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EAN : 9783822839584
192 pages
Taschen (12/07/2005)
4.21/5   12 notes
Résumé :

Willy Ronis est un personnage-clé de l'histoire de la photographie française et l'une des grandes figures de cette photographie humaniste qui s'est attachée à capter fraternellement tous les petits moments de la vie quotidienne.

Devenu reporter-photographe en 1936, il mènera de front commandes et recherches personnelles.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ah, ce noir et blanc, si magique, si intemporel ! Je m'aperçois que je restais souvent à béer devant les présentoirs de cartes postales sans savoir que certaines images, étaient de Willy Ronis. D'une fraîcheur éblouissante, elles ont fait le tour du monde. Tandis que je feuillette l'album, le coeur me bondit d'émotion, d'allégresse, parce qu'il aime ce que j'aime, il capte ces choses minuscules…
Le métro aérien, le pavé brillant la nuit, les réverbères d'un escalier de Montmartre, une chaumière, des charpentiers, des mécaniciens, des grévistes, une colonie de vacances, un camping, une chambre avec un piano et un violon, des skieurs, le retour des prisonniers, des marchandes de frites, les adieux, les bistrots, des joueurs des cafés, des caveaux, des bals populaires, les péniches, la rambarde d'une fenêtre, la vieille dame dans un parc embroussaillé… Que j'adore ses plans, ses perspectives, ses champs d'observation, où son point de vue piquant renforce le caractère de chaque scène !
Willy Ronis fait résonner les paroles et les accords secrets, enterrés dans nos mémoires douces-amères. Il a glissé l'illusoire dans le banal sans jamais étouffer la particularité sous l'emblème. Willy Ronis est au service de son temps, il en a embrassé les goûts, les exaltations et le moralisme. Mais le chroniqueur a dégagé de ce qui s'évapore et s'oublie quelque chose d'impérissable. Militant (Willy Ronis exprime son engagement politique pour le parti communiste déjà en 1923 alors qu'il a seulement 13 ans), certes, mais immense humaniste et esthète. Ses photos transmettent de l'amour pour ses modèles. Malgré l'aisance et la rapidité apparentes, avec lesquelles les spectateurs peuvent les décrypter, elles ne sont nullement faciles ni sentimentales et sont dignes des meilleures oeuvres de la photographie humaniste de tous les temps et de tous les pays.
Dans ses spectacles de rues parisiennes, nous remarquons une curieuse absence de hiérarchie et de jugement de valeur. Willy Ronis sait montrer toute une manière de vivre à partir d'un simple moment, riche d'un infini de significations. Les photographies de Willy Ronis expriment avec naïveté son univers personnel, c'est un cheminement, tout doux, vers une allégorie du bonheur humble et discret. Est-ce le secret de sa longévité ? Car il disparaît à l'âge de 99 ans !
Il faut retenir l'année 1970 dans l'histoire de la photographie, c'est le début des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles. On y découvre enfin Willy Ronis, ce personnage très communicatif, passionné, ce Parisien exilé dans le Vaucluse, alors sexagénaire, qui se concentre sur l'enseignement (la maîtrise de l'outil et avant tout la culture photographique, et cela dans une époque où l'enseignement de la photographie est quasi inexistant !). C'est le catalyseur de sa carrière. Et là, sa toute première publication « Belleville Ménilmontant » (avec les textes de Pierre Mac Orlan, Éditions Arthaud, Paris, 1954) devient introuvable ! Ce n'est plus un flop commercial qui l'a mené à un dur découragement voire une véritable crise… Depuis Willy Ronis met les bouchées doubles, signe plus de 25 ouvrages (Sur le fil du hasard, Mon Paris, Toutes belles etc.) et connaît une avalanche d'honneurs.
Face à une foule en mouvement, qui se compose et se décompose sans cesse, Willy Ronis guette l'instant où tous les regards s'harmoniseront. « le fantastique social, faute de mieux pour désigner un romantisme récent. Cette présence de la force poétique et mystérieuse de la vie quotidienne, je la retrouve dans vos poèmes de la rue… », déclare l'écrivain Pierre Mac Orlan à Willy Ronis.
Voici seulement quelques-uns de ses détails biographiques qui m'ont particulièrement marquée. Né au pied de la Butte Montmartre d'un père ouvrier photographe et retoucheur de clichés, et d'une mère professeur de piano, Willy Ronis s'imprègne de l'univers musical, de bel canto, des concerts symphoniques, et se passionne pour le dessin. Très tôt, il visite le musée du Louvre tout en aidant son père dans de menus travaux dans son studio-magasin boulevard Voltaire. Son père lui offre son premier Kodak à l'occasion de ses 16 ans.
Il étudie la philosophie à Louis le Grand, déambule dans le Quartier Latin, où il fait de bouleversantes rencontres visuelles. Très vite il rejette le goût petit-bourgeois de la clientèle du magasin familial et se lance dans la redoutable photographie indépendante. En 1941, ses origines juives l'obligent à rejoindre précipitamment la zone non occupée, mais il sera le seul rescapé du groupe… Là, il fait connaissance de Jacques Prévert, à Nice, où il exerce tour à tour plein de métiers différents.
Peu après la libération, Willy Ronis rentre à Paris. Il épouse Marie-Anne Lansiaux, artiste peintre. le monde ouvrier est un axe majeur de son oeuvre. Sa franchise, ses opinions affirmées font qu'il refuse de collaborer avec Life, par exemple, et travaille en totale indépendance. C'est une question morale… parce que Life n'accepte pas que ses légendes accompagnent ses images !
En 1988, il perd son fils Vincent, qui a souvent été le sujet de ses oeuvres, dans un accident de deltaplane.

Le livre est trilingue (anglais, allemand et français). La colonne en français, aux petits caractères d'imprimerie, est difficile à trouver ! Ce qui est amusant, c'est que les scènes similaires (tout en étant lointaines ) sont comparées et placées l'une en face de l'autre tout le long de l'album. L'ouvrage comporte plusieurs chapitres : La période de l'entre-deux-guerres, Paris, Banlieue, France, Ailleurs, Portraits de personnalités et, pour couronner l'ouvrage, Nus féminins. Il est plutôt court de texte, parfait pour une première découverte de l'oeuvre de Ronis. Son auteur, Jean-Claude Gautrand, photographe lui-même, journaliste, écrivain, commissaire d'expositions et historien de la photographie, nous rappelle cette grande vérité, c'est que l'appareil photo est un stylo et la photographie est une écriture. Cet album nous donne des ailes, il donne envie de sortir son « stylo » et partir en aventure, déjà au coin de la rue…
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Un beau livre sans surprise: une courte biographie du photographe et une sélection de ses photos, dont les plus célèbres. Des photos superbes qui nous plongent dans une oeuvre d'une grande humanité.
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Si Willy Ronis n'est pas mon photographe préféré, c'est juste une histoire de sensibilité : car le talent est bien la. Et lorsque l'on détaille les photographies les unes après les autres, on s'émerveille du résultat.
L'auteur termine le livre par quelques photos de personnages connus, et le ponctue par quelques nus du meilleur effet !
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Très belles photos qui permettent de découvrir les différents aspects de la carrière de Willy Ronis, les différents sujets, les différentes époques qu'il a traversées.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lisez les encouragements généreux de Willy Ronis aux photographes naissants, aventureux, inexpérimentés et étourdis ! Je les cite ici en vrac :

« La photographie, c’est le regard. On l’a ou on ne l’a pas. Cela peut s’affiner, la vie aidant, mais cela se manifeste au départ avec l’appareil me meilleur marché.[…] L’aventure ne se mesure pas au nombre de kilomètres. Les grandes émotions ne naissent pas seulement devant le Parthénon, la baie de Rio où les chutes de Zambèze. […]
Dans le strict domaine de la chasse aux images sans idée définie, loin de la stimulation d’aucune commande, domaine funambulesque où le présent s’invente à chaque pas, où la motivation de naît que dans la pulsion naïve et primaire du chasseur, où donc se place le projet artistique ? […]
La belle image, c’est une géométrie modulée par le cœur. […]
Lorsque je sors avec mon appareil, je ne pars pas à la conquête du Graal. Je ne me sens investi d’aucun message à délivrer à quiconque, ni ne perçois le frémissement d’aucune transcendance. […] Je n’ai jamais poursuivi l’insolite, le jamais vu, l’extraordinaire, mais bien ce qu’il y a de plus typique dans notre vie de tous les jours. »
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« Et puis les anges prennent parfois l’aimable aspect de nus féminins. Là, cher Willy, tu te découvres, en nous offrant tes images pudiques qui sont autant de câlineries visuelles. » (Robert Doisneau)
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Je vais à la rencontre des gens qui me ressemblent, et le miroir que mes images leur tendent est le même que celui où moi-même je me regarde.
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Willy Ronis nous invite ici à feuilleter en sa compagnie notre propre album de famille à la recherche d'émotions passées. A la découverte egalement des autres que, par le biais de son objectif, nous avons l'impression de reconnaître. C'est que ces images , si sensibles et si intemporelles, témoignent tant de son attachement au côté social qu'elles en deviennent une parfaite illustration de la condition humaine.
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