Sur un thème central du "Paris brûle-t-il ?", un savoureux traité de négociation en action...
Courte pièce du "jeune" dramaturge contemporain
Cyril Gély (l'auteur du remarqué "
Signé Dumas"), créée en janvier 2011 au Théâtre de la Madeleine, "
Diplomatie" marque le lecteur.
L'auteur a imaginé et reconstruit l'entrevue décisive d'août 1944, au cours de laquelle le consul de Suède
Raoul Nordling serait parvenu à convaincre le général allemand von Choltitz de désobéir aux ordres de Hitler, et de NE PAS anéantir Paris sous les explosifs.
"NORDLING : J'en doute, général. Tuez-en un [terroriste], vous en ferez naître deux autres.
CHOLTITZ : Tout dépend des moyens, monsieur le consul. Croyez-moi, ces terroristes ne vont pas tarder à comprendre qu'on ne brave pas le Reich. Jusqu'ici nous avons été plus que conciliants? Nous n'avons jamais tué personne pour le plaisir de tuer. Mais par simple obligation. Par représailles..."
"CHOLTITZ : Je suis un soldat. Je n'ai pas à me poser ce genre de questions.
NORDLING : Pardonnez-moi, général, mais c'est justement parce que vous êtes un soldat que vous devez vous poser ce genre de questions. Sinon ce serait la porte ouverte à toutes les atrocités. Vous pourriez tuer, piller, mettre à sac, en toute impunité, simplement parce qu'on vous en aurait donné l'ordre. Ce serait un peu trop facile, vous ne trouvez pas ?"
Le face-à-face entre Niels Arestrup et André Dussollier devait être spectaculaire, et même si la dramaturgie retenue n'est pas exempte de quelques faiblesses (la construction de la position de Choltitz utilise un peu trop un "deus ex machina" avec la Sippenhaft...), ce bref ouvrage peut s'inscrire aisément, aux côtés de "
Saint-Germain ou la négociation" (
Francis Walder, 1958) ou de "
Douze hommes en colère" (
Reginald Rose, 1953) parmi ces remarquables traités de négociation empruntant l'apparence anodine d'une création littéraire...