Ayiti

Je ne connais rien à Haiti, pays éternellement présenté comme l'un des plus pauvres ; c'est donc avec un oeil vierge et curieux que je me suis plongée dans la lecture de ce recueil de nouvelles qui m'ont vraiment fascinée, sans doute parce que les acteurs qui ont enregistré cette version audio lui ont donné des sonorités riches et colorées.

"Ayiti" regroupe des témoignages plus ou moins longs sous forme de nouvelles. Dépaysants à souhait, ces récits ne sont pas uniquement des témoignages culturels mais ils abordent aussi la question de l'émigration avec ses difficultés, ses drames, ses espoirs déçus et ses illusions perdues. C'est d'ailleurs cet aspect qui donne au recueil sa dimension dramatique et émouvante.

Les protagonistes sont presque tous confrontés à différentes formes de violence, soit physique, soit morale, toujours sociale. Racisme et discrimination sont hélas le cortège habituel des entreprises risquées d'exode.

Une très belle découverte qui a éveillé ma curiosité et ma compassion et m'a permis de me coucher moins inculte.


Challenge PLUMES FEMININES 2022

Merci aux Editions "Mémoire D encrier" pour m'avoir offert ce recueil de nouvelles dans le cadre d'une Masse critique. Cela m'a fait d'autant plus plaisir que je porte un intérêt particulier à Haïti, ou plutôt devrais-je dire Ayiti...
Voici donc 15 nouvelles presque toutes assez courtes, 3 pages environs sauf 4..
Elles ont toutes en commun, en plus de l'île bien sûr, de mettre en évidence les formes de violences auquels sont confrontés les Haitiens.
Challenge Multi-Défis 2021
Cette violence s'exerce sur place avec les difficultés matérielles majeures des habitants : manque de nourriture, d'eau, la chaleur écrasante. Elle est aussi morale : humiliation de ceux qui y viennent pour "profiter" ou qui véhiculent des clichés blessants.
Et puis, il y a la violence tout court, celle qui s'exerce brutalement par les massacres, le viol...
Roxanne Gay donne aussi la parole à ceux qui ont fui Haiti et qui, aux Etats Unis, subissent le même type de violences : discriminations, pauvreté.
Cela n'empêchent pas les uns et les autres de rêver de ce voyage vers cet Eldorado même si en confrontant les différents récits on se doute que ce que les migrants racontent dans leurs lettres est enjolivé pour entretenir le rêve mais aussi rassurer ceux qui sont restés.
Une nouvelle plus longue, plus dense qui raconte la reconstruction d'une femme après une agression sur son île alors qu'elle y est venue pour son voyage de noces m'a particulièrement séduit. Elle surmontera son trauma par la parole.
J'ai bien aimé dans l'ensemble ce petit recueil même si je suis restée complétement hermétique à deux récits que je n'ai pas compris. L'auteure montre efficacement le balancement continuel des personnages entre le fantasme et la réalité, entre le désir de partir et celui de rester, entre la honte et la fierté.
Je vais suivre dorénavant avec attention cette maison d'éditions que je ne connaissais pas.

Je ressors de ce recueil de nouvelles mitigée.
Elles sont d'une longueur inégale.
Certaines sont à peine esquissées et il est très dur de s'attacher aux personnages.
D'autres sont beaucoup plus longues.
Tous ces protagonistes ont un point commun : ils sont Haïtiens. Presque toutes ces nouvelles parlent de la vision qu'ont les autres dans un pays étranger, notamment les États-Unis où vit l'auteur, d'origine haïtienne.
Ce recueil a peut être des élans autobiographiques ?
En tout cas, j'ai souffert avec ces enfants rejetés, que les autres ont moqués car différents...

Lu à l'occasion d'un challenge instagram #autricesdumonde

Comme à chaque challenge, j'ai encore une fois décidé de lire deux livres d'autrices haïtiennes. Pourtant au départ, c'était loin d'être gagné car force est de constater qu'il y a peu d'autrices (et d'ailleurs d'auteurs) d'origine haïtiennes et que, sauf quelques rares exceptions il est toujours cas de la situation délicate, de la vie difficile et de l'histoire très rudes et violentes du pays.

Ce roman de Roxane Gay ne fait pas vraiment exception. Il porte un regard réaliste et franc sur un peuple malmené sur ses propres terres mais aussi en exil lorsqu'il ose chercher une terre d'asile notamment en Amérique.
Roxane Gay est américaines d'origine haïtienne. Mais c'est la voix de tout son peuple qu'elle porte haut et fort. Ceux qui rêvent d'ailleurs, ceux qui veulent oublier, ceux qui sont profondément ancrés à leurs racines, ceux qui veulent s'en sortir ou s'en extirper...
AYITI est un recueil de nouvelles qui ponctue notre lecture de toutes les couleurs de Haïti. Sombre ou lumineuse, des fois les deux mêlés. Des fois crues, des fois sirupeuses, toujours fortes et puissantes. On y trouve la fierté d'un peuple, mais aussi ses peurs et ses espoirs.

C'est un tableau sans fard.

Roxane Gay est aussi l'autrice de Bad feminist qui s'est glissé dans ma wishlist.

Merci aux Editions "Mémoire D encrier" - que je ne connaissais pas – et à Babelio pour ce recueil de nouvelles, issu d'une Masse Critique.
Roxanne Gay, je l'avais découverte avec Treize jours, qui m'avait beaucoup marqué et bouleversé...des émotions que je retrouve ici dans ces 15 nouvelles (j'ai du faire des pauses de lecture entre, trop dur à engloutir d'un coup, je conseille de procéder ainsi), tout comme cette plume brute et à la fois sensible, qui décrit Haïti. Bon, je n'ai toujours pas envie d'y aller, mais je ne saurais expliquer ma fascination pour cette auteur, sa plume, sa colère, sa vision d'Haïti...