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Critique de bran_601


C'est une époque de bravoure et de trahison.
Une époque de bains de sang et de terreur.
Une époque pour les héros !

Ce qui est particulièrement impressionnant dans cette relecture de l'ILiade de David Gemmell, c'est la capacité de l'auteur à renouveler le mythe tout en lui rendant un bien beau témoignage d'affection.
Si vous connaissez bien le mythe de la guerre de Troie et avez peur d'y retrouver ici un récit trop contemplatif, trop respectueux du matériau de base, un récit où l'auteur ne réussirait pas à s'octroyer la liberté nécessaire pour concevoir sa propre histoire, attendez vous à être agréablement surpris.
D'ailleurs les deux premiers romans du cycle se déroulent avant les événements contés dans l'Iliade de Homère, ce qui laisse la place à une interprétation libre et appropriée de David Gemmell.

La structure du roman alterne, chose n'est pas coutume selon l'auteur, différents points de vue, avec tour à tour Hélicon (Enée), prince de Dardanie et allié de Troie, Gershom le mystérieux naufragé égyptien, Andromaque une prêtresse d'Artemis de l'île de Théra, Argurios un légendaire guerrier Mycénien aujourd'hui en disgrâce et enfin Ulysse, l'opportuniste Roi marchand de l'île d'Ithaque..

Ce premier roman dévoile donc la contexte géopolitique de cette Grèce antique où s'oppose les deux super puissance de la méditerranée.
D'un coté les rois Achéens avec en chef de file Agamemnon Roi de Mycènes, et de l'autre ce qu'on pourrait appeler une ligue orientale guidée par Priam, Roi de Troie et vassal de l'empereur hittites.

Deux puissances aux forces dissemblables :
_ les Achéens ont une grande puissance militaire terrestre mais peu de ressources et de richesses
_ les Troyens et leurs alliés sont la grande puissance maritime de son temps, maître des routes maritimes et donc du commerce .. .

A l'instar de Bernard Cornwell sur son cycle d' Arthur Pendragon, David Gemmell s'empare d'un mythe pour le transposer dans une réalité historique probable, et en cela le cycle de Troie constitue bien pour l'auteur une nouveauté puisqu'il s'apparente plus à une fiction historique qu'à un récit de fantasy antique comme pouvait l'être le Lion de Macédoine ou bien le diptyque sur Uther Pendragon.
De ce fait l'autre grande particularité de cette histoire est l'abstraction de tout ce qui a trait aux éléments divins et mythologiques de la légende pour véritablement laisser aux hommes dans le récit, la responsabilité de leurs actes et la responsabilité du destin qu'ils se forgent.

Dans l'idéologie de David Gemmell, nous ne sommes pas " prédisposé à" mais nous apprenons avec le temps à faire le bien ou le mal et nous choisissons et nous mourront pour les valeurs que nous auront bien voulu défendre.
Dans ce sens, les héros de ce récit seront ceux amenés à payer le prix du sang pour une cause humaniste, et non ceux que les conteurs aiment à présenter comme des figures divines et donc inaccessibles.
David Gemmell aime l'idée qu'en chacun peut naître l'étincelle capable d'enflammer les ténèbres.

Dans Troie, David Gemmell prend de la distance également sur la nature des personnages et requalifie également les liens qui les unissent (Ulysse et Enee, Andromaque et Enée, Hector et Andromaque etc ...) sans toutefois s'affranchir totalement d'une grande ligne directive qui reprend les éléments clefs de l'oeuvre de référence.
Astucieusement il présente les choses subtilement de manière à ce qu'elle puisse être avec le temps appréhender sous la forme développée par Homère.
L'exemple de Ulysse, présenté également comme un fameux conteur et faiseur d'histoires dans le roman, qui n'hésite pas afin de divertir son auditoire à agrémenter de manière fantastique ses propres péripéties et ce afin de se forger sa propre légende. (on notera certaines références à l'Odyssée ici ou là).

Le récit regorge de grands moments épiques dans la pure tradition de l'auteur, et pour peu que vous preniez place sur le vaisseau Xanthos sous le commandement d'Helicon, vous aurez droit en prime cette fois à d'inédites batailles navales sur fond de la grande Verte.

Hélicon est l'un des personnages de David Gemmell les plus insaisissable jamais écrit, c'est un homme assez introspectif, un homme qui s'est construit dans la douleur et dans la souffrance un peu à la manière d'un certains Dakeyras.
Mais c'est surtout un homme finalement assez nihiliste, n'ayant pas fondamentalement foi en l'humanité, un homme prêt à faire durement payer le prix de la sauvegarde de ceux dont il a la responsabilité.
C'est aussi un homme qui ne livre pas facilement ses états d'âmes et ne donne pas facilement son amitié comme son amour d'ailleurs.
C'est un homme forgé par cette époque, pour cette époque, un homme pouvant se montrer d'un cruel réalisme et d'une cruelle efficacité, mais c'est aussi l'image de l'ami fidèle qu'on aimerait avoir, celui avec lequel on aimerait combattre dos à dos dans la fureur de la mêlée, celui à qui on pourrait confier sa vie.

David Gemmell a toujours eu le don de concevoir des textes ayant la capacité de suspendre le temps au rythme de notre lecture.
Le seigneur de l'arc d'argent est admirablement bien écrit et se dévore littéralement jusqu'à ce final magnifique ou Argurios (le héros gemmellien par excellence de ce premier volume) nous livre une des plus belles séquences du cycle.

Argurios ou le nom d'un héros n'ayant jamais existé autrement que sous la plume de Dave, mais un héros au combien magnifique.
Là ou les autres se battent pour quelques choses qu'ils ont à perdre ou à gagner, lui ne combat que pour le sens qu'il donne à la justice et au prix qu'il est prêt à verser pour élever le faible au dessus du fort.

Je vous livre ce passage au combien révélateur de l'humanisme caractérisé de ce guerrier Mycénien, au code de conduite pas si éloigné que çà d'un certain héros Drenai.

"Argurios de Mycenes n'était pas un homme porté à l'introspection. Il avait consacré sa vie à servir son roi et son peuple.
Il ne remettait pas en question les décisions de son chef, et il ne se demandait pas si la guerre et la conquête étaient justes ou mauvaises. Pour Argurios, la vie était simple et univoque.
Les hommes puissants gouvernaient, les faibles étaient leurs serviteurs ou leurs esclaves. Il en allait de même pour les nations.
Pourtant, au milieu de cette philosophie simpliste, il avait aussi assimilé le code moral du roi Atrée, le père d'Agamemnon.
Le pouvoir accompagné de la conscience, la force sans cruauté, l'amour de la patrie sans haine aveugle de celle des ennemis.
En conséquence, Argurios n'avait jamais torturé un adversaire, violé une femme, ni tué un enfant.
Il n'avait pas brûlé de maisons, et n'avait jamais cherché à terroriser ceux qu'il n'avait vaincus."

A défaut d'être le personnage principal de ce premier tome, Argurios de Mycènes est bien le premier des grands héros de ce cycle de Troie.

"Argurios soupesa sa lance.
_ Pour le roi et pour Troie ! hurla-t-il.
Et les aigles chargèrent."
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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