Citations sur La forêt aux violons (15)
Tant que tu ne sauras pas pourquoi tu fabriques des violons, aucun son n'en sortira.
Entendre un violon c’est entendre Dieu. C’est entendre l’univers. L’inaccessible. Et pourtant il n’est fait que d’un peu de bois, de quatre boyaux de mouton pour les cordes, et de crins de cheval pour l’archet.
--J'ai réfléchi, tu sais, et je ne désire plus être enterré avec tes cinq violons. Un seul suffira. Je donnerai les quatre autres aux villages voisins pour qu'ils puissent eux aussi profiter de ta musique. Quand tu auras fini de les fabriquer, je choisirai celui qui m'accompagnera. Ce ne sera pas forcément le plus beau ni même le plus mélodieux, mais celui qui me ressemblera.
Et pourtant il n’est fait que d’un peu de bois, de quatre boyaux de mouton pour les cordes, et des crins de cheval pour l’archet. (…) Il y a soixante et onze pièces. Mais lorsqu’elles sont toutes assemblées, elles n’en forment qu’une. Et pour autant on ne fabrique jamais deux fois le même violon. (…) Il y a une tête, des ouïes, un corps, des chevilles, une poignée. Le chevalet qui maintient les cordes possède des pieds, des bras, des jambes, un cœur. Sans oublier l’âme. Sans elle le son n’existerait pas. Oui, on fabrique toujours un violon qui nous ressemble, ou qui ressemble à la femme que l’on aime. Comme une histoire d’amour.
- Je ne veux pas me disperser, disait-il. Je dois me focaliser sur mon étude.
- Quelle étude ?
- Le violon parfait.
Francesca l'observait avec des yeux ronds.
- Le violon parfait ?
Antonio hochait la tête.
Et tandis qu'il s'apprêtait à tourner les talons, elle ajoutait :
- Es-tu bien certain qu'il existe ? (P.111)
C’est un monde, répondit Antonio. Un monde avec deux petites fenêtres en forme de f. Et qu’y a-t-il à l’intérieur? De la musique, divine. Entendre un violon c’est entendre Dieu. C’est entendre l’univers. L’inaccessible.
Tant que tu ne sauras pas pourquoi tu fabriques des violons, aucun son n’en sortira.
Entendre un violon c'est entendre l'Univers. L'inaccessible.
Comme si le monde d'ici nous transportait vers un monde inconnu.
On ne fabrique jamais deux fois le même violon.
Un bon luthier le conçoit toujours à son image, tant par la forme que par le son qu'il dégage.
Il y a une tête, des ouïes, un corps, des chevilles, une poignée. Le chevalet qui maintient les cordes possède des pieds, des bras, des jambes, un cœur. Sans oublier l'âme. Sans elle, le son n'existerait pas. On fabrique toujours un violon qui nous ressemble, ou qui ressemble à la femme que l'on aime. Comme une histoire d'amour.
« Il vit aussi, mais peut-être était-ce son imagination, une jeune fille venir à lui. Ses yeux étaient en amande et ses cheveux avaient la couleur du miel. La jeune fille souriait. Elle ne dit rien. Elle unit simplement ses deux index en une ligne parallèle : « amis ». Puis elle disparut, au moment où Antonio ouvrait la bouche pour lui répondre. » p. 170
« - Mais quand vas-tu construire ton fameux violon ?
Il répondait invariablement :
- Plus tard.
- Pourquoi plus tard ? De quoi as-tu peur ?
- Oh, je n’ai peur de rien.
- Eh bien alors, qu’attends-tu ?
Antonio esquissait un sourire et ajoutait, presque pour lui-même :
- Mes épicéas.
Francesca grognait, soufflait, et quittait la pièce en déclarant :
- Je n’ai pas trois enfants, mais quatre !
Antonio ne tentait pas de la retenir. Il hochait seulement la tête pour lui donner raison.
- Quatre enfants, admettait-il. Comme les cordes d’un violon. » pp. 156-157