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Critique de cyan


La première chose à (re-)préciser concernant ce livre, c'est qu'il ne s'agit pas d'un essai (c'est sous ce tag que le référence par exemple LivrAddict). Les textes rassemblés ici sont très différents les uns des autres, assez brefs, et s'ils sont classés plus ou moins par genres, n'ont pas réellement de lien entre eux, si ce n'est le point de vue de l'autrice sur les questions traitées. Il n'y a pas réellement de ligne directrice. Ici, on est à mi-chemin entre les textes critiques (de livres, de films, de personnes, d'évènements) et le témoignage. L'autrice nous fait part de ses expériences personnelles et de ses avis, ce qui est tout à fait légitime et intéressant, mais ce n'est clairement pas un essai et c'est une erreur de présenter ce livre de cette façon, tout comme ce serait une erreur de lire ce livre en espérant y trouver un essai.

Il est question ici de féminisme, en particulier de féminisme intersectionnel, d'homophobie, de sexisme, de violences sexuelles et de bien d'autres sujets. Là où je rejoins Roxanne Gay dans son propos, c'est que moi aussi j'en ai marre d'entendre des femmes dire « je ne suis pas féministe ». A moins que vous pensiez que les hommes doivent avoir plus de droits que vous uniquement parce qu'ils sont des hommes, vous êtes, de facto, féministes. Je ne développerai pas davantage le sujet, je suis ici pour parler d'un livre et pas des trucs qui m'énervent ^^

Ce livre se retrouve dans un billet consacré à des lectures oubliables pour plusieurs raisons. La première est que je l'ai trouvé assez fouillis. Ce genre de recueils me donne l'impression de constamment sauter du coq à l'âne et de ne pas vraiment développer suffisamment les sujets abordés.

Ensuite le point de vue est celui d'une femme afro-américaine, ce qui est tout à fait intéressant et respectable, mais ce point de vue est construit uniquement en opposition « aux Blancs » et en cela elle fait exactement ce qu'elle reproche aux autres: séparer le monde en deux catégories, d'une part (les « latinos » sont mentionnés une ou deux fois, le reste du monde peut aller se rhabiller, à l'exception des voisins coréens qu'elle cite une fois à titre d'anecdote); et d'autre part construire son identité et sa réflexion presque uniquement en fonction de cette dualité. J'ajouterai qu'à l'exception de la Suède, qui n'est citée qu'à titre de contre-exemple (et l'autrice ne tient pas compte des différences culturelles ni du contexte social pour développer sa réflexion), il n'est question que des Etats-Unis.

Ce qui pose un autre problème pour le lecteur non-états-unien: les références culturelles, sociales et liées à l'actualité (d'avant la publication en 2014, en plus) m'étaient pour beaucoup d'entre elles inconnues. Si tout le monde peut saisir de quoi il est question quand on parle de 50 nuances de Grey ou de Hunger Games, ce n'est pas le cas pour des comiques de stand-up, des films « de niche » jamais diffusés chez nous ou ce genre de références.

Pour finir, depuis la publication de ce livre, le mouvement #Metoo et bien d'autres sont passés par là , ce qui fait qu'il est à mon avis dépassé, daté.

Cependant, il y a de très bonnes choses dans ce livre, en particulier sur les violences faites aux femmes, les questions de genre et de « race » (je le mets toujours entre guillemets, parce que je ne crois pas à cette notion). La plume, pleine d'humour et de sarcasme, est assez agréable.

Pour tous ces aspects, ce livre vaut la peine d'être lu. Mais je pense l'oublier assez vite: trop fouillis, trop long, trop daté et trop américano-centré (trop Roxane-Gay-centré, en fait) pour moi.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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