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Critique de jeranjou


"Un chouan désarmé, une fée fragile et un garçon taillé dans l'échine"

Ce livre, jadis dévoré par la gente féminine, trônait fièrement dans notre bibliothèque depuis plus de huit ans. Sur la couverture violette et blanche, des pinceaux attendaient tranquillement dans leur bocal qu'un bon samaritain veuille bien les sortir hors de l'eau un moment.

Délaissant mes polars préférés pour quelques jours seulement, j'ouvris le manuscrit, quelque peu jauni par le temps, avec une certaine appréhension. Est-ce un roman à l'eau de rose uniquement écrit par une femme, pour les femmes ? N'est-il un peu tard, voire démodé de lire cet ouvrage datant tout de même de 2004 ? Vais-je retrouver un style pompeux et larmoyant aux antipodes de mes bons polars bien noirs et parfois même violents ?

Eh bien, non… Rien de tout ça…

Si Anna Galvalda avait sorti ce livre en 2013, il aurait fait un tabac ! Dans les journaux, à la radio, on vous explique qu'une femme avec son gosse est expulsée en plein hiver de sa chambre de 4 m², sous les combles, dans Paris. Quand l'actualité rattrape la fiction ! Malheureusement, le problème du logement, surtout en région parisienne, est encore plus criant aujourd'hui sachant que les jeunes restent les premiers touchés par la cherté de l'immobilier.
Dès les premières pages de ce roman, l'excellent film « Les Femmes du 6ème étage » m'est revenu instantanément en mémoire. Ce long métrage de Philippe le Guay, avec Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain, dépeint la vie de bonnes espagnoles vivant au sixième étage d'un immeuble bourgeois parisien dans les années 60. Une vraie bonne découverte pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.

Mais revenons un instant à notre roman d'Anna Gavalda

Un trio improbable, Camille, femme de ménage et artiste peintre, Philibert, vendeur de cartes postales et aristocrate fan d'Henry IV, Franck, cuisinier, saucier en chef et collectionneur de motos et de nanas. Durant plus de cinq cent pages, on apprend à connaitre nos trois protagonistes dans différents coins de la capitale ou de province : le métier de technicienne de surface, durant la nuit, dans les bureaux des tours de la Défense, les rendez-vous déprimant avec la mère de Camille, les aller-retour express de Frank le lundi pour rendre visite à sa grand-mère, les scènes de vie quotidiennes dans l'appartement de 400 m² dans Paris appartenant à la famille de Philibert Marquet de la Durbellière …
J'ai adoré bon nombre d'épisodes de ce roman, racontés avec justesse et tendresse par l'auteur, et je souhaitais vous évoquer trois passages marquants :
- le pique-nique improvisé par Philibert et Camille sous les combles, genre Pat et Mat, dessin animé tchèque pour les enfants, disponible dans toutes les médiathèques de France et de Navarre, même à Ancenis j'en suis sûr,
- la journée du 31 décembre, somptueusement décrite par Camille, découvrant l'agitation en cuisine dans le restaurant de Frank et la difficulté du métier de cuisinier, quel que soit le poste,
- ou encore les discussions interminables la nuit avant de dormir, où l'on se confie, comme jamais on ne le ferait à un autre moment de la journée.

Selon le passé de chacun, ce livre fait remonter des souvenirs sur les joies, les peines ou les difficultés que l'on a rencontrées avec des proches ou de simples connaissances à un moment de notre vie. Qui plus est, Anna Gavalda a truffé cet ouvrage d'expressions ou de petits mots toujours justes et pleins d'humour.
La seule critique, que je fais, tient au style du roman qui privilégie l'enchainement des scènes de vie, en tout lieu, à tout instant, en multipliant les dialogues sans forcément savoir qui prend la parole. Je trouve ainsi que l'écriture, par moments, est un peu décousue même si, paradoxalement, cette suite de dialogues percutants et drôles s'avère une force indéniable du livre.

Pour conclure, j'ai beaucoup apprécié l'histoire de ces personnages fragilisés, au bord du gouffre, qui se relèvent par des seules béquilles humaines, pourtant déjà chancelantes. Comme beaucoup de lecteurs ou de lectrices surement, le personnage de Camille m'a particulièrement touché, à la fois mystérieuse, indécise, cultivée et terriblement vulnérable. Anna Gavalda nous délivre un hymne à la quête du bonheur, parsemé d'obstacles psychologiques et physiques, surgissant parfois d'une enfance brisée, impossibles à franchir si on est seul contre tous.

Pendant la semaine de lecture, j'ai pris plaisir à poster des expressions ou citations du livre, les plus craquantes les unes que les autres et je terminerai donc par la plus appréciée des lecteurs :

«Elle feuilleta l'exemplaire de démonstration et fut reprise d'une crise d'admirationnite aigue. C'était si beau… si beau.
[…]
Le léger déhanché d'une femme élégante vue de dos ?
En n'employant rien d'autre qu'un peu de couleur noire ?
Comment ce miracle était-il possible ?

Plus les éléments employés sont purs, plus l'oeuvre est pure. En peinture, il y a deux moyens d'expression, la forme et la couleur. Plus les couleurs sont pures, plus pure est la beauté de l'oeuvre.»

Camille

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PS : la suite concerne mon avant-critique, éphémère par nature :

En avant-première d' « Ensemble, c'est tout », un roman de 2004…

Je suis toujours en train de lire ce roman d'Anna Gavalda et je suis traversé par un épineux dilemme. Comment choisir ? Comment trancher ? Je dirai même plus comment tailler à la hache dans tous ces... ?
Effectivement, le gros, gros problème avec ce roman, c'est qu'il est un véritable piège à citations. A vrai dire, il est truffé de petites anecdotes, de drôleries ou de tendresses à croquer.
Pour une fois, comme je ne veux et ne peux pas choisir, je vais inverser le processus classique comme le veut la tradition.
Je vais poster mes citations dans un premier temps au compte-goutte pour ensuite seulement coller ma critique, une fois terminé ce roman. Cela rappellera quelques souvenirs aux très nombreux fans (surtout des fanes) de ce récit.
Si la citation, jugée la meilleure selon le vote des babeliautes, n'est pas trop longue, celle-ci figura en bonne place dans le texte de ma critique à titre exceptionnel. A vos clics, partez…

PS2 : je commence dès maintenant par un extrait du livre, bien loin de la caricature comme vous pourriez le penser, qui me rappelle une anecdote bien réelle. Durant mon service militaire (comme scientifique du contingent à l'époque), le premier jour, mon camarade de chambre sort son plumier et écrit avec une facilité déconcertante à la plume, en plein et délié je m'excuse, son nom à double particule (je me souviens parfaitement de son nom mais je préfère taire son titre de noblesse, par respect pour sa personne). Pour ne pas paraitre trop ridicule à coté de cette prouesse venue d'ailleurs (je ne m'en remettrai jamais, je crois), j'avais écrit instinctivement au stylo bille noir sur l'étiquette de mon lit : Jérôme … de Pontaniou (le lieu où nous résidions à l'époque, connu des bretons peut-être). Fièrement, j'ai été appelé ainsi durant près d'une année, à la suite d'une simple rébellion envers la noblesse française ! Incroyable mais véridique.
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