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EAN : 9782296094093
318 pages
Editions L'Harmattan (31/07/2009)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Après soixante ans d'oubli, l'œuvre de Mel Bonis éveille aujourd'hui l'intérêt des musiciens et du public qui redécouvrent les talents français de la lignée de César Franck et qui s'intéressent aux femmes pionnières qui ont excellé dans les disciplines traditionnellement réservées aux hommes. La biographie de Mel Bonis relate la vie d'une femme et la genèse d'une œuvre. On assiste à la transfiguration de la douleur par la création musicale et l'on voit se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ma première rencontre avec la musique de Mel Bonis s'est faite, il y a plus de dix ans, grâce à un CD où j'avais particulièrement apprécié l'oeuvre « La cathédrale blessée » qui m'avait attirée déjà par son titre si poétique. Depuis je fais inlassablement découvrir sa musique pour piano à mes élèves qui souvent partagent mon admiration. Cette musique de style post romantique se caractérise par sa force d'inspiration que nourrit un psychisme hypersensible, une âme mystique et passionnée. C'est une musique qui joue des harmonies et des rythmes en une palette originale et savante. Elle se teinte d'impressionnisme, d'orientalisme…
L'auteure de cette biographie Christine Geliot, pianiste, avec double formation de musicienne et de psychologue, est une des arrière-petites-filles de Mel Bonis. Mel Bonis, voilà une femme au destin romanesque ! Christine Geliot signe une biographie empreinte de pudeur et de vérité musicologique, elle n'invente rien « pour faire beau » et pourtant la vie même de Mélanie Bonis appelle une réalisation cinématographique ! Évidemment elle me fait penser à la vie mouvementée de Jeanne Hébuterne, de Camille Claudel, ou encore de Séraphine de Senlis. Et quand je rédige ce billet, l'inoubliable critique de @torpedo (Nathalie) sur Jeanne Hébuterne et celle de @kielosa (« Une femme » d'Anne Delbée) résonnent en moi. Ah ces femmes artistes jusque la folie, ces femmes blessées, qui nous donnent des frissons aujourd'hui ! Quand je lisais la biographie de Mel Bonis j'ai été plusieurs fois surprise par le fait qu'elle avait passé par mes endroits préférés de Paris ou d'Étretat. Depuis, j'ai le sentiment d'emboîter son pas quand je suis dans le quartier du Marais ou quand je pénètre dans l'église Saint-Gervais. Tout comme je pense involontairement à Schubert quand je suis à Vienne. J'adore me balader en sentant mon esprit hanté par un artiste ou par une oeuvre en particulier.
Aujourd'hui lorsqu'on se promène dans le 4e arrondissement de Paris, on ne voit aucune plaque mémoriale sur la maison où Mel Bonis était née. Il y a seulement un restaurant végan au 24 de la rue Rambuteau…
Durant toute sa vie Mel Bonis affronte avec courage et détermination les préjugés hostiles à la vie d'artiste et contredit les mœurs légères que l'on prête aux femmes qui se destinent à une telle carrière.
Aujourd'hui, on publie déjà une seconde édition de la biographie de Mel Bonis, enrichie de nouvelles recherches. Car, après soixante ans d'oubli, son oeuvre éveille enfin l'intérêt des musiciens et du public qui redécouvrent les talents français de la lignée de César Franck. Et c'est actuellement dans l'air de rendre justice aux femmes pionnières qui ont excellé dans les disciplines traditionnellement réservées aux hommes.
Mel Bonis est issue d'une famille modeste de la petite bourgeoisie parisienne et reçoit une éducation religieuse très stricte. Rien ne la prédispose à une destinée musicale. Elle s'initie au piano de manière autodidacte jusqu'à l'âge de 12 ans jusqu'au jour où ses parents, sous l'influence d'un de leurs proches, se résignent (!) à lui offrir un enseignement musical. Élève exceptionnelle, elle sera présentée à César Franck qui ouvrira pour elle les portes de Conservatoire en décembre 1876. Elle partage les mêmes bancs que Debussy et Pierné ! Mélanie Bonis, promise au métier de couturière, était selon les témoignages de ses maîtres du conservatoire, la plus forte de la classe quoique paralysée de peur. Elle choisit le pseudonyme Mel Bonis pour ne pas être reconnue comme femme en tant que « compositeur ».
En 1879, à la classe de chant, elle fait la rencontre d'Amédée Landely Hettich, l'unique amour de sa vie, un jeune homme doué d'une forte personnalité et en même temps critique musical au journal l'Art Musical. Mais les parents de Mel Bonis s'opposent au mariage et obligent la jeune fille à quitter le Conservatoire pour la séparer de lui… En 1883, mariage arrangé par la famille, la belle Mélanie épouse Albert Domange, industriel, deux fois veuf, père de cinq garçons et de 25 ans son aîné. Elle vit bourgeoisement, toute entière consacrée à ses devoirs familiaux pendant presque dix ans, dans un hôtel particulier près du Parc Monceau, et passe ses vacances et week-ends entre sa propriété de Sarcelles et sa villa à Étretat. Elle a trois enfants.
Après cette période, elle retrouve Hettich qui l'encourage à composer de nouveau, la rapproche du milieu musical et entreprend avec elle un travail de longue haleine sur les airs classiques du répertoire des chanteurs. Éternellement éprise de cet homme, Mel Bonis va souffrir un conflit entre ses sentiments naturels et ses convictions religieuses, épreuve longue et douloureuse. Sa culpabilisation aiguisera sa sensibilité et induira sa créativité. En 1899, elle mettra au monde un quatrième enfant qu'elle assumera en secret : Madeleine, enfant qu'elle ne pourra jamais reconnaître. Mel Bonis tente de survivre par la prière. Et ses prières ont été entendues car Madeleine échappe au bombardement par la Grosse Bertha de l'église Saint-Gervais à Paris qui fit 88 morts et 60 blessés le 29 mars 1918 !
En proie au doute jusqu'à sa mort, Mel Bonis compose plus que jamais dans les années 1900, sublimant ainsi sa douleur, la transformant en création. Malgré la facilité et la vivacité de son inspiration, Mel Bonis travaille en profondeur tout ce qu'elle écrit. Malheureusement, sa musique n'aura pas assez d'occasions d'être produite dans les salles de concert parisiennes pour atteindre la notoriété qu'elle mérite: on se souvient néanmoins d'un certain nombre de concerts, principalement entre 1900 et 1910. Personne autour d'elle ne l'aide à la promouvoir.
Après la mort de son mari en 1918, elle invite Madeleine à passer des vacances dans la villa d'Étretat avant de l'accueillir chez elle – au titre de filleule de guerre et sans jamais dévoiler son identité. Édouard, le dernier fils de Mel Bonis, revenu de la guerre, tombe amoureux de Madeleine et veut l'épouser. Mélanie n'a pas d'autre choix que d'avouer, sous le plus absolu secret, la vérité. Je ne dévoile pas la suite.
Après la fin de la première guerre, les moeurs changent et les arts quittent les voies académiques. Imprégnée de l'éducation reçue, psychologiquement fragile, Mel Bonis, l'âge avançant, ne peut s'adapter à ces changements qui l'angoissent et elle fait un rejet du monde qui évolue. Elle s'isole mais éprouve un plaisir grandissant dans la compagnie de ses petits enfants. Elle se réfugie de plus en plus passionnément dans la religion qui la protège contre l'angoisse et donne tout le sens à sa vie. Elle écrit ses pensées qui seront collectées par ses enfants sous le titre "Souvenirs et réflexions". Elle aspire à la pureté morale et tente désespérément de communiquer cet idéal autour d'elle. En 1932, son fils Édouard décède au Caire. Elle passe les cinq dernières années de sa vie, allongée, souffrante, écrivant toujours sa musique avec autant d'énergie, mais trop faible pour en faire réaliser l'exécution. Dans une lettre à sa fille, elle écrit : « Ma grande tristesse : ne jamais entendre ma musique".
On vient de découvrir ses dernières oeuvres et notamment sa messe imprégnées du désir mystique de se fondre à l'infinie douceur de Dieu et à son "pur amour". Elle est enterrée à Paris, au cimetière de Montmartre, en 1937.
Lisez donc la biographie de Mel Bonis, cette femme-cathédrale, cette cathédrale blessée !
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Incroyable destin de femme compositrice et pianiste douée qui par les codes sociaux sera vouée à être contrainte au mariage arrangé.. et quelle sensibilité dans sa musique ! ses compositions romantiques enchantent les oreilles !

Le livre retrace sa vie et propose l'analyse des ses oeuvres et ses compositions, pas rébarbatif du tout.
Artiste à découvrir et à remettre à l'honneur !

Je vous recommande d aller écouter le trio flûte violon et piano op.59!
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