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Critique de Meygisan


Après le sabre de sang et Des sorciers et des hommes, c'est donc vers Alone contre alone que s'est porté mon prochain choix de lecture concernant Thomas Geha.
La première bonne nouvelle est que j'aime beaucoup les récits post apocalyptiques, et c'est donc tout naturellement que je me suis tourné vers celui ci avant d'autres.
La seconde bonne nouvelle, c'est que l'auteur annonce qu'il rend hommage à Julia Verlanger, dont il dit qu'elle est sa romancière populaire favorite, et tout comme l'auteur, je vous invite, si ce n'est déjà le cas, à vite découvrir l'ensemble de l'oeuvre de Julia Verlanger ( alias Gilles Thomas), que vous ayez lu Alone contre Alone, ou pas.
En réalité, il n'y a que de bonnes nouvelles dans ce roman, dans cette intégrale.
Les personnages sont caractérisés avec finesse et justesse, jusque dans leur manière de parler. L'univers y est sale, dévasté et devenu dangereux pour tout être humain. Au fil des pages, on se rendra compte de cette dangerosité qui s'installe peu à peu, la menace ne venant pas seulement des hommes qui s'entre tuent pour survivre, mais bien de la terre elle même. Je trouve à ce propos intéressant le thème ainsi abordé ( qu'on peut retrouver dans d'autres oeuvres de sf), à savoir qu'après un holocauste causé certainement par la folie de l'être humain et qui a amené sa perte et la destruction de la planète, celle ci se rebiffe d'une manière ou d'une autre et tente par des moyens surnaturelles de lutter contre l'envahisseur responsable de sa perte. J'ai beaucoup aimé la manière subtile et progressive dont Thomas Geah incorpore l'élément fantastique, surnaturel à son récit ( tout comme Julia verlanger), sans que celui ne vienne empiéter sur le ton global de l'histoire. On reste dans un roman sf post apo.
Côté références ( il ne s'agit que des miennes, et pas celles de l'auteur), j'y ai retrouvé des ambiances et des atmosphères proches des univers de Mad Max ou Cyborg sur grand écran ( la seconde n'est pas forcément une excellente référence mais l'aspect crade, poubelle ainsi que la nature du personnage principal m'a fortement rappelé ce film avec JCVD), et j'y ai ressenti cette sorte de désespoir qui caractérise ces films, et qui nous montrent une humanité désabusée, au point d'être déshumanisée, qui retourne à des considérations et des comportements proches de la bête, une humanité qui ne se définirait plus que par sa capacité de survie au détriment d'elle même. Une humanité consciente de sa propre impuissance face à sa déchéance...
J'ai donc beaucoup apprécié de suivre le parcours de Pépé, un Alone, un solitaire, dont les secrets de survie résident avant tout dans ses capacités à rester en mouvement et de combat au corps à corps, à la recherche de celle qui l'a formé, et pratiquement élevé, Grise, une femme forte, intelligente, qui ne sera pas que son simple mentor.
Le roman de Thomas Geha se veut foncièrement positif car dans ce monde dévasté, et malgré la dureté dont font preuve les personnages, c'est bien à la vie qu'ils s'accrochent, chacun à leur manière et même si certains empruntent des voies complètement opposées. Pépé ne vit que pour Grise, par amour, Solenn et son convoi d'Archéo ne survivent que dans la croyance en leur collectif, et elle même est guidée par l'amour jusqu'à la bataille finale. Même les gros pourris de l'histoire comme Argento ont quelque chose de bon en eux. On ne pourra que s'attacher à chacun d'entre eux, ne serait que parce que l'auteur a eu l'intelligence de leur donner une ampleur et une profondeur singulière. Aucun n'est foncièrement mauvais ou bon, mais tous ont ce côté qui les rend si humains, tous ont des doutes à un moment donné, et sont prêts à faire des concessions pour une cause commune. Dans ce monde de solitaires où seule la loi du plus fort prévaut, sans doute un peu d'entraide et de tolérance ( de confiance, à l'image de la relation Pépé/ Corman) mènera vers un monde meilleur, et surtout vers un monde que chacun aura choisi, et pas un monde imposé par un despote, alors que même ces intentions sont louables ( le tambalacoque, ou même Alésia d'une certaine manière).
En fait, Thomas Geha défend certainement la liberté sous toutes ses formes, liberté d'action, de choix, de penser, à travers son personnage de Pépé, qui l'incarne à lui seul, dans ce qu'elle a de plus pure et de plus simple.
Comme je le disais plus haut, Thomas Geha insère méticuleusement un élément surnaturel dans son récit. Que ce soit des capacités surhumaines, la présence de mutants inquiétants, une atmosphère lourde, sombre et menaçante et indicible, une nature qui a muté vers des formes de vie bizarres, difformes, ou complètement monstrueuses, le surnaturel est sans cesse présent, comme une menace qui plane encore et toujours, et qui vient renforcer le récit sans jamais l'alourdir. Il en devient même un élément essentiel caractéristique de l'histoire. On pourrait presque l'humaniser et en faire un personnage à part entière, dont le Tambalacoque pourrait en être l'incarnation.
Tout cela pour dire que, à la manière de Julia Verlanger, Thomas Geha n'oublie jamais ses personnages au profit du surnaturel ou d'un quelconque autre élément qui aurait plus d'attrait. Et c'est en cela, en ce qui me concerne, que réside la plus grande réussite de l'hommage qu'il lui rend.
Encore une fois, bravo et merci Mr Geha pour le plaisir de lecture que vous m'avez procuré. Vives les auteurs français...!
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