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1923, dans l'un des bayous de la Louisiane se dresse la scierie des Aldridge. Byron Aldridge y fait régner l'ordre en tant que constable. Revenu de la première guerre mondiale du continent européen, salement traumatisé, il a déserté les projets ambitieux de son père en ne donnant plus aucune nouvelle à celui-ci resté en Pennsylvanie. Son frère Randolph est dépêché pour reprendre la direction de la scierie et le ramener dans le giron familiale. Mais c'est sans compter les luttes de pouvoir avec la mafia locale sicilienne qui tient le seul endroit de plaisir local, le saloon, à la fois casino et lupanar…
Remarquable aventure humaine que nous raconte Tim Gautreaux en plein coeur de sa Louisiane natale. Les personnages sont attachants et on est vite emporté par cette guerre de pouvoir entre les forces du mal et du bien qui se joue aussi bien au sein de l'exploitation forestière que dans la tête cabossée des deux frères.
« le dernier arbre » est un véritable page-turner. C'est une petite pépite !
Préface de Caryl Férey.
Traduction de Jean-Paul Gratias.
Editions du Seuil, Points Signature, 472 pages.
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Ils vont couper la forêt jusqu’au dernier arbre, puis partir recommencer ailleurs. Ils, ce sont Les frères Aldridge, deux fils d’un riche négociant en bois de Pittsburg qui a envoyé, dans les années 20, l’ainé ramener le cadet, un traumatisé de la Grande guerre devenu le constable d’une exploitation forestière dans un coin paumé et hostile de la Louisiane.

Sur l'exploitation et autour d’un saloon tenu par la mafia locale, des ouvriers rongés par l’alcoolisme et la maladie sont gérés différemment par les deux frères. Là où l’un utilise la méthode forte, l’autre privilégie le dialogue pour apaiser les tensions de ce monde en vase clos, des hommes pauvres et qui le restent quand la communauté est dissoute à la coupe du dernier arbre.

La puissance d’évocation de la nature n’est pas la seule qualité de ce roman. Tim Gautreaux y décrit aussi remarquablement, en évitant l'écueil de la caricature, les rapports d'hommes pris dans les excès des débuts de l’industrialisation nés d'un libéralisme économique sans limites.
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Huis clos forestier d'une intensité remarquable.

Prenez un lieu paradisiaque, porteur d'une douceur de vivre inégalée.
Pouf, pouf ce se-ra la scie-rie en Lou-i-siane !
Comme contexte hautement testostéroné et régulièrement imbibé, c'est cinq étoiles au guide de l'enfer sur terre.
En lieu et place du constable, placez-y un gars marqué par la Grande Guerre. Byron Aldridge fait le boulot en ressassant ses traumatismes guerriers, aidé en cela par la boutanche pas loin d'être devenue sa meilleure alliée.
Randolph, lui, missionné par son père, n'a d'autre but que de rééquilibrer les comptes de l'exploitation tout en tentant de renouer des liens par trop distendus avec son frangin.
Si le boulot est âpre, le saloon apparait libérateur.
Source d'innombrables conflits, il pourrait bien devenir le pivot central d'une guerre ouverte entre les Buzetti, heureux propriétaires un brin mafieux de ce bouge infâme, Jésus Marie Joseph, et les frères Aldridge.

Le Dernier Arbre, d'une puissance peu commune, fait montre d'une intrigue originale et d'un découpage au cordeau.
S'appuyant sur une industrialisation galopante faisant fi de toute considération idéologique autre que celle du profit, ce récit belliqueux s'enracine inexorablement en vous, porteur d'un contentement de lecture que l'on pressent rapidement allant crescendo.

De fait, difficile de ne pas s'attacher à tous ces personnages romanesques et à l'atmosphère suffocante qui ne manquera de vous affoler le palpitant.

Ambiance western, sauce Amérique sudiste des années 20, ce Dernier Arbre n'en finit pas de jouer avec nos nerfs, usant du curseur émotionnel comme d'un yo-yo, pour finalement lâcher les quatre Cavaliers de l'Apocalypse, précurseurs célestes d'un monde en voie de disparition.

Petite part d'humanité dans ce monde de brutes, ce phonographe incongru et ses airs d'opéra suspendant un court moment le temps et sa course folle...

4,5/5
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Le dernier arbre : le titre porte en lui la fièvre d'un monde lancé dans une course effrénée dans l'industrialisation, avec des scieries qui s'installent dans les forêts les plus inhospitalières, noyées dans des marécages nauséabonds mais riches de cyprès chauves. Découper, scier jusqu'au dernier arbre avant d'investir de nouveaux territoires, conquérir de nouveaux espaces où prolifère l'or vert, malgré les conditions de vie, malgré les obstacles…

Nous somme en Louisiane, à Nimbus, et la Louisiane des années vingt décrite par Tim Gautreaux est un monde perdu dans les marais, peuplé de moustiques, inondé de chaleur moite qui condamne aisément le sentiment d'humanité chez les hommes au profit du sentiment de survie. Véritable bourbier, ce bout de territoire retient captif dans ses eaux boueuses les hommes venus travailler car lorsque les marécages ne les rendent pas malades ou ne les tuent pas avec ses serpents ou ses alligators, ils doivent éviter les coups et les balles des Winchester vite dégainés sous l'effet de l'alcool seul réconfort dans cette vie de labeur.
Dans ce monde rustre et enclavé, abandonné à la loi du plus fort, il y a pourtant des personnages de bonne volonté : Byron le constable de la scierie et le nouveau patron Randolphe Aldridge.
Loin de se contenter de raconter une histoire de territoire ou de pionniers partis à la conquête de l'or vert, l'auteur raconte aussi une histoire d'hommes, une histoire de valeurs et peut être une histoire de rédemption…


« le dernier arbre » s'inscrit parfaitement dans la lignée des romans américains sombres qui s'intéressent à la population du Sud : il en a fait un récit qui met les hommes à l'épreuve avec un sentiment de promesse et de désillusion mêlées. Entre impuissance et rage sourde, sentiment d'injustice et sursaut d'orgueil, le style de Tim Gautreaux parvient à faire émerger une beauté silencieuse qui embrase lentement le récit avec une sorte de mystique de l'existence. Et pourtant, il y n'a rien d'évanescent, le lecteur est confronté à la brutalité des choses, la violence des hommes, le murmure du progrès, sans oublier cette petite voix interne entêtante qui résonne au creux de l'oreille du lecteur contemporain et qui s'élève face à la main dévastatrice de l'homme envers la Nature.
C'est un roman dense qui charrie des images belles et fortes. Coup de coeur.
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Difficile de poser les pieds au sec, sur ce sol bourbeux et noirâtre, dans cette exploitation forestière de Louisiane perdue au fin fond des marais. Dans l'objectif d'un futur achat, Jules vient y faire une expertise pour son patron, gros négociant en bois de Pennsylvanie. C'est là qu'il y découvre Byron Aldridge, constable de ce trou perdu et fils aîné de son employeur qui le cherche depuis quatre ans. Nous sommes en 1923. En revenant, hagard, de France et des combats de la Grande Guerre, Byron a déserté l'entreprise paternelle. Son frère cadet, Rudolphe, quitte alors Pittsburgh pour prendre la direction de cette nouvelle exploitation et tenter de ramener son frère dans le cercle familial.
S'enfoncer vers le Sud, c'est progresser vers la désolation, l'absence de routes goudronnées, la chaleur moite et poisseuse, les zones marécageuses et leur myriade de moustiques qui vous criblent assurément la nuque bien pire qu'une séance d'acupuncture.

Arrivé sur place, à Nimbus, Rudolphe se retrouve dans les rues boueuses, face à des baraquements miteux noyés sous les pluies quasi quotidiennes, un triste alignement de cahutes destinées aux travailleurs de couleur, un vaste saloon et des jets de vapeur crachés par la scierie. Ici, l'hostilité est aussi bien présente dans la nature que chez ceux qui l'exploitent. le lieu est le paradis, entre autres, des mocassins d'eau, longs serpents venimeux. Les bagarres d'hommes avinés ne peuvent être réprimées qu'à coup de fusil ou, au mieux, matraquées par le canon du marshal assené sur le plus déchaîné de tous. Il n'y a pas que la sève des cyprès chauves, dont le bois imputrescible doit être exploité in extenso, qui coule sur ces terres marécageuses. Outre la sueur répandue par les ouvriers souffrant de la chaleur humide accablante, le sang vient très régulièrement tacher aussi le sol en bois du saloon. Dans cet établissement, détenu par des Siciliens peu scrupuleux, la triche et l'alcool remplissent les poches des mafieux et, afin d'endiguer la violence, une fermeture demandée par le constable le dimanche va être très, très mal perçue…
La violence bouillonne, les éclairs de rasoirs scintillent le samedi soir et la loi a beaucoup de mal à se frayer un passage dans ces marais nauséabonds.

Par son déroulé hautement cinématographique qui emporte le lecteur vers ce coin terriblement dépaysant de Louisiane, ce roman fascine par sa combinaison de haine, de dégoût, d'injustice, de violence où surnagent pourtant de magnifiques approches d'amour fraternel, conjugal et filial, de reconnaissance, d'entraide.
Byron est une victime du patriotisme exigé par la figure paternelle et face à l'insistance de son frère qui désire rétablir son état mental, aidé par des verres emplis de liquide ambré, il finit par raconter les amas de cadavres, les tirs, les groupes pulvérisés. Pour tenter de continuer à vivre malgré ces atrocités, sa pile de disques de chansons sentimentales qu'il passe sur son phonographe détonne dans ce milieu hostile. L'amour pour ce frère aîné qui l'a aidé à grandir, les coups de pelle qui viennent remplacer les coups de feu de Byron pour faire plaisir à son jeune frère révèlent la force et la beauté de leurs liens fraternels.
Rudolphe, parfaitement formaté par son père en ce qui concerne le profit d'une entreprise, laisse parfois taire la voix du porte-monnaie lorsqu'il s'agit de vies humaines. Au-delà du patron, il est intéressant de constater ses décisions et ses efforts pour amener un semblant d'équilibre et de justice dans cette scierie.
Bien que voilés de discrétion, Tim Gautreaux donnent également aux femmes des rôles majeurs qui viennent contrebalancer les excès humains tout en pointant le piège que peut revêtir ce Sud avec ce manque de considération de la femme de couleur. Il vous faut aussi faire la connaissance du petit Walter…

Un Noir blessé ne vaut pas le déplacement d'un médecin, un cyprès chauve ne doit pas rester debout après le passage de l'homme.

Outre l'émergence de l'exploitation dévastatrice de l'homme sur la nature, la continuité de l'exploitation de l'homme par l'homme cupide, c'est l'insignifiance des vies humaines qui frappent dans ce livre. La corrélation avec la guerre est intelligemment et justement établie ici.
L'intrigue est efficacement menée mais c'est loin d'être l'essentiel de ce très bon roman qui me laisse une profonde impression, filant et s'étendant à la surface d'un bayou inhospitalier.
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Le dernier arbre, est publié en poche dans la collection "Grands romans points".
Il y est tout à fait à sa place, car c'est un grand roman.

L'histoire des deux frères Aldridge, réunis après la première guerre mondiale dans un entreprise forestière de Louisiane, tient tout à la fois du roman de meurs, du western et du roman noir.

Le talent de narrateur de Tim Gautreaux, éclate à chaque description, à chaque dialogue.
Nous vivons ce que vivent les protagonistes du roman, nous avons l'impression de lire, non pas une fiction, mais un récit vécu, tant la crédibilité du propos est grande.

Le tout restant une lecture très accessible sans grand effet stylistique.

Un peu à la façon de Simenon dépeignant la petite bourgeoisie provinciale, Gautreaux, raconte avec simplicité mais avec une grande force d'évocation, la vie d'une scierie dans l'Amérique rurale sudiste des années vingt.

Un vrai grand beau roman...
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Bienvenue à Nimbus, concession forestière des Aldridge, un des nombreux trous du cul de la Louisiane. Bienvenue dans un enfer chaud et humide.

Attention, regardez où vous mettez les pieds car il y a des mocassins d'eau qui se nichent dans les flaques boueuses. Et rien à voir avec la chanson ♫ tes mocassins et les miens ♪ car ici, nous parlons de serpents d'eau.

Dans ce roman, les gars, va falloir bosser dur durant de longues années, le temps de couper tous les arbres, des cyprès chauves. Scier les troncs, les débiter 6 jours sur 7 avant de vous saouler la gueule du samedi soir au lundi matin dans le bastringue tenu par un sicilien louche ayant des cousins mafiosi.

Oubliez les syndicats et les droits des travailleurs, car en 1923, seuls les riches ont des droits. Je ne vous parlerai même pas du cas où vous seriez de couleur… là, le mot "droit" n'existe même pas pour vous, hormis celui de fermer votre gueule.

Sans user d'artifices, l'auteur nous décrit l'Amérique des années 20, celle qui avance à pas de géant, qui industrialise tout, qui déforeste tout… le roman vous plongera dans un marais où les conditions de vie et de travail sont inhumaines, les accidents graves ou mortels nombreux et où le racisme, tel l'alligator dans le bayou, règne en maître.

Utilisant une multitude de personnages, tous bien travaillés, tous bien distincts – certains étant même très attachants – l'auteur explore une partie des années 20, avec tout ce qu'elles avaient de démesuré niveau progrès industriel (le téléphone et les constructions à tout va, en bois). Sans oublier le traumatisme de la Première Guerre, bien présent chez un des frères Aldridge, Byron.

C'est toute la vie de la concession forestière qui se déroule dans ce roman aussi profond que l'étendue des cyprès : les maladies, les accidents, le débit de boisson, la mafia qui tient les ouvriers par l'alcool, les putes et le jeu, ces hommes dépensant jusqu'à leur dernier sous dans ce bouge dégoutant.

La sueur a coulée sur mon front durant la lecture, non pas que le roman était pompant, mais il est tellement puissant que j'ai été emportée dans le bayou, suivant ses méandres tortueux et boueux, j'ai pataugé dans tout cela et j'en suis ressortie bouleversée, épuisée, secouée… L'âme de certains hommes est plus boueuse et tortueuse que les méandres de ce diable de bayou !

La tension est palpable tout au long de l'histoire, les salauds vous harcèlent comme un moustique la nuit, vous ne savez jamais quand ils vont frapper et c'est au moment où l'attention se relâche qu'ils en profiteront pour vous piquer définitivement d'une balle bien placée.

Il y a aussi dans ce récit de l'amour fraternel, celui d'un frère cadet (Randolph) qui ne sait rien de la Grande Guerre et qui voudrait aider son aîné (Byron) à se ressaisir, lui qui a vu les horreurs de Verdun. Un père aussi, qui voulait que son fil Byron fasse la guerre, qu'il soit un héros, qu'il aille au feu et qui ne comprend pas pourquoi il est revenu traumatisé, se réfugiant dans l'alcool et le fuyant comme la peste.

Tant de personnages dont j'ai partagé la vie, les souvenirs sur cette Amérique, tout ces gens que je dois quitter, maintenant, les laisser aller ailleurs, détruire une autre forêt (pour les Aldridge), reconstruire d'autres baraquements minables et continuer à se faire exploiter car une partie de ces pauvres gars, après 5 années de dur labeur, n'ont même pas mis un dollar de côté sur un compte en banque et repartent avec les mêmes frusques sur le dos.

Un grand roman coup de coeur qui ne vous laissera pas indifférent, un roman sur l'impitoyable capitalisme des années 20 dans une Amérique qui se gave de progrès technique au point de ne pas réfléchir et de détruire tout le capital « arbres ». Ici, c'est pas Zorro qui fait la loi, mais les Zéro qu'on a après les chiffres, sur un compte en banque.

Un grand roman presque en vase-clos, dans un décor dévasté par les crues, la boue… Une nature qui était magnifique mais qui sera dévastée car ici, on coupe les arbres jusqu'au dernier…

Enfile tes bottes, prends ta scie et regarde où tu marches, des fois qu'un alligator ou un serpent te mordrais… gaffe aussi aux mafiosi, comme ces animaux précités, ils n'aiment pas qu'on les dérange dans leur petit business…

Prends une Winchester à plusieurs coups et laisse-toi tenter par un verre de whisky frelaté dans le troquet. La paye n'est pas bonne, la boisson non plus, les conditions de travail sont merdiques, mais putain, tu vas lire un sacré bon roman !

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Imaginez une forêt marécageuse, moite et suintante. Mais ne nous arrêtons pas là. Imaginez des reptiles sympathiques grouillant sous vos pieds, des alligators affamés à l'affut du manant inconscient, des nuées de moustiques et autres bêtes suceuses de sang pullulant par milliers, bienvenue dans le bayou de Louisiane au coeur de la concession forestière Aldridge ! Nous sommes en 1920 ; les USA ont eu un aperçu des ravages de la 1e guerre mondiale. Mais pour l'heure, l'industrie américaine bat son plein et réclame ses stères de bois pour poursuivre son insolente croissance. La concession Aldridge qui fait dans le bois local, est tenue d'une main de maître par deux frères : Randolph, le cadet, gère la concession pendant que Byron l'aîné, le fils prodigue revenu traumatisé de la Grande guerre (écoutant la larme à l'oeil son phonographe comme une vieille fille amoureuse taquinant de la bouteille), occupe le poste de constable, homme de loi régnant sur ce microcosme humain qu'est la scierie, charriant son lot de travailleurs plus ou moins lettrés, hommes blancs comme de couleur, soulards, queutards en tout genre, grenouilles de bénitier, braves pères de famille, prostituées aguerries… Bref, une ville catalysant tout ce que la Louisiane offre en matière de population locale. Pas facile la vie à la scierie, rythmée par la cadence des énormes machines et le bruit infernal émis par ces monstres d'acier, odeurs de fumée, de bois, de sueur et de marécage entremêlées. Mais tout irait presque pour le mieux si une famille mafieuse siciliano-américaine, les Buzetti, ne tenait en otage - par l'alcool et le jeu - les travailleurs de la scierie au coeur du seul saloon du coin, théâtre de multiples débordements. le dernier arbre est donc le récit de ce duel au sommet entre les frères Aldridge et les Buzetti, simili western sur fond de bayou.
Autant vous dire que j'ai été emportée par ce roman pesant sublimé par l'écriture aigue et poétique de Tim Gautreaux. Je me suis vue arpenter ce marécage inhospitalier, débiter des stères de bois à la chaîne, boire mon whisky attablée au comptoir du saloon ou tapant le carton avec les collègues. L'atmosphère de ce roman m'a tout simplement séduite. L'histoire en elle-même est de plus classiques mais quand elle est portée par l'écriture puissante de Tim Gautreaux, si imagée, on ne peut que se laisser tenter. Surmontez donc vos a priori et laissez-vous guider dans les méandres mystérieux du Mississippi et de son bayou indomptable.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Quelque part entre le western et un grand récit sur la fraternité... Un de ces romans apparemment tout simple mais qui recréent un monde disparu et rappellent quelques vérités sur la vie et les rapports humains.

L'histoire se déroule, presque à huis-clos, en Louisiane, dans les années 20. L'employé d'un homme d'affaire du nord découvre par hasard que le constable chargé du maintient de l'ordre dans une scierie perdue dans les marécages est le fils de son patron, qui a fuit sa famille, traumatisé par les champs de bataille de la première guerre mondiale. L'homme d'affaire envoie alors son deuxième fils exploiter la scierie, et tâcher de ramener son frère... Entre marécages, alligators, serpents, routes impraticables et machines infernales, les deux frères vont refaire connaissance, soudés par un problème commun : le bar, où les employés se soulent, jouent aux cartes, se battent... Les deux hommes engagent ainsi un bras de fer violent avec le mafieux local, le sang coule...

L'auteur excelle à rendre l'ambiance humide et malsaine de la scierie, qu'il emplit de personnages hors du commun : le mécanicien de bateau à aube, reconverti dans la scierie, le vieux policier qui collectionne les armes confisquées derrière son armoire, la gouvernante "noire" (puisqu'elle a un quart de sang noir) qui cherche à tout prix à avoir un enfant blanc pour que jamais aucun médecin ne refuse de la soigner en tant que négresse...

Ce roman est également un texte fort sur la filiation et l'amour paternel et fraternel.
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La Louisiane des années 20, sa chaleur moite, sa boue, ses moustiques, ses serpents et alligators dans ses swamps, ses bayous et sa forêt primaire.

Les frères Aldridge sont à la tête d'une exploitation forestière dans un coin perdu des environs de la Nouvelle Orleans. Randolph en est le directeur, Byron le constable. Dans ce microcosme de bucherons harassés, ils doivent faire face quotidiennement à des querelles et des explosions de violence engendrés par l'alcool, les jeux d'argent, le racisme, la prostitution. le saloon stigmatisme tous les dérapages et va devenir l'enjeu d'une véritable vendetta entre les propriétaires siciliens mafieux et la direction de la scierie, avec sabotages, intimidations et meurtres.

Les deux frères vont tenter de régler le conflit avec deux visions opposées, introduisant une réflexion sur la moralité dans la violence.

Byron, revenu passablement cabossé de la Grande Guerre en Europe, a une approche pragmatique, et tente de minimiser les risques, quitte à provoquer des morts "justes" par anticipation. Incapable de canaliser ses propres démons, il est un automate efficace et mortifère qui détruit sans état d'âme et s'autodétruit.

Randolph, gentleman citadin respectueux de la loi et de Dieu, a une vison plus angélique et humaniste; il cherche l'apaisement et la négociation mais ne peut, malgré tout, échapper à l'affrontement.

C'est un livre très fort, qui transporte avec beaucoup de réalisme dans les paysages du Vieux Sud des Etats Unis. La nature est omniprésente dans sa luxuriance, le climat éprouvant, le travail des hommes titanesque et encore rudimentaire, les décès par accidents et par rixe consomment une main d'oeuvre bon marché toujours renouvelée.

Un conte noir magnifique, sur la fraternité en milieu hostile, sur le sens aigu de la famille, dans un monde où les hommes sont décimés, comme les cyprès rouges, jusqu'au dernier arbre.
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