Le sabbat des éphémères

Une des grandes inconnues de l'Imaginaire en France : la littérature québécoise.
Malgré quelques tentatives d'importation récentes comme Sous Béton de Karoline Georges ou Chroniques du Pays des mères d'Elisabeth Vonarburg (bientôt réédité chez Mnémos), le lecteur français connaît peu ce qu'il se fait de l'autre côté de l'Atlantique.
Grâce à Mathieu Lauzon-Dicso, nous allons aujourd'hui nous pencher sur le recueil de nouvelles fantastiques et science-fictives d'une jeune autrice québécoise : Ariane Gélinas.
Publié chez les éditions Six Brumes et reprenant nombre de textes parus ailleurs, le Sabbat des Éphémères offre un superbe condensé du talent de l'écrivaine.

C'est un voyage en treize textes que nous propose Ariane Gélinas et qui commence par l'histoire d'un chauffeur de taxi de Montréal et l'une de ses clientes persuadée d'avoir décoder le labyrinthe des rues de la ville.
Dans L'Envers du labyrinthe, la québécoise pose les bases de son écriture fantastiques, une écriture douce et poétique, fluctuante à travers les mondes et les registres, capables de nous parler de perte(s) comme de retrouvaille(s). Même si cette nouvelle n'est pas du tout la plus réussie du recueil, elle permet de nous introduire dans un fantastique au potentiel poétique évident.
Comme on l'a dit cependant, le Sabbat des Éphémères n'est pas seulement une succession d'histoires fantastiques puisqu'Ariane Gélians ne rechigne pas à chasser sur les terres de la science-fiction comme elle le prouve avec Les Jardins de Tantale, sublime texte où le lecteur découvre l'horreur quotidienne d'un peuple extraterrestre réduit en esclavage sur son propre monde par des envahisseurs impitoyables utilisant les enfants mort-nés de leurs unions métissées pour faire verdir la planète. Un postulat brillant mené à son terme en un nombre de page serré et qui prouve que le talent n'attend pas le nombre de mots alignés.
La science-fiction reviendra dans d'autres textes comme Mère matière où l'on élève artificiellement des êtres écailleux qui en viennent à subir les affres de leurs propres traits humains : la jalousie et la vengeance. Citons aussi Quand les pierres rêvent, autre texte poétique en diable sur une terre lointaine où les dunes du désert appellent les êtres humains à venir se perdre en leur sain à tout jamais.
Ce qui apparaît de façon évidente ici, c'est que peu importe le registre premier du texte, Ariane Gélinas se débrouille toujours pour lui adjoindre une part poétique et fantastique.

Voyez par exemple Ombres jumelles où deux soeurs jumelles vivent dans la même chambre, l'une peut dormir dans le lit alors que l'autre est condamnée à rester enfermer dans l'armoire, suspendue tête en bas aux cintres froids de ce débarras ténébreux. de l'horreur suscitée par cette histoire, Ariane en tire un récit étrangement doux et triste où l'acte final inévitable n'est que le reflet d'une vie gâchée. Les textes de la québécoise, en plus d'être touchant à souhait et très souvent fichtrement bien écrits, jouent avec les mythes : celui du loup-garou dans L'ascendance des sélènes, celui du zombie (et de Gogol) dans le jeu des âmes mortes, celui des revenants avec Les noyés de Saint-Ignace ou encore avec celui du Wendigo dans Les glaces éternelles. Tordant à sa guise créatures folkloriques et légendes urbaines, Ariane Gélinas accouche aussi toujours d'histoires à la mélancolie lancinante et parsemées de coeurs brisés.
Il faut voir la tristesse entre les lignes de Lieux de passage où une jeune femme assouvit les rêves de chairs des fantômes de motels anonymes, il faut ressentir la tristesse de cette femme qui perd son identité (ou la retrouve ?) dans L'Arantèle, il faut ressentir le besoin de s'accomplir des deux personnages des Espaces atlantiques.
Dans le recueil de la québécoise, il y a une humanité qui s'accroche au fantastique à moins que ce ne soit l'inverse…mais peu importe le résultat s'avère d'autant plus touchant et réussi.

La langue française a encore de belles surprises pour les lecteurs, d'où qu'elle vienne. Ariane Gélinas rassemble treize morceaux de fantastique mâtiné de science-fiction et d'horreur pour brosser un portrait large du genre.
Le Sabbat des Éphémères se consomme lentement et avec volupté, envoûté par une délicatesse et une inventivité qui fait plaisir à lire.
Lien : https://justaword.fr/le-sabb..

Ma première référence pour ce qui a trait au livre de l'écrivaine Ariane Gélinas fut 6, chalet des Brumes un hommage aux livres dont vous êtes le héros. Comme d'habitude, je vois que les auteurs québécois ont de gros problèmes lorsque vient le moment de finir un récit. Et Ariane Gélinas n'y échappe pas, par exemple pour sa première nouvelle L'envers du labyrinthe j'aurais préféré une fin plus puncher elle aurait pu faire allusion au monde parallèle un peu à la Graham Masterton pour Les Gardiens de la porte. Dans le même ordre d'idée, L'ascendence des sélènes me faisait penser à un romancier que j'ai adoré adolescent Dean Koontz avec Midnight. Je trouvais qu'il y avait beaucoup de point en commun entre les deux histoires. Il y a aussi l'intrigue de la nouvelle le jeu des âmes mortes qui rappelait un roman de Kim Wilkinsle Grimoire où un fantôme jeune adulte faisait l'amour avec une jeune femme bien vivante. Les glaces éternelles c'était un roman de qualité comparable à Biz Mort-Terrain ou a un mauvais épisode de Supernatural pour celui du Windigo. Comme vous voyez les auteurs d'ici ne connaissent pas vraiment c'est quoi l'horreur ils devraient lire plus afin qu'il y est moins de comparaison.

Ariane Gélinas à définitivement une plume remarquable. Chaque nouvelle de ce recueil a un petit quelque chose d'envoûtant et de complètement déstabilisant en même temps. L'auteur nous transporte d'un univers à un autre, dans des scénarios fantastiques souvent glauques, horrible, doux ou même violent. Une lecture que je recommande fortement aux amateurs de fantastique, de science-fiction et d'horreur gothique !
Lien : http://www.horreur.quebec/le..