Bid Time Return" ("Le jeune homme, la mort et le temps", 1975) de Richard MATHESON... A rebrousse-temps, donc ! Avec comme morceau de bravoure, l'éveil de la Cité romaine de Pompéi, digne voisine d'Herculanum en Campanie, dans la matinée qui précède l'éruption du Monte Vesuvio... La transition subtile qui nous fait passer de la réalité d'entre nuit et aurore au rêve réel du jour (ce "dernier jour de Pompéi"), est une superbe reconstitution qui rappelle — par sa mise-en-scène et la mise en place patiente des éléments du décor humain et architectural, l'attention portée aux "petits détails vrais" et la grande maîtrise de ses effets narratifs — celle de la Grande Cité d'Alexandrie dans le remarquable film "Agora" (2009) d'Alejandro AMENABAR, montrant la montée des périls interreligieux qui annoncent le calvaire de la belle mathématicienne astronome Hypatie... Et nous quitterons à regret les pas d'Octavien, soupirant sur la poussière de sa belle succube disparue qu'il n'arrivera plus à faire "renaître de ses cendres"...

Le plus réjouissant, pour nous ? L'anticléricalisme viscéral de Gautier. le curé desséché Sérapion mettant fin à l'enchantement du jeune Romuald par la tendre "vampire" Clarimonde... Ou cette vieille barbiche fourchue de Nazaréen, croix de bois sombre (sinistre) autour du cou — digne père converti de la belle tentatrice — interrompant impitoyablement les ébats langoureux (très "païens") entre Arria Marcella et le jeune Octavien, ... On voit bien ici comment l'auteur a, comme qui dirait, "choisi son camp"...

Le film "Agora" nous montrera le même désastre moral, sclérosant, stupide, rigidifiant, des tout premiers Chrétiens, certains d'être toujours "Du Bon Côté" (celui du "Vrai Dieu"), passant de leur statut d'anciennes victimes martyrisées au rôle revanchard et délectable de nouveaux bourreaux des Juifs et des antiques "idolâtres" gréco-romano-orientaux... Mais quel gâchis ! Pauvres crétins de Terriens...

Cette heureuse sélection, centrée sur la célébrité (justifiée) de "La Morte amoureuse", donne l'idée directrice de cet intéressant recueil.

Ce petit ouvrage publié par les éditions Actes Sud en 1996, fort de ses 163 pages, se trouve — hélas ! — parasité (pour ne pas dire : vampirisé), à tout le moins plombé par une Postface "tue-Mystères" due à Bernard Terramorsi...

En "divine" apogée de ces freudaineries à la Roland Barthes (post "SZ") , citons la conclusion de ce texte sur le mode "J'ai-tout-compris-à-tout" (à TRES hautes vertus céphalalgiques) et valant son pesant de cacahuètes (Attention, car l'on cite L'Arétin et ses "Sonnets luxurieux" comme caution littéraire... ) :

"Foutons [...] Et si post-mortem il était honnête de foutre, /Je te dirai foutons-nous jusqu'à en mourir".

Haha.

Comme quoi la torture à lire les quarante-trois pages tue-l'amour de "LES PRELIMINAIRES : L'AMOUR ABJECT" puis "UNE LECTURE DE LA MORTE AMOUREUSE : COÏT ET OBIT puis "REVIREMENTS : LE VOVANT MORT, L'INVERTI, LA REGRESSION" puis "LE CAUCHEMAR : DU PESANT HORS DU TEMPS" peut nous faire redescendre sous terre lorsque la langue et la science de conteur de ce bon Théophile GAUTIER (1811-1872) viennent de nous enchanter...

Une merveille encore : la reproduction d'une peinture de Louis Welden HAWKINS : "Masque" (détail) de 1905, ornant le frontispice de cet ouvrage funéraire - soit la page I de la couverture célébrant "Les Mortes Amoureuses" au doux regard de Sphynges...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le jour, j’étais un prêtre du Seigneur, chaste, occupé de la prière et des choses saintes ; la nuit, dès que j’avais fermé les yeux, je devenais un jeune seigneur, fin connaisseur en femmes, en chiens et en chevaux, jouant aux dés, buvant et blasphémant ; et lorsqu’au lever de l’aube je me réveillais, il me semblait au contraire que je m’endormais et que je rêvais que j’étais prêtre.
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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