Il notait à verse.
Un sombre requiem. Les notes s'écrasaient avec tristesse sur le sol
et sans bruit sur mon imperméable noir.
Il était une fois rien du tout.
Du moins, j'ai toujours cru que ma présence sur cette terre n'avait aucune importance, que j'allais passer puis repartir , sans laisser de traces, sans avoir envie d'en laisser, quoi qu'il advienne. J'ai toujours su que je n'étais rien, et que rien je resterais parce que ma vie avait toujours été ainsi faite ;
D'un pas lourd, je retourne à l'endroit où j'ai fait basculer son corps. Je reste rigide, immuable statue de pierre. Je ne comprends pas.
Une larme s'arrache de mon visage, et part se noyer, plus bas, dans la Vltava
Dans ma tête, venue de nulle part, apparaît l'image d'un orchestre composé de violons et d'une clarinette. J'entends les notes de leur musique pour la première fois de ma vie ; elle sont mélancoliques et donnent un ton de valse triste.
La vie est parfois comparable à un jeu d'escarpolette. Un moment on est en haut, un autre en bas et on n'est rien, mais on s'obstine à vouloir monter plus haut, quitte à tomber...
Il était une fois rien du tout.
Quelques gouttes de sang tombèrent dans l’herbe, qui les absorba aussitôt. Un vertige le saisit. Autour de lui, le jardin s’obscurcit, le temps se figea, comme s’il vivait un moment d’une très longue durée. Tout était silence. Il eut l’impression que la terre le recouvrait, le lierre l’enlaçait. (Dans les jardins)
A trente ans, avec l'impression d'être au lendemain de mes vingt-cinq et de n'avoir rien vécu entretemps, ma situation n'avait guère évolué, hormis sur un point précis : comme une large majorité de mon entourage Mamé avait pris rendez-vous avec St-Pierre et je demeurai seule pour la première fois de ma vie, vraiment seule, dans cette grande et vieille ferme où les rares activités restaient un jardin, une dizaine de poules, autant de lapins, et l'armoire de mon grand-père, remplie en majorité de livres du mois et de volumes hétéroclites dénichés en brocante ou foires Amnesty
Le [jardin] le plus éloigné de la maison était aussi le plus grand parce qu'il hébergeait une longue mare où coassaient des grenouilles. Cela lui rappelait son enfance et cet ami avec qui il partait dans les champs marécageux pour attraper de jeunes batraciens.
J'étais en bas, là où je n'aurais pas du être, sur le palier d'une vieille maison, dans une ruelle pavée de la Ville Basse, sans nom.