Fraîchement débarqué au Kraft, Mortimer Sax compte bien s'illustrer comme prestidigitateur. Si dans sa vie personnelle, Mortimer est un homme réservé et peu sûr de lui, lorsqu'il monte sur les planches, c'est un tout autre homme qui fait face au public. Admirateur du célèbre illusionniste Balthazar, Mortimer rêve d'égaler son idole. Or, une étrange découverte faite dans sa chambre, celle-la même qu'occupait le grand Balthazar en son temps, va lui offrir une opportunité difficilement refusable. Mais peut-il réaliser son rêve à n'importe quel prix ?
Dans
le Cauchemar de Mortimer Sax,
Gwen Geddes nous ouvre les portes du monde mystérieux du cabaret où règnent illusions, paillette et magie. Aussi, le Kraft nous apparaît comme le cadre d'action idéal pour laisser filtrer cette histoire brouillant la frontière entre chimère et réalité.
Au fil des pages de cette novella, on pénètre lentement dans un fantastique qui se teinte progressivement de notes horrifiques. En effet, en quelques lignes, l'autrice pose une ambiance inquiétante et intrigante qui se manifeste notamment par cette entité maléfique dont l'ombre plane sur le narrateur. Or, en soulevant bien des questions quant à son origine et ses motivations, son existence captive le lecteur qui ne demande qu'à voir lever le voile de mystère entourant cette entité. Des auteurs qui ont marqué la littérature du XIXe siècle, j'y vois dans ce texte quelques clins d'oeil, notamment au
Frankenstein ou le Prométhée moderne de
Mary Shelley. Quelque part, cette novella est un hommage au fantastique dans sa dimension originelle.
A travers son personnage principal,
Gwen Geddes revisite la figure de l'antihéros car par sa timidité presque maladive et sa réserve naturelle, Mortimer Sax n'incarne pas vraiment l'image du magicien qui assure le show. Or justement, ici, il est intéressant de suivre l'évolution que l'autrice va lui donner. En effet, en même temps qu'il prend confiance en lui, il prend une véritable épaisseur et s'impose peu à peu à l'histoire comme au spectacle. Ce pouvoir qui lui est conféré au début de l'aventure va le transfigurer sans pour autant l'aveugler complètement. Malgré son désir de faire ses preuves, de plaire aux autres et notamment à la gente féminine ou de ressembler à son idole, Mortimer a un sursaut de conscience lorsque la situation va l'exiger.
Finalement,
Gwen Geddes pointe du doigt le mal-être que la société peut générer chez les gens qui ne correspondent pas à la norme établie qu'elle soit physique ou sociale. Mais vouloir ressembler à l'autre n'est pas forcément le bon choix à faire comme Mortimer va en faire l'amer constat.
Court et bien rythmé, on ne s'ennuie pas un seul instant en compagnie de ce récit qui finalement nous apparaît comme le parfait avant-propos d'un roman plus long. Qui sait ce que l'autrice pourrait nous réserver pour l'avenir ?
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