Quittant le mariage de la cousine, je me suis fait la malle dans la voiture de Simon, avec Garance et Lola, pour aller retrouver leur frère Vincent, dans ce château perdu au fin fond du Limousin. Je les ai écoutés revivre leur enfance, parler de tout, de rien... de quoi, en fait ?
Sentiments mitigés après cette courte Échappée belle. D'un côté, le plaisir de retrouver la fraîcheur et le langage juste d'
Anna Gavalda, son attention aux détails, sa capacité particulière à recréer des dialogues tels qu'ils pourraient arriver dans la vie courante, émaillés de ces "de quoi ?" (le revoilà) que l'on entend si souvent...
De l'autre, une sensation de déjà lu et d'inachevé.
Déjà lu, parce que, au sein de cette fratrie, j'ai cru reconnaître des caractères et situations empruntés à ses romans précédents. Garance, un peu artiste et larguée, dans sa chambre de bonne, m'a rappelé Camille dans "
Ensemble c'est tout", tandis que Simon, rassurant et avare de paroles, me rappelait Frank. le divorce de Lola m'a fait penser à "
Je l'aimais". Enfin, j'ai aperçu derrière Vincent l'ombre du château perdu de Kate dans "
La Consolante".
Inachevé, car les détails - comme les piques avec Carine, la belle-soeur pharmacienne (celle qui a osé leur piquer leur frère Simon) - sont drôles sur le moment, mais ne permettent pas d'appréhender en profondeur les sentiments ni la complexité de chacun. On en arrive ainsi à des échanges certes réalistes, mais stéréotypés.
Enfin, contrairement aux autres ouvrages d'
Anna Gavalda, je n'ai pas éprouvé d'attachement pour le personnage central, en l'occurrence Garance. Son côté bobo parisien plein de bons sentiments, mais qui considère tout ce qui est extérieur au centre de Paris comme plouc ("les Pétaouchnoquiens", page 48) ou "pittoresque" ("Non. Moins que ça et moins condescendant : savoureux", page 69), a fini par m'agacer... Tout autant que le parachutage de ce chien qui, en l'obligeant à s'occuper d'autre chose que sa petite personne, lui permet de devenir adulte.
Je n'ai pas passé un mauvais moment, loin de là, mais je classe ce "petit livre" dans la catégorie succès d'estime... En attendant mieux !