Ana et Léo, mariés civilement et propriétaires d'une maison de haute couture embarquent à Bordeaux sur le paquebot Massilia. La destination de leur voyage : Ushuaïa, la terre d'enfance de la jeune femme, afin que Léo fasse connaissance avec sa famille et qu'ils y célèbrent leur mariage religieux.
Je n'ai pas lu le tome précédent "
Les folles années d'Ana " qui racontent sa vie avant son mariage avec Léo mais nul besoin de le faire pour comprendre l'histoire.
Apparemment Ana vient d'un milieu modeste. C'est une très jolie femme, douée en couture, mais avec un gros manque de culture et foncièrement naïve.
Elle est sous la coupe de son époux et dépend de lui pour chaque chose, ne serait-ce que pour le choix d'une robe.
" – Quelle robe faut-il que je mette, sans commettre une faute de goût ?
– Il est de bon ton, Ana, de ne pas se vêtir de façon trop voyante la première soirée et la dernière. Une fois que l'on sait cela, on peut tout se permettre tout au long du voyage. Mets la noire, toute simple. Ajoute ton sautoir et ça suffira. " ( Citation )
Léo est ce genre d'homme possessif et dominant qui remet souvent Ana au pas car il la trouve un peu trop rebelle à son goût en comparaison de sa première femme décédée.
Ana pense se sentir libre de ses gestes, n'hésitant pas à dire tout haut ce qu'elle pense.
En réalité elle est dans une prison dorée dont Léo détient la clé. Il garde le contrôle sur elle avec la mentalité des hommes de cette époque pour qui la femme n'était qu'un bel objet qu'on exhibe aux yeux des autres pour attiser la jalousie et la convoitise.
Cependant lui-même est fou de jalousie et n'hésite pas à incendier sa femme après qu'elle ait dansé un langoureux tango avec un autre homme.
" En regagnant la cabine, il l'abreuve d'injustes reproches.
– Tu t'es donnée en spectacle, et je déteste cette danse lascive.
– Mais tu étais d'accord ! s'exclame-t-elle.
– C'est un véritable corps à corps et vraiment ce n'est pas une danse, mais une évocation sensuelle d'une rare indécence.
– Mais tu as bien vu que plusieurs maris ont accepté que leurs épouses dansent ?
– Je regrette de t'avoir cédé une fois de plus.
Ana, effarée, écoute son mari lui déverser des propos particulièrement désobligeants sur sa prétendue attitude déplacée. " ( Citation )
La croisière s'amuse ? Non, elle s'avère être d'un ennui mortel. Rien de plus à en dire que ce qu'annonce la quatrième de couverture qui résume presque totalement le livre.
Des vols de bijoux sur le bateau, des rencontres avec d'autres couples, des tentations, des jalousies, des scènes de ménage et des réconciliations sous les draps.
Marie-Claude Gay nous noie dans trop de descriptions sur les lieux, l'art, la culture et les célébrités qui ont traversé les années 20. Pour un peu la vie de la tragédienne
Sarah Bernhardt n'aurait plus de secrets pour nous.
Toutes ces longues tirades ennuyeuses nuisent à une intrigue déjà peu passionnante, mal construite et sans originalité où les pseudo-rebondissements prévisibles mènent sans surprise vers une fin bâclée.
Léo emploie un parler pédant autant que pompant quand il donne des explications à Ana qui semblent tout droit sorties d'un guide touristique. Les dialogues entre protagonistes sont d'ailleurs peu naturels dans l'ensemble.
Avec un peu de chance seuls les férus d'histoire y trouveront leur bonheur.
Ne vous fiez pas à la couverture du livre qui est très belle, le style de l'auteure est mauvais car excessivement narratif. Elle a oublié l'essentiel dans son récit : le souffle romanesque, des personnages attachants et l'émotion attendus par le lecteur qui font tout le succès d'un livre.
Bien que le Massilia n'ait pas coulé "
Ana et le temps d'aimer " est un naufrage littéraire.