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3,56

sur 172 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Challenge Plumes Féminines

Peu connue encore en France (en dehors des réseaux féministes), Roxanne Gay gagnerait à l'être. Sa finesse d'analyse à propos de l'image des femmes qui est véhiculée par les médias, les films, les séries et leurs funestes conséquences font réfléchir sur ce que nous acceptons de regarder et d'encenser. Les Etats-Unis étant ce qu'ils sont au niveau du droit pour les femmes de disposer de leurs corps, elle rappelle que lorsqu'il y a législation, cela signifie que l'objet de la loi est dans le domaine public. Donc le corps des femmes et ce qu'elles en font est public. Et dans le cas, présent, ce n'est pas une force pour elles, mais une faiblesse : leurs droits sont révocables à tout instant si elles n'y sont pas attentives (sans parler du coût, dans un pays sans couverture sociale), et surtout elle rappelle que l'illégalité n'a JAMAIS empêché les femmes d'avorter ; simplement, elles se mettent en danger. de plus, elle parle depuis une intersection : féministe et noire. Ce qui rend encore plus sensible certains sujet dont la contraception ou l'accès aux soins ou aux représentations dans les médias grands public. C'est très gênant de se rendre compte que les noirs sont cantonnés à certains rôles, peu importe leur talent à l'écran ou sur scène (la problématique émerge enfin sur a scène publique en France également. Voir Noir n'est pas un métier)
Et elle est en colère : elle en appelle à notre responsabilité, à assumer les conséquences de ce que nous faisons. Une blague sur le viol banalise, le viol, ce que ne semble pas comprendre certains "humoristes". Et à accepter nos contradictions : oui on peut être féministe et aimer la télé-réalité ; il faut être conscient de ce qu'on regarde et ce que cela révèle de notre société (un exemple parmi d'autre). Elle est en colère, mais sans que cela paralyse sa capacité d'analyse. Elle écrit pour ne pas hurler (enfin, c'est ce que j'ai ressenti). Elle écrit parce que nous devons savoir comment le système patriarcal perdure. Et qu'elle parle des Etats-Unis n'est pas un problème : les problématiques se recouvrent.
Etre féministe, c'est comme être humain : nous ne sommes pas un bloc cohérent.
Roxanne Gay : good feminist and good human being.
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Ce livre est un recueil de chroniques écrites par Roxanne Gay dans les médias états-uniens.
Dans ses chroniques, l'autrice questionne l'actualité et la société et offre des analyses et des remises en cause extrêmement profondes, intelligentes et contemporaines. Roxanne Gay est une femme noire de forte corpulence, d'une quarantaine d'années, détentrice d'un doctorat et professeure d'université. Elle est également très présente dans les médias et les réseaux sociaux, qu'elle maîtrise parfaitement.
Et c'est donc à travers tous ces prismes qu'elle entreprend de remettre en perspective les problèmes de la société états-unienne - mais finalement valable aussi chez nous, ce type de problématiques étant malheureusement universel - : le patriarcat et le combat pour l'égalité (je recommande la lecture du chapitre sur le contrôle de la liberté des femmes à la procréation uniquement géré par les hommes, et les raisons de ce contrôle), mais aussi la dictature de la minceur et la discrimination fait aux personnes souffrant d'obésité, la « culture" du viol, la discrimination raciale, les enfants, etc.
On m'avait présenté ce livre comme le « livre culte des années 2020 », ou autre bandeau commercial du même type, ce que je déteste d'emblée.
C'est un vrai livre, documenté, qui mélange les vraies analyses avec les réflexions personnelles et les exemples contemporains connus de tous. En ce sens, cet ouvrage est bien plus intéressant et percutant qu'un long discours sur les droits des minorités et des femmes (les femmes ne sont pas une minorité, je rappelle).
En fait ce n'est pas une oeuvre culte. C'est une oeuvre essentielle pour comprendre le monde et je me réserve la possibilité de le relire car je pense qu'il est nécessaire de reprendre plusieurs fois la plupart des articles pour bien comprendre tous les rouages du pouvoir et les mythes de domination qui l'accompagnent.
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Bad féministe est une sorte d'essai, à vrai dire plus un recueil d'essais que l'autrice a publié auparavant, et parfois il y a un peu des recoupements mais tant pis, cela n'enlève rien à la force de ses réflexions et de son témoignage.
Cela se partage en effet entre des réflexions plus générales, sur le patriarcat, sur la culture du viol, sur les rapports entre femmes, sur la consommation de pop culture et j'en passe, et son expérience plus personnelle, en tant que femme noire et universitaire d'origine immigré, Haïti pour être précise, dans les USA d'aujourd'hui.
Pour la partie les médias et leurs horribles représentations de la femme, évidemment comme c'est une américaine, elle ne consomme apparemment que des oeuvres anglo-saxonnes, voire américaines, c'est plus fort qu'eux; mais même quand il s'agit d'oeuvres qui sont inconnues aux lecteurs, c'est bien assez clair et transposables.
C'est parfois très, très dur, plus que je ne m'y attendais, mais c'est indispensable.
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Ce n'est un secret pour personne : je me considère comme féministe. de toute manière, je vois mal comment on pourrait ne pas être féministe, puisque, par définition, cela signifie vouloir l'égalité entre les hommes et les femmes. Ce qui me semble assez normal, comme demande.

Le titre de cet ouvrage m'a donc tout de suite interpellée. de plus, quand j'ai vu qu'il parlait de racisme, de culture... Je ne pouvais qu'avoir envie d'en savoir plus.

Et, à ma lecture, j'ai été touchée, j'ai appris des choses, j'ai réfléchi.
Je savais certaines choses, j'étais consciente d'autres, mais j'avais également une vision superficielle de certains points. Ce livre rappelle des notions : on est tous des privilégiés. Si vous avez accès à un ordinateur pour lire cette chronique, si vous savez lire, vous êtes une personne privilégiée !
Il peut être très bien de le lire pour dessiller un peu les yeux sur les conditions de vie d'autres que vous.

L'autrice rappelle aussi, au cas où le faudrait, qu'on peut être féministe, et aimer les comédies à l'eau de rose ou les tenues affriolantes. Et elle touche aussi du doigt tout ce qu'on accepte parfois et qui nous met mal à l'aise, ce qu'on regroupe maintenant sous l'appellation "culture du viol" et qu'on est censé·es tolérer sous peine de passer pour des personnes grincheuses (je pense ainsi à ses lignes à propos de la chanson Blurred Lines qui m'a toujours dérangée et dont je me suis toujours demandée comment elle pouvait être ainsi produite).

Le livre se lit très facilement, par petites touches. Son ton est léger. L'autrice ne se prend pas au sérieux, même si son fond pourrait l'être. Son humour un peu caustique et sa légèreté contrebalancent efficacement des passages nettement plus profonds, qui font parfois très mal. Mais, surtout, il invite à dépasser ses préjugés et, rien que pour cela, il mérite d'être lu.
Lien : https://made-in-mel.blogspot..
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Bad Feminist est un recueil de différents essais féministes. Il balaie tout un panel de thématiques variées et complètes.

Roxane Gay dit les choses posément, sans être moralisatrice ni juger. Comme elle le dit dans son titre et dans le premier chapitre, elle est une “mauvaise féministe”, c'est-à-dire qu'elle est féministe à son échelle, sans être parfaite.
Oui, on peut être féministe et écouter du rap misogyne.
Oui, on peut être féministe et se raser les jambes ou se maquiller.

Les mots de Roxane Gay font un bien fou, je m'y suis totalement retrouvée. A toujours essayer d'être la plus juste et la plus proche des convictions féministes, je m'y perds parfois. C'est dur de respecter à la fois mes convictions féministes et ce que j'aime. Et je finis par culpabiliser de céder aux diktats de beauté de la société ou de danser sur une chanson aux paroles sexistes.

Les mots de Roxane Gay permettent de se déculpabiliser. Ce n'est pas parce qu'on se rase les jambes qu'on n'est pas féministe. On l'est à son échelle. Il y a une pluralité dans le mouvement qui fait qu'on partage toutes et tous les mêmes idées, mais que chacun l'applique selon sa personnalité et ses convictions personnelles. Il n'existe pas de guide ultime de la Féministe Parfaite.

Les nombreuses références à la pop culture de Roxane Gay sont un plus. Qu'elles soient littéraires (La couleur des sentiments) ou audiovisuelles (Girls, Django Unchained, Twelve Years a Slave…), l'autrice apporte un éclairage nouveau. Elle permet d'ancrer son argumentation en nous parlant de choses que l'on connaît.

Au cours de ces 400 et quelques, elle aborde TOUT : la culture du viol, l'avortement, le poids, la politique, le manque de diversité dans les séries et les films… Ce recueil d'essais est très complet puisqu'il permet de faire le tour de tous les problèmes auxquels sont confrontés les femmes.
Même si parfois quelques passages sont un peu longs, malgré le fait que Roxane Gay parle de choses que l'on sait déjà, elle apporte un regard neuf et lucide sur les questions féministes.

Lien : http://mybooksntea.wordpress..
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Je tiens en premier lieu à remercier Babelio et les éditions Points pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage dans le cadre d'une Masse Critique.

A tous ceux qui se disent "féministes" : lisez-le ! Et à tous ceux qui se disent "non féministes" : lisez-le aussi, peut-être même que je vous y encourage encore davantage ! A ceux qui s'intéressent au racisme, à la multiculturalité : lisez-le ! Et à tous les autres... lisez-le !
Mais ne vous y méprenez pas, ce livre ne traite pas que de féminisme malgré ce que son titre (non représentatif de son contenu selon moi) laisse suggérer. Durant la première moitié du livre, je me suis même demandé quel était le lien entre le titre et le contenu du livre ; mais comme je n'avais pas d'attente particulière le concernant avant d'en commencer la lecture, cela ne m'a pas posé de problème.

Très accessible, cet ouvrage regroupe des écrits qui ont d'abord été publiés dans The Guardian ou sur le site The Rumpus. C'est donc une compilation de textes, ce qui explique l'absence de fil conducteur dans l'ouvrage. Roxane Gay y rappelle que défendre l'égalité des sexes n'empêche en aucun cas de vivre et d'assumer ses contradictions. Les sujets abordés sont multiples : les discriminations (de sexe, genre, race et poids), la représentation des femmes, des noirs, et des femmes noires dans la pop culture, l'amitié entre femmes...
L'absence de structure vraiment "cohérente" pourrait surprendre le lecteur mais pour ma part, j'ai aimé pouvoir le lire de manière décousue et je me suis totalement laissée porter par les pistes de réflexion apportées (j'ai particulièrement aimé l'analyse qui était faite des séries).

C'est une lecture qui fait vraiment du bien, qui invite à la réflexion et qui décomplexe. J'ai pris conscience en le lisant - non pas que je ne le savais pas, mais je ne m'étais jamais interrogée en ces termes-là avant d'y être invitée par cette lecture - que le féminisme n'est pas une attitude, c'est un état d'esprit, une démarche, des convictions. Il faut "avoir conscience". Ca vient du coeur d'abord, de la tête ensuite, des actes et des paroles enfin. A chacun de faire ce qu'il peut avec ce qu'il est et ce qu'il veut être.

«Quels que soient mes problèmes avec le féminisme, je suis une féministe. Je ne peux pas et ne veux pas nier l'importance et l'absolue nécessité du féminisme. Comme la plupart des gens, je suis pleine de contradictions, mais je ne veux pas non plus qu'on me traite comme de la merde sous prétexte que je suis une femme. Je suis une mauvaise féministe. Je préfère être une mauvaise féministe que ne pas être une féministe du tout " (Roxane Gay)

Pour clore ma critique, j'apporte un bémol cependant concernant la traduction française. Je ne l'ai pas lu en anglais puisque je l'ai découvert avec cette version-là mais peut-être que je me laisserai tenter par la VO car la traduction laisse à mon sens vraiment à désirer...
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J'ai eu peur au début car les premiers articles étaient un peu inégaux avec par exemple un article sur le Scrabble qui m'a perdue.

Le point fort selon moi est le fait que c'est déculpabilisant. Comme le titre le suggère, l'autrice ose dire qu'aucune féministe n'est parfaite. Elle annonce la couleur dès le début, on peut être aussi engagée que l'on veut, ça n'empêchera pas d'aimer ponctuellement des choses qui ne collent pas avec nos convictions et surtout on évolue, certaines choses qu'on n'avait pas vues à l'époque comme problématique l'étaient et ce n'est pas grave, ça fait parti du cheminement. Autre point qui m'a beaucoup intéressée est le traitement de la convergence des luttes. Elle met beaucoup de nuances, il n'y a pas de monopole d'une minorité face à un problème/ une discrimination. A chaque discrimination dont elle parle, elle ose dire que ce point est commun aux minorités x, y, z et que ce point est plus spécifique à w. On a des nuances et je trouve que le résultat est plus englobant que l'idée de tout séparer, chacun dans sa boite ou de vouloir regrouper à tout prix tout le monde dans le même panier. C'est un intermédiaire qui me convient bien.

Chaque point abordé l'est à travers la représentation dans la pop culture. Elle décortique ces représentations de manière intéressante mais il vaut mieux avoir les références pour tout comprendre.
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Bad Feminist, sorti en 2014 aux Etats-Unis et seulement cette année pour une traduction française chez Denoël, est un recueil de textes de l'écrivain essayiste américaine, Roxane Gay.

Comme son titre l'indique, l'auteur se revendique comme étant une mauvaise féministe.

»J'ai l'impression que je ne m'implique pas autant que je le devrais, que je ne suis pas digne des idéaux féministes, à cause de qui j'ai choisi d'être et de mon mode de vie. »

Elle recommande un féminisme du quotidien, basé sur une volonté d'égalité homme-femme et non sur une société matriarcale. Elle voudrait plus que tout que la notion de féminisme ne soit plus perçue comme mauvaise, s'acharnant contre les hommes, mais un concept allant de soi, dans le respect de chacun.

Mais et surtout elle va plus loin que le simple féminisme, étant noire et en surpoids, ayant été violée dans son adolescence, elle pointe du doigt la société dans laquelle nous évoluons, afin de faire réagir face à toutes ces intolérances et inégalités de race et de genre. En se basant sur les produits culturels, comme les films ( Twilight ), les séries Girls et Orange is the new black, la romance érotique et le phénomène Cinquante nuances de Grey, c'est tout un pan de notre culture qu'elle décortique à travers le prisme de ses inégalités.

Par l'exemple de procès retentissants aux Etats-Unis ou de personnes influentes, elle nous exhorte à ne pas vivre avec des oeillères et à oser affirmer qui on est, ce sera le premier pas vers plus de tolérance.

Bad Feminist ou le livre qui décomplexe les femmes !

» Je préfère être une mauvaise féministe que ne pas être féministe du tout. »
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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