Je dois dire que j'ai eu un peu de mal avec ce roman. Pour deux raisons, d'abord mon mode de lecture , qui consiste à toujours lire plusieurs livres à la fois , et ensuite -et surtout- la manière dont cet écrivain a raconté l'histoire de cette famille, allers et retours, mais surtout morcellement d'histoires individuelles, toutes racontées au présent, qui concernent pourtant bien l'histoire de personnages très proches puisque sur trois générations ( grands parents -parents- enfants) qui se sont bien connus, mais qui donnent l'impression, à la lecture, de n'avoir que peu de liens entre eux. Ou plutôt de les rejeter. de ne surtout rien vouloir savoir.
Philipp , qui hérite, bien malgré lui, de la maison de ses grands parents, ne connaît rien, par exemple de l'histoire du boulet de canon sur la rampe d'escalier, qui a pourtant toujours été là. Seul le présent l'intéresse : Avec le temps tout est décrépit, bousillé, superflu, inutile , et les affaires de la grand-mère vont finir à la poubelle.
C'est un roman que j'ai trouvé très dense et complexe, parce que tout est raconté de façon fragmentée, et qu'en fait ce n'est qu'à la fin que commencent à se rassembler les morceaux épars de cette famille. Enfin, ceux qui restent et racontés par ceux qui veulent le faire.
C'est-à-dire une seule personne, Alma, la grand-mère . Qui aimerait bien parler avec son mari de choses qu'il a tenues secrètes toutes ces années. Des secrets qu'il a bien gardés.
"Et pour qui? Pour qui? Pour personne. Pour ne même plus pouvoir se les avouer à lui-même un jour ou l'autre. Des trésors, mais il ne sait plus où il les a enterrés. Des arbres comme points de repère. Les rivières, je crois, Richard, se sont creusées un nouveau lit. Des fleuves. Débordés. Des lacs. Asséchés. Ce qui était un fleuve est un lac. Comme des excréments de poisson les évènements partent par le fond, le fond, c'est-à-dire la mer."
Elle ne peut guère faire autrement que de laisser couler, Alma , son mari est atteint de la maladie d'Alzheimer, son fils est mort à la guerre et sa fille s'est noyée, et personne n'en a reparlé, de ces deux enfants morts..
Quant aux petits enfants, l'aînée est partie très tôt aux Etats-Unis sans donner de nouvelles, et le garçon , ce Philipp donc , pense , après qu'une phrase importante ait été prononcée ( par quelqu'un d'étranger à la famille, bien sûr..) : "-Tout être raisonnable regarde droit devant, et pour pouvoir regarder devant soi, il faut savoir ce qu'on a derrière soi. Tu ne peux pas te raconter des histoires et prétendre le contraire."- qu'il n'a pas beaucoup d'histoires à se raconter que ça tiendrait sur un timbre poste.. même la mort de sa mère.
Un roman, oui, qui parle d'amnésie, volontaire ou non. Il faut sans doute plus que j'ai pu le faire, savoir mettre en relation cette volonté de non- mémoire avec l'histoire de l'Autriche , un pays où , toujours selon Alma, sitôt entré, on doit ou on peut déposer le passé, selon la situation dans laquelle on se trouve .
Il me semble que c'est un roman qui doit rentrer en résonance avec culture et histoire autrichiennes et qu'il aurait sans doute fallu que je la connaisse mieux! Je ne pense pas que mon commentaire confus puisse encourager à lire ce roman, et pourtant... pourtant il y a des pages magnifiques.
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J'ai eu bien du mal à entrer dans cette histoire de famille. Il a fallu plus de 200 pages pour que je commence à m'intéresser à la vie des personnages, en particulier à Ingrid et Peter les parents de Philippe. Malheureusement les évocations du passé sont entrecoupées par de longs passages concernant de ce même Philippe et il est loin d'avoir une vie passionnante! Complètement largué, il subit les évènements, que ce soit sa liaison avec une femme mariée ou les travaux dans sa maison. Cependant, au fil des page j'ai ressenti sa grande détresse et son désir d'avoir des amis coûte que coûte m'a quelque peu émue. Bref, cette incursion dans la littérature autrichienne ne m'a pas emballée et je ne recommande pas ce livre excepté si on a envie d'en savoir plus sur l'histoire du pays et qu'on n'a pas peur de s'ennuyer un peu.
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Son ventre s'arrondit misérablement, des bourrelets gélatineux entourés de plis profonds et pas le moindre soupçon de bronzage bien que l'été vienne à peine de finir. Pas de muscles non plus, de la graisse, rien que de la graisse, des bouffissures, tout le gras des sept années grasses. Là-dessus des poils sombres et gris rassemblés autour d'un nombril blanchâtre, comme s'il en émanait un attrait magique. . .
En secret chacun de nous voudrait savoir ce que lui réserve l'avenir, ne serait-ce que pour pouvoir imaginer plus facilement, au présent, qu'il sait encore ce qu'il fait.
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