AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 255 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel magnifique livre ! J'ai un énorme coup de coeur pour ce roman de Tim Gautreaux et le referme à regret. Mélange de quête et d'intrigue à suspense, ce roman fleuve, qui suit les méandres du Mississipi, contient tous les ingrédients nécessaires pour séduire le lecteur : une trame bien ficelée, des dialogues accrocheurs, une peinture de l'époque précise, des personnages attachants et des décors somptueux – ici le Mississipi, ses forêts et son arrière-pays.

Sam Simoneaux est un jeune catholique honnête et travailleur marqué par un drame terrible. Sa famille tout entière a en effet été massacrée lorsqu'il était enfant par le clan des Cloat, des fermiers sans foi ni loi qui hantent encore les comtés de leur région. Après la Grande Guerre, Sam rentre à la Nouvelle-Orléans et devient responsable d'étage aux grands magasins Krine. Il pense avoir trouvé un peu de paix auprès de son épouse. Hélas, sa vie bascule à nouveau le jour où Lily Weller, une fillette de 3 ans, est enlevée sous ses yeux. Licencié et incapable d'oublier cette tragédie, il se fait engager sur l'Ambassador, le bateau à bord duquel travaillent les époux Weller, et va tout tenter pour retrouver la trace de Lily en enquêtant à chacune de leurs escales. C'est ainsi que les Cloat réapparaissent dans la vie de Sam, qui va devoir affronter ses pires démons, poursuivant ses ennemis jusque dans les étendues sauvages de l'Arkansas.
Tim Gautreaux parvient brillamment à redonner vie à cette époque fascinante où les bateaux à aubes descendaient le fleuve et où l'on swinguait sur les premiers airs de jazz, dans une nation en pleine expansion dont les étendues les plus reculées étaient en proie à la loi du plus fort. Nos disparus est à la fois l'histoire bouleversante d'une rédemption et une méditation profonde sur la loi, la culpabilité, la force des liens du sang et l'inutilité de la vengeance.
Un immense bonheur de lecture.
Commenter  J’apprécie          496
Les armes à feu doivent rester au vestiaire!

Après avoir décimé une forêt dans son précédent livre, Tim Gautreaux nous invite en croisière à bord de l'Ambassador, bateau à aubes décrépi sur le majestueux Mississippi.
Car cette salle de concert flottant est bien un des personnages de cette peinture sociale et historique des années 20 aux Etats Unis.

Quel conteur, monsieur Gautreaux!
On s'y croit, sur les parquets cirés, tapant du pied sur de la Blue Grass music au rythme du banjo de "Turkey in the straw".
On participe aux bagarres générales de culs-terreux avinés au tord-boyau de contrebande, au rythme des quadrilles de musique country et du fox-trot. Un monde joyeusement violent, de bourgeois élégants, de petits métiers miséreux, de bougres primaires et immoraux, de cousettes à aigrettes, de joyeux fêtards en canotiers et de musiciens déchaînés. Les années folles remontant le grand fleuve depuis la Nouvelle Orléans, sous fond de prohibition et avant la Grande Dépression.

Dans cet univers de plaisirs et de musique de jazz, Sam Simoneaux se retrouve embarqué à double titre d'employé et de détective sur les traces de rapt d'enfant.
Sam, cajun ancien combattant, orphelin d'hier, et père de jeune descendance disparue, porte en lui un sentiment de perte si fort qu'il s'implique et s'investit en compassion et empathie. Chercher les traces d'une petite fille le fera s'égarer dans les trous reculés de l'Arkansas et du Mississipi, ses habitants frustres et sa végétation luxuriante. Il y retrouvera la piste de sa propre tragédie familiale.

En dépit de la violence du contexte, il y a une gaité débridée, une énergie vivifiante dans la narration. Moins sombre que son livre précédent, l'auteur nous offre une histoire forte avec des personnages attachants, racontant magnifiquement sa région et les hommes qui l'ont construite.
En dépit d'un lourd contexte de vengeance et de culpabilité, on referme le livre avec l'espoir que vivre sans haine peut être la plus belle vertu humaine.

Très beau voyage musical!
Et remerciements à Masse critique et aux Editions Seuil (www.seuil.com) pour ce partenariat
Commenter  J’apprécie          480
Quand Sam Simoneaux rentre en 1921 à la fin de la Grande Guerre, il est traumatisé. Il devient responsable dans un magasin Krine et son chef le rend responsable de la disparition d'une petite fille de trois ans. Pour essayer de s'amender, il va partir à la recherche de la fillette en s'engageant du même coup sur l'Ambassador, un bateau à aubes qui organise des soirées musicales, parfois assez agitées.
Nos disparus, c'est l'histoire personnelle de Sam, son enfance, son passage en France à la fin de la guerre, la recherche de Lily. Nous sommes en Louisiane, dans les années 20, une bonne partie de l'histoire se passe sur l'Ambassador, l'ambiance est spéciale entre les fêtes et l'attente des parents de Lily, la musique jouée par l'orchestre. C'est un roman foisonnant, la guerre, la musique, l'alcool, les attentes, les pensées sur la perte, le deuil… Nos disparus, c'est une époque, la vie des Cajuns en Louisiane, l'appartenance à une famille. Pas un rythme trépidant mais l'intérêt est toujours là, tenu par la belle plume de Tim Gautreaux. Je reviendrai vers cet auteur qui m'a marqué de jolie façon.
Commenter  J’apprécie          430
Tim Gautreaux était une des belles découvertes de l'année 2013 avec son Dernier arbre. Il confirme avec Nos disparus tout le bien que l'on pouvait penser de lui.
Comme dans son premier roman, nous sommes en Louisiane après la Première Guerre mondiale. Débarqué à Saint-Nazaire le 11 novembre 1918, Sam Simoneaux n'a pas connu les combats mais est resté plusieurs mois pour mener une tâche absurde : tenter de déminer les champs de batailles en récoltants obus, bombes, mines et grenades non explosés pour les faire sauter définitivement. Un travail éprouvant et à l'image de toute la guerre, traumatisant.
C'est ce jeune cajun intelligent mais un peu timide, pétri d'une éducation catholique, que Tim Gautreaux nous propose de suivre à son retour. Devenu chef d'étage d'un grand magasin de la Nouvelle-Orléans, Sam va être incapable de retrouver une petite fille de trois ans qui a échappé à la surveillance de ses parents et dont il apparaît vite qu'elle a été enlevée. Pointé du doigt par les parents de la fillette, par son patron et même, dans une certaine mesure, par sa propre épouse pour n'avoir pas pu empêcher le drame, il décide de se lancer seul à la recherche des kidnappeurs. Une enquête qu'il va mener le long du Mississipi à bord de l'Ambassador, bateau d'excursion à aubes qui remonte et descend le fleuve le temps d'une saison avec un orchestre de jazz et sur lequel travaillent les Weller, parents de la petite disparue.

Comme le dernier arbre, Nos disparus est d'abord le roman d'un monde en train de disparaître, la Grande Guerre étant le marqueur d'un passage définitif à un vingtième siècle dans lequel il faudra désormais que les protagonistes trouvent leur place. de l'Ambassador lui-même qui, comme une vieille putain trop maquillée finit de naviguer sur le Mississipi avec des couches de plus en plus épaisses de peinture qui masquent mal son délabrement jusqu'à la découverte d'une famille de hors-la-loi qui achève de se décomposer en passant par ces villes du bord du fleuve survivantes du temps de l'industrialisation glorieuse dont elles ne semblent avoir gardé que la fumée et la pollution tandis que la population, lumpenproletariat ravagé par l'alcool frelaté, se meurt lentement, le monde saisissant que dépeint Gautreaux est l'expression même de ce changement qui, s'il est peut-être plus lent que dans l'Europe qui a vécu la guerre, n'en est pas moins inéluctable.
C'est dans se monde que Sam Simoneaux se débat avec sa culpabilité. Pour avoir laissé la petite Lily Weller se faire enlever, pour avoir survécu au massacre de sa famille quand il n'avait que six mois, pour avoir laissé derrière lui, en France, une orpheline blessée par sa faute. le poids de cette culpabilité et celui de l'absence de ces disparus pèse sur ses épaules tout au long de ce roman. Pour autant, et même s'il semble parfois, dans un bien catholique exercice d'auto flagellation, se résigner à supporter ce fardeau, Sam n'en démontrera pas moins une impressionnante force de caractère et, surtout, une belle capacité à l'empathie et à lutter contre les sentiments les plus sombres qui pourraient le guider.
Car si Gautreaux reprend comme dans son précédent roman sa réflexion sur les liens familiaux – ceux dont on hérite et ceux que l'on crée – il pousse ici plus que dans le dernier arbre une autre thématique importante de son oeuvre qui n'en fini pas de bouleverser Sam Simoneaux et de nourrir ses atermoiements : la question de l'inanité de cette vengeance qui, chez Gautreaux, dresse une frontière entre sauvagerie et civilisation.

Tout cela se dessine dans un roman constamment en tension dans lequel s'enchaînent les scènes surprenantes ou poignantes derrières lesquelles se dessine une société en plein changement dans laquelle certaines choses ne changent cependant pas : le racisme et la discrimination à l'égard des minorités, qu'il s'agisse ici des musiciens noirs embarqués sur l'Ambassador ou des Cajuns, l'impunité dont bénéficient les plus violents et les plus riches. Sans que pour autant Sam Simoneaux abandonne tout espoir de vivre lui aussi avec sa famille le rêve américain. Un rêve dont l'Ambassador, au sortir d'une séance de rafraîchissement de ses peintures, représente une belle métaphore sous les yeux de Sam :

« Il leva la main, puis la laissa retomber.
-Je n'y comprends rien. Il y a quelques jours encore, c'était une épave puante. Aujourd'hui, il me donne envie de partir en croisière au clair de lune. »

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          402
Il y a un moment que j'aurais dû entreprendre ce voyage sur le Mississippi,  ce livre squattait ma PAL depuis de nombreux mois.
Alors, quoi de mieux que cette période de confinement pour s'évader ?
Pour cela, j'ai dû remonter jusqu'aux années 1920.
J'ai pris ma plus grande malle, j'y ai déposé quelques costumes, ma clarinette, sans oublier quelques partitions des plus beaux morceaux de jazz de l'époque et j'ai embarqué sur ce vieux bateau à aubes, "L'Ambassador".
Bon, j'avoue qu'en posant le pied sur son plancher, je me suis interrogé sur sa solidité, selon toute vraisemblance on venait de lui donner un coup de jeune, mais la peinture ne fait pas la solidité du bâtiment.
Voilà comment Tim Gautreaux m'a emmené sur les traces de ses disparus.
Il m'a fait rencontrer Sam Simoneaux ce responsable d'étage d'un grand magasin de la Nouvelle Orléans qui a vu sa vie basculer le jour ou une petite fille a été kidnappée sous ses yeux.
Orphelin à la suite du massacre de sa famille, il se voit chargé, par les parents de l'enfant, de la retrouver.
Des recherches qui vont l'amener à se questionner sur son propre passé.
Gautreaux vous mène en bateau donc, aux sons des orchestres de jazz, au rythme des danses et des bagarres, mais il vous invite aussi à prendre le train, vous aurez même le plaisir (ou pas) de faire un bout de chemin à dos de mulet ou de chevaux qui souvent ne sont pas les plus fiers représentant de la race.
J'ai adoré ce roman.
Ce personnage tout en ambiguïté, en questionnement, en incertitude, en fragilité. 
Tous les autres qu'ils croisent, ses proches, ceux qui l'aident ou ses ennemis.
Ce rafiot où une population parfois miséreuse, vient chercher quelques heures de bonheur en se défoulant sur le parquet ou en s'enivrant d'alcool frelaté.
Cette musique aux accords divers selon la couleur des musiciens, un orchestre en harmonie avec la clientèle  embarquée.
Un récit tout en douceur, un peu comme ce fleuve sur lequel on navigue, il y a parfois des remous, un courant plus fort ou contraire, mais on ne dévie pas de sa trajectoire,  on garde le cap, on tient bon la barre.
Sam a un objectif. Sam n'est pas un héros, il ne cherche même pas à l'être, au contraire, on peut même le trouver lâche.
Tim Gautreaux nous dresse le portrait d'une certaine Amérique, entre deux siècles, pas tout à fait sortie de la violence du 19ème et pas encore entrée dans le monde moderne.
Une région ou l'on tente de survivre à la misère en exploitant un lopin de terre aride. Où les hommes aux mains calleuses se battent, au sens propre comme au figuré, pour donner à leur famille de quoi se nourrir et l'espoir de jours meilleurs.
Les visages sont marqués par les épreuves de la vie, vieillit avant l'âge, les yeux sont souvent humides, les corps sont meurtris par les tâches ou les coups, mais pourtant, on y voit parfois quelques sourires...



 
Commenter  J’apprécie          370
Un Cajun de la Louisiane, un gars qui n'aspire qu'à un petit job tranquille dans un grand magasin, mais dont le destin ne cesse de troubler l'existence.

Il est hanté par le passé, sa survie au massacre de sa famille, sa découverte de la guerre lorsqu'il se rend sur en Europe en 1918. La guerre est finie, mais des hôpitaux accueillent les estropiés et il faut nettoyer les champs qui sont d'immenses cimetières parsemés d'obus, de mines et de grenades.

Revenu au pays, Sam Simoneaux se concentre sur son travail, mais l'enlèvement d'une fillette l'amène à naviguer sur le Mississippi, sur un des grands bateaux qui offrent des divertissements musicaux aux riverains.

C'est un portrait très dur du pays et de l'époque : des bourgades isolées, affligées de violences gratuites et où la richesse permet souvent d'acheter les consciences. Mais où on trouve aussi des gens honnêtes et travailleurs, des artistes de talent et des perles de sagesse.

Notre héros trouvera-t-il son chemin en parcourant les méandres du fleuve et galopant à travers la campagne hostile? Et saura-t-il résister au désir de vengeance qui peut transformer une victime en meurtrier?

Un bon gros roman, une bonne histoire, un dépaysement assuré, un merveilleux moment de lecture, que demander de plus !
Commenter  J’apprécie          362
Voilà ce qui s'appelle avoir une chance de cocu ! Sam Simoneaux ainsi que les autres combattants Américains, arrivent en France pour participer à la Première Guerre Mondiale le… 11 novembre 1918.

À peine descendu de leur rafiot, c'est des scènes de liesse partout : la guerre est finie. On pourrait penser qu'ils vont se tourner les pouces, mais non, faut déminer les champs remplis de grenades, bombes, obus… Sans se faire exploser sois-même !

Dès le début, en quelques pages (40), l'auteur, de sa plume sans concession, nous démontre toute l'absurdité, toute la bestialité, toute la cruauté et l'inhumanité d'une guerre. Nos soldats, tout dépités lorsqu'ils étaient arrivés de ne pas pouvoir participer à cette Grande Boucherie, comprennent ce à quoi ils ont échappés. Voir les corps déchiquetés et la terre éventrée vont les secouer et les traumatiser.

Ensuite ? Retour à la casa América pour nos hommes et Sam Simoneaux se retrouve à la Nouvelle-Orléans comme responsable d'étage aux grands magasins Krine.

N'allez pas croire qu'on se la coule douce, dans les romans de Tim Gautreaux. Nous sommes dans le Sud de l'Amérique, et c'est toujours un Sud poisseux et inhospitalier que nous allons évoluer. Un Sud aux mentalités raciales que vous connaissez bien. La tolérance, c'est toujours un gros mot.

Ici, on boit de l'alcool de contrebande, sorte de tord-boyaux qui donnera un peu de courage aux gens ou qui les fera oublier dans quelle misère noire ils vivent. Certes, tous ne vivent pas dans la misère, mais les contrastes sont assez prononcés entre les deux populations : les très riches et les pauvres.

Qualifier ce roman de policier ne serait pas faux, nous avons notre Sam qui va se muer en enquêteur de fortune afin de retrouver la petite fille kidnappée, presque sous ses yeux, au magasin.

Mais ceci n'est qu'une partie visible de l'Histoire avec un grand I. C'est aussi de l'Aventure que l'on vous propose, une Quête, parce que retrouver la gamine est une sorte d'exorcisme, une expiation d'une faute ancienne. Ce roman mélange habillement tout ces genres pour nous donner un plat de résistance dont on se pourlèche les babines.

Sorte de voyage initiatique sur un bateau à aubes remontant le Mississippi sur des airs de jazz et de bagarres, l'auteur nous ballade à travers le Sud sans que l'on voit le temps passer, nous présentant une (faible) partie de ses plus mauvais gens. Et les pires ne sont pas toujours chez les pauvres ! Mais certains valent la peine qu'on ne les croise jamais de notre vie.

J'ai joué de la musique pour des culs-bénis, des soulards ou des péquenauds, j'ai dansé au son de la musique Noire, j'ai essuyé des crachats, lavé le pont souillé de vomi, l'ai fait briquer, j'ai enquêté, j'ai terminé mes journées épuisée et vous savez quoi ? J'en redemande.

La plume de l'auteur fait toujours mouche, ses personnages sont toujours aussi fouillés, attachants ou donnant des envies de meurtre (une certaine bonne femme, surtout), sans nous gaver, il nous brosse le portrait d'une Amérique dans les années 20 avec détails, mais pas de trop. À nous d'aller voir ce qu'est un train des orphelins.

La trame n'est pas cousue de fil blanc parce que j'ai eu des surprises. Franchement, je pensais qu'on allait plier l'affaire en deux coups de cuillère à pot et bien non !

Un portrait sombre du Sud, des personnages taillés à la serpe, hantés par des deuils non accomplis, des idées de vengeance, des douleurs muettes et des envies de revenir en arrière pour tout changer.

Il y a une humanité énorme dans le personnage de Sam et sa force de caractère lors de certains passages ont forcé mon admiration. Oui, il y a encore des traces d'humanité. le roman en est rempli.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          310
Cette vaste fresque, bruissante et musicale, parfois bordée de noir qui nous plonge dans l'Amérique de l'aprés guerre, débute en1918.
Sam dit "Lucky le Chanceux " est un survivant.....il n'était qu'un nourrisson lorsque son oncle Claude le découvrit caché par son pére....au fond d'un poêle en fonte : tous les siens furent assassinés par des voyous dans leur propre maison.
Le jeune Sam,âgé de 23 ans, élevé par son oncle et taraudé par son passé débarque en France venant de Louisiane juste aprés l'armistice, aux côtés de quatre mille autres soldats Amêricains.
Prêt à se battre pour la liberté,il se retrouve quelque part à nettoyer les champs de bataille de l'Argonne, ses sols boueux.....troués d'obus, de cavernes terreuses, de sols de sang et de cadavres....
1921: le talent de conteur de Mr Tim Gautreaux nous enchante tant il est puissant: de retour à la Nouvelle Orléans,
Sam devient responsable d'étage dans un grand magasin, malheureusement il ne peut éviter l'enlévement d'une fillette : Lily,....son destin d'orphelin se trouve désormais inexorablement lié à celui des parents de Lily.
Il embarque à bord de "l'Ambassador",bateau à vapeur sillonnant le Mississipi, à la recherche des ravisseurs, faisant danser, jouer et boire les clients, la roue à aubes tourne lentement, la cloche du pont forte de ses cinq cent kilos de bronze impressionne,.le bateau peut virer paresseusement au niveau des écluses au rythme des escales....
Les parfums de vanille, d'hamamélis, de talc au jasmin et de cachou côtoient une pluie de particules
de fumée noire et mousseuse qui s'échappent en bouillonnant des cheminées, la musique pressante des cuivres est mêlée à la force des courants....
A bord, au rythme du jazz de la Louisiane autant que du whisky de contrebande et des bagarres et esclandres de toutes sortes sur le pont entre les voyageurs, Sam glane quelques informations sur un trafic d'enfants qui nous améneront à une seconde quête beaucoup plus personnelle....je n'en dis pas plus.
Situation singulière pour cet homme " survivant' ayant nettoyé le sang d'une guerre sans la faire, sans famille, mélancolique, courageux, honnête, resté marqué par son enfance, l'auteur nous fait toucher avec grand talent la
Profondeur des liens du sang, le destin marquant des hommes aprés la guerre....
Les notions de pardon, de culpabilité, de rédemption, de douleur seront pour Sam particulières .
Inanité, vanité du désir de Vengeance?

"Nos Disparus "est un grand roman musical mais pas seulement, un bel ouvrage écrit avec élégance, une magnifique odyssée de conteur à plusieurs niveaux de lecture ,à mon sens, dont le souffle puissant longe le fleuve adoptant son rythme, parfois agité de courants violents, parfois lent et paisible lorsque la chaleur se fait écrasante, poisseuse et lourde.
Un beau voyage!
Commenter  J’apprécie          302
Se sentant coupable de ne pas avoir empêché l'enlèvement de la petite Lily, Sam Simoneaux se fait engager à bord de l'Ambassador, un vieux rafiot plutôt que bateau à aube flamboyant, comme troisième lieutenant pour faire la loi lors des soirées dansantes. Il y rejoint en fait les parents de la petite Lily, tous deux artistes et Auguste le fils du couple. Sam est persuadé que la petite a été enlevée après avoir été repérée lors d'un arrêt du bateau croisière dans une ville du Mississippi. Au fur et à mesure des escales, Sam mène l'enquête, affrontant lui aussi les démons enfouis que cette enquête ne manque pas de faire revivre.
Nos disparus est à la fois un roman d'aventure et un roman d'apprentissage où le héros, de retour après son engagement dans la première guerre mondiale, découvre la vie à bord d'un rafiot qui sillonne les villes le long du Mississippi où s'organisent bals, concerts d'orchestres alternativement noirs ou blancs selon le degré d'ouverture ou de racisme de la ville visitée ou d'organisation de jeux plus ou moins clandestins.
C'est également une enquête policière pour retrouver une petite fille enlevée sous ses yeux dans le grand magasin où il était chargé de la sécurité.
Une enquête et une quête de rédemption qui va faire écho sur le propre passé de Sam ; orphelin, élevé par son oncle après le massacre de sa famille par une bande de tueurs sans foi ni loi, il se verra tiraillé entre des questionnements de vengeance ou de pardon.
Avec Nos disparus, Tim Gautreaux offre un formidable roman d'aventure, avec des personnages ayant une vrai épaisseur psychologique, des situations qui s'enchaînent dans un rythme qui ne tombe jamais dans l'ennui et des interrogations sur l'absence, la filiation, le désir ou l'utilité de la vengeance
Un vrai plaisir de lecture que je recommande.

Commenter  J’apprécie          230
Nous sommes dans les années 1920, à l'époque où la prohibition a été mise en place aux États-Unis. L'Ambassador, modeste bateau d'excursion parcourant les eaux fluviales du Mississippi, représente un lieu de distraction très couru par les populations qui vivent sur les rives avoisinantes. En ces temps d'austérité où les hommes s'épuisent souvent à la tâche, ce nouveau courant musical qu'est le jazz fait de plus en plus d'adeptes. S'enivrant de danse et d'alcools de contrebande, les hommes trouvent en ces lieux un moyen d'échapper à la morosité ambiante, transportés par le rythme effréné des morceaux hardiment interprétés par les jazzmen. Sam Simoneaux, un homme hanté par son passé douloureux, est chargé de faire régner l'ordre sur ce bateau où les bagarres sont fréquentes car favorisées par l'abus des alcools frelatés. Culpabilisé par le kidnapping d'une petite fille dans le grand magasin où il était chargé de la sécurité, ce dernier s'est fait embaucher sur l'Ambassador afin d'assister les malheureux parents dans leurs recherches, la police ne faisant pas grand cas de la disparition d'une enfant pauvre. Pourquoi la petite Lili a-t-elle était enlevée ? Qui sont ses ravisseurs ? Sam réussira-t-il à la retrouver ?

Dans la même veine que les écrits des sudistes Pat Conroy ou Tom Franklin, Tim Gautreaux nous dresse un portrait captivant du sud des États-Unis. Son roman qui se situe à l'époque des années folles nous dépeint une décennie marquée par le puritanisme et l'accroissement du banditisme. D'une plume vivante et colorée, l'auteur met en relief un contraste saisissant entre la misère la plus noire et l'opulence des possédants, au lendemain d'une première guerre mondiale qui marqua profondément les soldats américains qui participèrent aux combats.
Sur fond de musique jazz, l'auteur nous brosse le portrait d'un personnage rongé par des événements sanglants et en quête de filiation, un homme partagé entre son intégrité et son désir de vengeance.
Entre marécages et coupe-jarrets, le Mississippi de Tim Gautreaux est loin d'être un long fleuve tranquille !
Lien : https://leslecturesdisabello..
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (499) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1081 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}