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Critique de bdelhausse


Je vous passe le résumé de ce livre de 636 pages. Non, ne me remerciez pas, c'est tout naturel, 217 personnes l'ont fait avant moi, vous n'avez que l'embarras du choix.

Anna Gavalda se range aisément parmi les auteurs qui nous racontent des tranches de vie, des événements quotidiens, que l'on pourraient croire issus de notre routine, de notre train-train habituel. Elle le fait avec quelque brio, un vocabulaire relativement usuel, et une certaine érudition que j'ai (personnellement) trouvé un peu forcée. Nous lancer quelques auteurs grecs, Emile Verhaeren, et Robert Zimmerman ou Léonard Cohen... sans compter un grand nombre d'architectes, plus ou moins morts, donc plus ou moins connus (dans l'ordre), cela m'a semblé tomber comme un cheveux dans la soupe, ou un grain de sel sur une mousse au chocolat blanc. Prendre un sujet dont la grande majorité des lecteurs ne va rien connaître, c'est à coup sûr en mettre plein la vue et passer pour le Pic de la Mirandole. D'autres le font, dans le même panier qu'Anna Gavalda, comme Lévi, Schmidt, Pancol, etc. J'en entends qui me disent, "ne mélangeons pas les torchons avec les serviettes, s'il vous plaît"... eh bien, si cela me plaît, alors je mélange. On range bien Westlake à côté d'Ellroy, d'Ellory ou de Burke... alors que -moi- j'y vois des différences.

Bref. La Consolante se divise en 4 parties, qui vont jouer chacune sur un registre différent. Je ne vous résume pas le livre, j'explique les émotions... On assiste d'abord au quotidien un brin banal du "héros". Ensuite on passe à sa lente déprime, lorgnant du côté de la dépression. Puis, on joue à fond les pleurs et le malheur de Kate. On termine par un flot ininterrompu de bonheur mielleux, doux et sucré, sentant bon la guimauve à deux balles.

Je n'ai pas dit que je n'aimais pas la guimauve. Et je reconnais que mes yeux se sont mouillés, car Anna Gavalda sait y faire.

Ce qui m'a dérangé, puisqu'il faut bien y arriver, c'est ce côté totalement dichotomique de chaque partie, jouant à fond sur un seul registre. Alors qu'il est question de dépeindre le quotidien, lequel est rarement (voire jamais) aussi tranché que ne le laisse voir Anna Gavalda.

Au final, je suis mitigé. Il y a des passages qui fonctionnent. L'auteure sait jouer sur les sentiments. Amour, tendresse, haine, revanche, hésitations... tout cela est plutôt bien vu, mais parfois too much ou caricatural.

Un mot de la construction du récit et du style. Pour celui-ci, j'ai été déstabilisé d'emblée par le choix d'Anna Gavalda de se passer de sujet, en démarrant les phrases par le verbe conjugué, sans pronom personnel. Elle le fait abondamment. Parfois un peu trop. D'une part, cela tonifie le récit en ajoutant de l'action, de la dynamique là où il n'y en a pas beaucoup (le récit démarre avec les lenteurs du héros et ses atermoiements). D'autre part, cela ne permet pas toujours d'identifier l'auteur de l'action et cela casse le rythme... donc l'usage de cet effet de style est pour le moins problématique.

Terminer ses phrases pas trois points de suspension est aussi très fréquent dans ce roman. Autant cela peut se justifier dans la BD, dans la nouvelle, autant c'est lassant ici. Par ailleurs, beaucoup ont pointé le style "brouillon", qui vient du fait que Anna Gavalda s'attache aux pensées du héros. Et fatalement, des pensées, ça va, ça vient, cela n'aboutit pas, on en change, etc. D'où un aspect foncièrement décousu. Moi, n'ayant pas comme référence Ensemble, c'est tout, j'ai accepté ce chaos "cognitif" du personnage principal. Je me suis demandé où l'auteure voulait en venir avec cette virevolte de situations, de pensées.

Côté construction, on démarre avec des chapitres plutôt longs, et on termine par des chapitres d'une page. OK, le bonheur ne se ramasse pas en lingots mais en petite monnaie, nous chante Benabar. CQFD, le bonheur est une succession de petits instants, et les lourdeurs du quotidien nous pourrissent la vie... faut-il 636 pages pour nous le démontrer?
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