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Critique de Parisianne


Une découverte pour moi cet auteur, et je ne regrette pas. C'est par la voix que je suis entrée dans ce roman, grâce à l'association Textes et Voix dont je vous parle souvent, et c'est Irène Jacob qui nous a fait la lecture, en présence de l'auteur. Michèle Gazier a longtemps tenu la chronique littéraire de Télérama, elle a écrit plusieurs autres romans, et contribué à la découverte de la littérature espagnole contemporaine en traduisant certains auteurs.



Les convalescentes, ce sont trois femmes que le hasard met en présence. Deux sont dans une maison de repos pour soigner l'une sa dépression, l'autre son anorexie, la troisième, Daisy, un peu plus âgée, est clouée dans un fauteuil roulant suite à un accident de voiture qui a coûté la vie à l'ex-femme de son nouvel époux et l'empêche de rejoindre les Etats-Unis quittés pour de simples vacances.

Des liens vont se tisser au fil des jours, des soins, de ce temps consacré à leur guérison, des liens forts et fragiles à la fois qui se dessinent autour d'une tension croissante, de drames en filigrane.

Lise, professeur en lycée a projeté sa voiture contre la grille de l'établissement dans lequel elle travaille. Arrêtée pour dépression, elle se retrouve donc seule à Saint-Libron dans le Sud de la France. D'après les médecins, elle soigne ce mal si fréquent chez les enseignants. Lise sait que c'est tout autre chose qui la ronge.

" Comment lui dire que son problème n'est pas lié à son métier ? Car c'est ce que Louise pense désormais. Elle a foncé dans la grille du lycée pour en sortir, pas pour y rentrer. Et si c'était regagner sa maison qui l'angoisse ? Et si son "problème", comme on dit ici, n'était pas celui d'un enseignant lambda que les élèves épuisent et qui n'en peut plus de les avoir devant lui mais celui d'une femme qui s'est trompée de vie ? "

Dans cet établissement Lise savoure sa solitude, " derrière sa fenêtre, Lise regarde passer le temps, les gens, avec une certaine sérénité... Être loin de sa vie ordinaire l'apaise. le monde tourne sans elle et c'est tant mieux. Les nouvelles de son mari et de son fils lui parviennent à intervalles irréguliers. "

Un jour pourtant, Lise rencontre une jeune fille " Moi, c'est Oriane, parce que ma mère a trop lu Proust. (...) Je ne compte plus le nombre de fois où je suis venue ici. Je ne suis pas sûre que ça change grand chose. Je suis anorexique comme d'autres sont alcooliques? Dès que je rentre chez moi, j'arrête de manger." Et alors que Lise se désintéresse de son petit garçon de deux ans, elle va se prendre d'affection pour cette enfant gâtée par des parents fortunés mais inattentifs au drame vécu par leur fille. Oriane, qui en général se ferme à tout pour refouler le drame de son enfance, s'ouvre alors doucement à Lise et s'accroche à la jeune femme, cherchant un appui, une présence et même une complice pour séduire l'homme mûr dont elle cherche à attirer le regard.

Cet homme, c'est Maxime, le mari de Daisy, si beau, si attentif au bien être de son épouse, si apparemment lisse, qu'il attire tous les regards, toutes les convoitises, sauf celle de Lise que cet homme étrange met très mal à l'aise parce qu'il lui rappelle quelqu'un sans qu'elle puisse se souvenir de qui il s'agit.

Entre drames et tensions, l'intrigue s'installe doucement, au rythme d'une maison de convalescence dans laquelle les journées sont monotones. le doute plane de bout en bout sur les intentions de chacun, et l'observation des unes par les autres permet à chacune d'analyser sa propre histoire.

" La pièce met en scène quatre personnages. deux femmes amoureuses, une jeune, une vieille. Un homme qui joue avec les deux. Un témoin qui essaie de comprendre. Mais Lise n'est pas un témoin neutre -existe-t-il des témoins neutres ? -, elle cherche à protéger Oriane. Malgré tout ses défauts, cette fille l'a touchée au coeur, ouverte à une forme de sentiment amical, maternel - elle ne saurait dire. "

Avec une grande finesse et beaucoup de délicatesse, Michèle Gazier observe et analyse les sentiments, les blessures de ses personnages. le style est sobre et le roman se lit très aisément.

Un ami m'a dit à l'issue de l'écoute que c'était sans doute un livre de femme, pour les femmes ! Peut-être ! La lecture en tout cas est agréable et si l'on ne parvient pas à s'attacher aux personnages, c'est peut-être parce l'analyse est fine et sans parti pris.
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