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EAN : 9782905964618
189 pages
Ombres (25/11/1998)
3.81/5   40 notes
Résumé :
Quelques accords furent plaqués de manière à commander l'attention et éveiller la curiosité de l'âme.
Guy regarda vers le piano, et peu à peu s'ébaucha dans une vapeur lumineuse l'ombre charmante d'une jeune fille. L'image était d'abord si transparente, que les objets placés derrière elle se dessinaient à travers les contours, comme on voit le fond d'un lac à travers une eau limpide. Sans prendre aucune matérialité, elle se condensa ensuite suffisamment pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Spirite est une longue nouvelle écrite dans un style ronflant, baroque et finalement lourd, comme on en rencontre parfois dans la littérature du XIXème siècle.
Un dandy parisien, Guy de Malivert, est soudain abordé par un esprit, alias Spirite, " l'âme " d'une pauvre vierge éperdument amoureuse dudit Guy et qui s'est laissée mourir car croyant son idole amoureux d'une autre.
La pauvre petite était un canon de beauté mais s'est retirée dans un couvent sans même avoir jamais connu ni l'amour ni les plaisirs de la vie.
Elle revient donc en esprit conquérir son hidalgo pour lui faire connaître son merveilleux paradis.
Bref, du cul-cul à souhaits, de bons gros clichés du romantisme et du gothique à la pelle. À oublier assez vite à moins d'aimer vraiment les violons qui couinent ou d'avoir quatorze ans et toute sa naïveté (en outre comme l'a si bien énoncé Montherlant dans La Reine Morte : « Je hais le vice et le crime. Mais, en regard de la naïveté, je crois que je préfère encore le vice et le crime. »).
En somme, une fois encore, vous me direz : " Ceci n'est que votre avis, c'est-à-dire, pas grand-chose ". Et vous aurez raison...
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"Spirite", ou "Spirit" à l'origine, est l'histoire d'un amour d'outre-tombe comme Gautier en a tant écrit. Ce thème se rencontre souvent dans ses contes marqués par le Romantisme : deux amants parviennent à s'aimer par-delà des obstacles infranchissables du temps et de la mort. Si la trame du récit de cette longue nouvelle n'étonnera pas un lecteur de Gautier, les splendeurs du style, en revanche, arrêteront son attention. D'une part, le texte est plus long que celui d'Arria Marcella, par exemple, ou de La Morte Amoureuse : l'art verbal prodigieux de Gautier trouve plus d'espace pour se faire admirer. On est plus près de la poésie descriptive que de la prose narrative, et les pages de Gautier pourraient se diviser facilement en morceaux, comme des poèmes en prose de son contemporain, admirateur et quasi-disciple Baudelaire. Son style ne paraîtra "ronflant" qu'à des lecteurs habitués aux misères de la prose française d'aujourd'hui, où la pauvreté, l'ignorance linguistique, voire le ressentiment contre la beauté de la langue, passent pour de la sobriété. Un tel lecteur, déshabitué du luxe littéraire et de la jouissance des images, risque de prendre ces qualités pour de l'emphase. Malgré tout ce qui les sépare, on rappellera la dédicace des Fleurs du Mal à Théophile Gautier : "Au poète impeccable, au parfait magicien ès lettres françaises, à mon très cher et très vénéré maître et ami Théophile Gautier, ... je dédie ces fleurs maladives".
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En deux mots : fantastique et romantisme. Personnellement, je trouve l'écriture de Théophile Gautier sensationnelle. Dans ''Spirite'', un de ses romans peu connu, elle atteint parfois des sommets d'ingéniosité et de poésie. Il y fait une impressionnante description de l'au-delà. C'est une histoire assez simple et tranquille, n'allez pas y chercher beaucoup d'action. Mais quel talent, j'admire !
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Théophile Gautier (1811-1872) est un poète, romancier, peintre et critique d'art. Partisan du romantisme, populaire par ses romans historiques (Capitaine Fracasse), il devient l'un des théoriciens de « l'art pour l'art » et l'un des maîtres de l'école parnassienne qui défendait cette thèse. Spirite est un roman fantastique, d'abord publié en feuilleton en 1865 puis en volume en 1866.
Guy de Malivert est un jeune homme aisé, célibataire mais très sage. Les salons et la bonne société parisienne l'ont marié par avance à la comtesse Cécile d'Ymbercourt, une jeune veuve « assez belle, assez riche, assez à la mode » et celle-ci sensible au charme de Guy tout en ayant eu écho de la rumeur attend en vain une demande officielle. Las, si notre Guy aime se rendre à ses invitations, il n'en est pas amoureux. Un soir se décidant à lui écrire un billet d'excuse pour ne pas venir la voir, sa main prise de fourmillements, écrit un texte qu'il découvre au fil de sa plume tandis qu'un soupir souffle à son oreille. Un membre de son club, le baron de Féroë, « homme à la mode, il vivait d'une façon mystérieuse », va à demi-mots, conseiller Malivert, lui rappelant souvent « que les esprits ont l'oeil sur vous ».
Roman d'amour mais d'un amour étrange puisque Guy est la « victime » d'une passion folle nourrie pour lui par une très jeune fille décédée et décidée. Par ses manoeuvres elle tente d'éloigner la comtesse d'Ymbercourt des pensées du jeune homme et de se rapprocher pour se faire aimer, du jeune homme.
Comme vous ne lirez pas ce livre j'en révèle l'épilogue (il est encore temps de partir… ?) : la morte va parvenir à ses fins et Guy en être très amoureux mais comment unir un vivant et un esprit ? le suicide, envisagé, ne réglerait pas le problème, au contraire. Finalement, une rencontre malheureuse et mortelle avec des brigands lors d'un voyage en Grèce va apporter la délivrance à Guy, les tourtereaux « heureux à jamais ; leurs âmes réunies forment un ange d'amour. »
Dans le genre c'est pas mal, de belles phrases longues en bouche, seul bémol hélas, la jeune morte devra s'identifier auprès de Guy, expliquer d'où elle tient son amour pour lui et sa propre vie d'humaine, et ce sont de trop longues pages qui n'en finissent plus, le problème avec les romans d'alors ayant débuté par être des feuilletons.
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Comme toujours chez Théophile Gautier, l'atmosphère est reine dans ce roman à la frontière du monde des vivants.
Le héros, Guy de Malivert, verra son existence bouleversée le jour où il tombera amoureux d'un fantôme. En distillant habilement divers indices quant à son charmant esprit, Gautier entraîne le lecteur dans une dimension particulière. Ce dernier avancera aux côtés du héros, jeune homme perdu, pas encore mort mais plus tout à fait vivant.
Portée par le charme incontestable de la narration, l'intrigue se dénouera sans lassitude aucune, jusqu'au dénouement, certes prévisible. Mais pouvait-il en être autrement ?
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La tache lumineuse du miroir commençait à se dessiner d’une façon plus distincte et à se teindre de couleurs légères, immatérielles pour ainsi dire, et qui auraient fait paraître terreux les tons de la plus fraîche palette. C’était plutôt l’idée d’une couleur que la couleur elle-même, une vapeur traversée de lumière et si délicatement nuancée que tous les mots humains ne sauraient la rendre. Guy regardait toujours, en proie à l’émotion la plus anxieusement nerveuse. L’image se condensait de plus en plus sans atteindre pourtant la précision grossière de la réalité, et Guy de Malivert put enfin voir, délimitée par la bordure de la glace comme un portrait par son cadre, une tête de jeune femme, ou plutôt de jeune fille, d’une beauté dont la beauté mortelle n’est que l’ombre.

Une pâleur rosée légèrement colorait cette tête où les ombres et les lumières étaient à peine sensibles, et qui n’avait pas besoin, comme les figures terrestres, de ce contraste pour se modeler, n’étant pas soumise au jour qui nous éclaire. Ses cheveux, d’une teinte d’auréole, estompaient comme une fumée d’or le contour de son front. Dans ses yeux à demi baissés nageaient des prunelles d’un bleu nocturne, d’une douceur infinie, et rappelant ces places du ciel qu’au crépuscule envahissent les violettes du soir.

C’était donc la forme sous laquelle désirait se montrer Spirite, car Guy de Malivert, ne sachant comment se désigner à lui-même l’apparition entrevue dans la glace, l’avait baptisée ainsi en attendant qu’il sût quelle désignation lui convenait mieux. Il lui sembla bientôt que l’image se décolorait et s’évanouissait dans les profondeurs du miroir ; elle n’y paraissait plus que comme la vapeur légère d’un souffle, et puis cette vapeur même s’effaça. La fin de l’apparition fut marquée par le reflet subit d’un cadre doré suspendu sur la muraille opposée ; le miroir avait repris sa propriété réflective.

Le baron de Féroë avait raison, c’est une chose formidable que de franchir vivant les barrières de la vie et de s’aventurer, corps opaque, parmi les ombres, sans avoir à la main le rameau d’or qui commande aux fantômes.

(...)

Puis vint la scène la plus redoutée et la plus lugubre de ce drame religieux : le moment où l’on coupe les cheveux à la nouvelle sœur, vanité désormais inutile. Cela rappelle la toilette du condamné. Seulement la victime est innocente ou tout au moins purifiée par le repentir. Quoique j’eusse bien sincèrement et du fond du cœur fait le sacrifice de toute attache humaine, une blancheur de mort couvrit mon visage lorsque l’acier des ciseaux grinça dans ma longue chevelure blonde étalée que soutenait une religieuse. Les boucles d’or tombaient à flocons épais sur les dalles de la sacristie où l’on m’avait emmenée, et je les regardais d’un œil fixe pleuvoir autour de moi. J’étais atterrée et pénétrée d’une secrète horreur. Le froid du métal, en m’effleurant la nuque, me faisait tressaillir nerveusement comme au contact d’une hache. Mes dents claquaient, et la prière que j’essayais de dire ne pouvait parvenir à mes lèvres. Des sueurs glaciales comme celles de l’agonie baignaient mes tempes. Ma vue se troublait, et la lampe suspendue devant l’autel de la Vierge me semblait s’éteindre dans un brouillard. Mes genoux se dérobèrent sous moi, et je n’eus que le temps de dire, en étendant les bras comme pour me raccrocher au vide : « Je me meurs. »

Mes forces décroissaient visiblement, et ces remèdes qu’on apportait à mon mal pouvaient diminuer ma souffrance, mais non me guérir. Je ne le souhaitais pas d’ailleurs, car j’avais par delà cette vie un espoir longtemps caressé, et dont la réalisation possible m’inspirait une sorte de curiosité d’outre-tombe. Mon passage de ce monde dans l’autre se fit de la manière la plus douce. Tous les liens de l’esprit et de la matière étaient brisés, excepté un fil plus ténu mille fois que ces fils de la Vierge qui flottent dans les airs par les beaux jours d’automne, et qui seul retenait mon âme, prête à ouvrir ses ailes au souffle de l’infini. Des alternatives de lumière et d’ombre, pareilles à ces lueurs intermittentes que jette une veilleuse avant d’expirer, palpitaient devant mes yeux déjà troubles. Les prières que les sœurs agenouillées murmuraient auprès de moi et auxquelles je m’efforçais de me joindre mentalement ne m’arrivaient que comme des bourdonnements confus, des rumeurs vagues et lointaines. Mes sens amortis ne percevaient plus rien de la terre, et ma pensée, abandonnant mon cerveau, voltigeait incertaine, dans un rêve bizarre, entre le monde matériel et le monde immatériel, n’appartenant plus à l’un et n’étant pas encore à l’autre, pendant que machinalement mes doigts pâles comme de l’ivoire froissaient et ramenaient les plis du drap. Enfin mon agonie commença et on m’étendit à terre, un sac de cendre sous la tête, pour mourir dans l’humble attitude qui convient à une pauvre servante de Dieu rendant sa poussière à la poussière. L’air me manquait de plus en plus ; j’étouffais ; un sentiment d’angoisse extraordinaire me serrait la poitrine : l’instinct de la nature luttait encore contre la destruction : mais bientôt cette lutte inutile cessa, et dans un faible soupir mon âme s’exhala de mes lèvres.

Des mots humains ne peuvent rendre la sensation d’une âme qui, délivrée de sa prison corporelle, passe de cette vie dans l’autre, du temps dans l’éternité et du fini dans l’infini. Mon corps immobile et déjà revêtu de cette blancheur mate, livrée de la mort, gisait sur sa couche funèbre, entouré des religieuses en prière, et j’en étais aussi détachée que le papillon peut l’être de la chrysalide, coque vide, dépouille informe qu’il abandonne pour ouvrir ses jeunes ailes à la lumière inconnue et soudainement révélée. À une intermittence d’ombre profonde avait succédé un éblouissement de splendeurs, un élargissement d’horizons, une disparition de toute limite et de tout obstacle, qui m’enivraient d’une joie indicible. Des explosions de sens nouveaux me faisaient comprendre les mystères impénétrables à la pensée et aux organes terrestres. Débarrassée de cette argile soumise aux lois de la pesanteur, qui m’alourdissait naguère encore, je m’élançais avec une alacrité folle dans l’insondable éther. Les distances n’existaient plus pour moi, et mon simple désir me rendait présente où je voulais être. Je traçais de grands cercles d’un vol plus rapide que la lumière à travers l’azur vague des espaces, comme pour prendre possession de l’immensité, me croisant avec des essaims d’âmes et d’esprits.

Une lumière fourmillante, brillant comme une poussière diamantée, formait l’atmosphère ; chaque grain de cette poussière étincelante, comme je m’en aperçus bientôt, était une âme. Il s’y dessinait des courants, des remous, des ondulations, des moires comme dans cette poudre impalpable qu’on étend sur les tables d’harmonie pour étudier les vibrations sonores, et tous ces mouvements causaient dans la splendeur des recrudescences d’éclat. Les nombres que les mathématiques peuvent fournir au calcul se plongeant dans les profondeurs de l’infini ne sauraient, avec leurs millions de zéros ajoutant leur énorme puissance au chiffre initial, donner une idée même approximative de l’effrayante multitude d’âmes qui composent cette lumière différente de la lumière matérielle autant que le jour diffère de la nuit.

Aux âmes ayant déjà passé par les épreuves de la vie, depuis la création de notre monde et celle des autres univers, se joignaient les âmes en expectative, les âmes vierges, qui attendaient leur tour de s’incarner dans un corps, sur une planète d’un système quelconque. Il y en avait assez pour peupler pendant des milliards d’années tous ces univers, expiration de Dieu, qu’il doit résorber en ramenant à lui son souffle quand l’ennui de son œuvre le prendra. Ces âmes, quoique dissemblables d’essence et d’aspect, selon le monde qu’elles devaient habiter, malgré l’infinie variété de leurs types, rappelaient toutes le type divin, et étaient faites à l’image de leur créateur. Elles avaient pour monade constitutive l’étincelle céleste.

Avec un harmonieux ronflement, puissant comme le tonnerre et doux comme la flûte, notre monde, entraîné par son astre central, circulait lentement dans l’espace, et j’embrassais d’un seul regard les planètes, depuis Mercure jusqu’à Neptune, décrivant leurs ellipses, accompagnées de leurs satellites. Une intuition rapide me révélait les noms dont les nomme le ciel. Je connaissais leur structure, leur pensée, leur but ; aucun secret de leur vie prodigieuse ne m’était caché. Je lisais à livre ouvert dans ce poème de Dieu qui a pour lettres des soleils.
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Des mots humains ne peuvent rendre la sensation d'une âme qui, délivrée de sa prison corporelle, passe de cette vie dans l'autre, du temps dans l'éternité et du fini dans l'infini. Mon corps immobile et déjà revêtu de cette blancheur mate, livrée de la mort, gisait sur sa couche funèbre, entouré des religieuses en prière, et j'en étais aussi détachée que le papillon peut l'être de la chrysalide, coque vide, dépouille informe qu'il abandonne pour ouvrir ses jeunes ailes à la lumière inconnue et soudainement révélée. A une intermittence d'ombre profonde avait succédé un éblouissement de splendeurs, un élargissement d'horizons, une disparition de toute limite et de tout obstacle, qui m'enivraient d'une joie indicible.
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Guy de Malivert était étendu, assis presque sur les épaules, dans un excellent fauteuil près de sa cheminée, où flambait un bon feu. Il semblait avoir pris ses dispositions pour passer chez lui une de ces soirées tranquilles dont la fatigue des joies mondaines fait parfois un plaisir et une nécessité aux jeunes gens à la mode. Un saute-en-barque de velours noir agrémenté de soutaches en soie de même couleur, une chemise de foulard, un pantalon à pied de flanelle rouge, de larges pantoufles du Maroc où dansait son pied nerveux et cambré, composaient son costume, dont la confortabilité n’excluait pas l’élégance. Le corps débarrassé de toute pression incommode, à l’aise dans ces vêtements moelleux et souples, Guy de Malivert, qui avait fait à la maison un dîner d’une simplicité savante, égayé de deux ou trois verres d’un grand vin de Bordeaux retour de l’Inde, éprouvait cette sorte de béatitude physique, résultat de l’accord parfait des organes. Il était heureux sans qu’il lui fût arrivé aucun bonheur.

Près de lui, une lampe ajustée dans un cornet de vieux céladon craquelé répandait la lumière laiteuse et douce de son globe dépoli, semblable à une lune qu’estompe un léger brouillard. La lueur en tombait sur un volume que Guy tenait d’une main distraite et qui n’était autre que l’Évangeline de Longfellow.

Sans doute Guy admirait l’œuvre du plus grand poète qu’ait produit encore la jeune Amérique, mais il était dans cette paresseuse disposition d’âme où l’absence de pensée est préférable à la plus belle idée exprimée en termes sublimes. Il avait lu quelques vers, puis, sans quitter le livre, il avait appuyé sa tête au douillet capitonnage du fauteuil recouvert d’une guipure, et il jouissait délicieusement de ce temps d’arrêt de son cerveau. L’air tiède de la chambre l’enveloppait d’une suave caresse. Autour de lui tout était repos, bien-être, silence discret, quiétude intime. Le seul bruit perceptible était le sifflement d’un jet de gaz sortant d’une bûche et le tic-tac de la pendule dont le balancier rhythmait le temps à voix basse.
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Ce qui me plaisait dans le luxe de cette maison, c'est que rien n'y semblait récent. Les peintures, les ors, les damas, les brocarts, sans être fanés, étaient éteints et n'agaçaient pas les yeux par l'éclat criard de la nouveauté. On sentait que cette richesse était immémoriale et que cela avait toujours été ainsi.
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Guy s’était levé et dirigé vers le piano comme un somnambule qui marche sans avoir conscience de ses pas ; il se tenait debout, le coude sur l’angle de la caisse, les yeux éperdument plongés dans ceux de Spirite.

La figure de Spirite était vraiment sublime. Sa tête, qu’elle avait relevée et un peu renversée en arrière, montrait son visage illuminé des splendeurs de l’extase. L’inspiration et l’amour brillaient d’un éclat surnaturel dans ses yeux, dont les prunelles d’azur disparaissaient presque sous la paupière supérieure. Sa bouche à demi entr’ouverte laissait luire un éclair de nacre, et son col baigné de transparences bleuâtres, comme celui des têtes plafonnantes du Guide, avait des rengorgements de colombe mystique. La femme diminuait en elle et l’ange augmentait, et l’intensité de lumière qu’elle répandait était si vive que Malivert fut contraint de détourner la vue.
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