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EAN : 9782702123959
176 pages
Calmann-Lévy (01/01/1995)
4/5   1 notes
Résumé :

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais l'Anjou, pour moi, c'était surtout la Loire.
La Loire me fascinait par son mélange de douceur et de force, et, rien qu'à la regarder, quelque chose m'appelait.
Le vent de la mer était sur la Loire à chaque instant.
C'était lui qui installait au-dessus du fleuve ces ciels d'une limpidité admirable que j'ai retrouvés, plus tard, en Toscane, et surtout en Ombrie.
Les ciels de Loire restent bleus, même la nuit. Les orages fréquents les laissaient extraordinairement purs, lavés de rose et de blanc comme la corolle des volubilis.
Une douceur emplissait le monde comme si elle avait été le suc même du pays, comme si elle fluait de chaque atome du paysage, des coteaux où le raisin mûrit sur les escaliers crayeux, des grèves de sable rose, des touffes de saules, des prairies, des maisons blanches à toit d'ardoise qui ont toutes leur cave dans la falaise contre quoi elles s'accotent.
Je regardais la Loire.
Elle coulait tranquillement dans sa vallée blonde, charriant du sable, roulant des feuilles de saule et de peuplier, et s'égarant parfois pour dormir dans les « boires », les lagunes installées le long de ses berges par les inondations.
Elle reflétait les vignobles penchés, les caravanes de nuages et le vol indolent des oiseaux.
Le monde autour du fleuve avait un goût tranquille de potagers et de vergers, d'espaliers, de treilles et de roses trémières.
Un pêcheur dans un petit canot goudronné allait relever ses verveux près d'un ponton de bois pourri.
Il y avait un champ de citrouilles dans une île enveloppée de saules.
Au fond d'un pré tout dénivelé sur lequel la Loire, chaque hiver, promène ses tourbillons, on avait installé de minuscules chénevières.
Je regardais la Loire.
Je me disais : elle va vers l'océan ; elle y va, sans perdre une minute. Rien qu'à recevoir l'éblouissement de ses eaux, je me sentais dépaysé, parti aux cinq cents diables. Elle me happait, elle m'emmenait sur sa route océanique.

Chapitre III, p.25 à 27.
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Le régime de l'internat était d'une sévérité inouïe. Chaque jour, nous nous levions à cinq heures et demie pour communier. Comme forte tête, j'étais l'objet d'une attention toute particulière. L'abbé Dorne - surnommé "Marcel" -, ancien professeur de philosophie doux et affable, dès qu'il fut nommé maître de discipline, se mua en tyran à la physionomie de paranoïaque. Plein de mépris et de haine, le regard flou derrière d'épaisses lunettes que l'on disait truquées - pour voir derrière ! -, il fut la terreur de plusieurs générations d'élèves. On en parle encore maintenant à Saint-Malo et alentour.
Je réagissais à la situation avec toute la rage de la jeunesse. "Puisque c'est comme ça, je vais être le dernier de la classe." Et je m'évertuais pour tenir parole, bien que je sache pertinemment que mes mauvaises notes navraient mon père. J'avais beau faire, je n'arrivais pas à être dernier. Un garçon de Pontivy, Armand Fondain, me damait le pion, et les doigts dans le nez, obtenait la place convoitée. Le prof nous appelait "les intellectuels du fond". J'avais beau écrire mal, augmenter volontairement les erreurs, maculer mes pages de pâtés et de ratures, Armand Fondain était indétrônable. (Il a fini sa carrière comme gendarme.)

Chapitre XI, p111-112.
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Pour ma part, le drame de la guerre civile espagnole m'accablait. J'avais été frappé par un livre intitulé Les Derniers Jours de l'Alcazar. C'était l'histoire d'un jeune républicain qui s'opposait ouvertement à son général de père. Les prêtres du collège nous distribuaient des journaux satiriques où Blum était représenté avec le couteau entre les dents, mais cette propagande n'arrivait pas à me laver le cerveau. Et je trouvais ridicules les deux bateleurs fous dont les actualités cinématographiques nous montraient la parade. Mussolini était un histrion aux attitudes outrancières. Hitler, plus inquiétant, ressemblait à un petit sergent sans envergure qui aurait volé quelque part un uniforme de général. Sa moustache à la Charlot était déjà démodée.
Mais j'étais, comme beaucoup de Français, complètement inconscient des menaces de guerre.

Chapitre XII, p120.
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