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Critique de Jean-Daniel


A l'origine, Olivia Gazalé souhaitait écrire sur les femmes, mais alors que le féminisme a remporté une bataille idéologique importante dans la plupart des démocraties occidentales, il subsiste toujours des violences et des discriminations. Olivia Gazalé s'est attelée à une tâche bien difficile : retracer les origines culturelles, politiques, sociales et mythologiques de la « virilité », en remontant de la préhistoire à nos jours. Ainsi, Olivia Gazalé expose de manière simple, mais avec de multiples détails et précisions, les constructions culturelles et sociales liées aux injonctions qui pèsent sur les hommes.

Le mythe de la virilité part du postulat d'une hiérarchie des sexes, d'une supériorité naturelle du masculin sur le féminin. « Sois un homme », « Arrête de pleurer », les injonctions sexistes qui entourent la virilité montrent que celle-ci n'est pas innée, mais construite. Pas plus qu'on ne « naît femme », on ne « naît homme », on le devient par une affirmation constante de cette virilité, par des actes parfois violents physiquement ou psychologiquement. L'homme doit être fort et courageux, volontaire et conquérant, alors que la femme ne peut être que passive, faible et inconstante.

Toutefois, en faisant de la supériorité mâle le fondement de l'ordre social, religieux et sexuel, en valorisant la force, le goût du pouvoir et l'instinct guerrier, l'homme a justifié la domination masculine sur le « sexe faible », mais il s'est aussi condamné à réprimer ses émotions, à redouter l'impuissance et à détester l'effémination, tout en cultivant le goût de la violence et de la mort héroïque.

Dans cet essai, Olivia Gazalé s'attache à déconstruire les clichés associés à l'identité masculine et interroge les injonctions qui pèsent sur les hommes qui se sont enfermés dans des notions de domination et de puissance. La hiérarchie entre les sexes, fondement millénaire de l'ordre social, a implosé, mais l'homme s'est piégé lui-même en se condamnant à devoir sans cesse prouver sa puissance et sa réussite sous peine d'être méprisé ou moqué en raison de son manque de virilité.

Pour que les hommes changent le regard qu'ils portent sur les femmes, il faut qu'ils changent le regard qu'ils portent sur eux-mêmes. Et vice versa. Mais pour qu'ils modifient l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, il faut qu'ils modifient l'image qu'ils ont des femmes. Il y a donc un énorme travail éducatif à mener pour faire comprendre dès l'enfance que le sexisme est un fléau pour les deux sexes. Aussi, l'originalité du propos d'Olivia Gazalé est de montrer que les hommes ont tout à gagner dans la déconstruction des assignations sexuées qui pèsent sur eux comme sur les femmes, et que l'avenir du féminisme repose autant sur la capacité de la femme à lutter contre les préjugés sexistes que sur la capacité de l'homme à s'émanciper des assignations sexuées qui entretiennent, souvent de manière inconsciente, la misogynie et l'homophobie.
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