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Critique de IreneAdler


Challenge Plumes Féminines

Peu connue encore en France (en dehors des réseaux féministes), Roxanne Gay gagnerait à l'être. Sa finesse d'analyse à propos de l'image des femmes qui est véhiculée par les médias, les films, les séries et leurs funestes conséquences font réfléchir sur ce que nous acceptons de regarder et d'encenser. Les Etats-Unis étant ce qu'ils sont au niveau du droit pour les femmes de disposer de leurs corps, elle rappelle que lorsqu'il y a législation, cela signifie que l'objet de la loi est dans le domaine public. Donc le corps des femmes et ce qu'elles en font est public. Et dans le cas, présent, ce n'est pas une force pour elles, mais une faiblesse : leurs droits sont révocables à tout instant si elles n'y sont pas attentives (sans parler du coût, dans un pays sans couverture sociale), et surtout elle rappelle que l'illégalité n'a JAMAIS empêché les femmes d'avorter ; simplement, elles se mettent en danger. de plus, elle parle depuis une intersection : féministe et noire. Ce qui rend encore plus sensible certains sujet dont la contraception ou l'accès aux soins ou aux représentations dans les médias grands public. C'est très gênant de se rendre compte que les noirs sont cantonnés à certains rôles, peu importe leur talent à l'écran ou sur scène (la problématique émerge enfin sur a scène publique en France également. Voir Noir n'est pas un métier)
Et elle est en colère : elle en appelle à notre responsabilité, à assumer les conséquences de ce que nous faisons. Une blague sur le viol banalise, le viol, ce que ne semble pas comprendre certains "humoristes". Et à accepter nos contradictions : oui on peut être féministe et aimer la télé-réalité ; il faut être conscient de ce qu'on regarde et ce que cela révèle de notre société (un exemple parmi d'autre). Elle est en colère, mais sans que cela paralyse sa capacité d'analyse. Elle écrit pour ne pas hurler (enfin, c'est ce que j'ai ressenti). Elle écrit parce que nous devons savoir comment le système patriarcal perdure. Et qu'elle parle des Etats-Unis n'est pas un problème : les problématiques se recouvrent.
Etre féministe, c'est comme être humain : nous ne sommes pas un bloc cohérent.
Roxanne Gay : good feminist and good human being.
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