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Critique de BazaR


Je suis passé par plusieurs états en lisant ce livre. Mais dans l'ensemble je me suis bien amusé.

Le tome 1 de Spire conte la création et la montée en puissance d'une compagnie de transport interstellaire décidée à occuper le marché niche des mondes humains trop peu développés pour intéresser vraiment les gros poissons du secteur. Dit comme ça, ça donne l'impression d'un roman sur l'économie. Il y a un peu de ça mais ça n'est pas l'essentiel. C'est surtout l'histoire de ces pilotes aventuriers qui risquent leur peau chaque fois qu'ils abordent un de ces étranges mondes sauvages, pilotes qui d'ailleurs ont tous lu Leigh Brackett ou Catherine L. Moore vu les noms de leurs vaisseaux.

Le début fleure bon l'huile de moteur et l'énergie de fusion des vaisseaux de guingois des romans de Samuel Delany. Rien que pour ça, ça vaut le coup. Et Genefort ajoute une couche d'écosystèmes étranges et fonctionnels qui apportent aux voyages un exotisme Vancien.

Au bout d'un moment, j'ai tout de même trouvé que ça tournait un peu en boucle (ou en spire, tiens) : de nouveaux mondes visités, des contrats, de nouveaux pilotes qui se rallient, les méchants vilains des grandes compagnies qui font des coups tordus. Je me voyais mal poursuivre sur toute une trilogie comme ça. Et puis où que l'on aille, on ne rencontrait que des cultures humaines dont l'objectif – une fois la survie assurée – était la croissance et la rentabilité. Je me suis demandé si la seule forme d'humanité qui avait proliféré à travers les portes de Vangk (l'élément commun à tous les romans de l'espace de Genefort, paraît-il) était des ultralibéraux affairistes à tendance geek. La diversité des cultures et religions terrestres n'a pas essaimé dans l'espace, et c'est dommage. En même temps, cette relative pauvreté culturelle renforce le contraste avec la séduisante étrangeté des écosystèmes extraterrestres, comme je l'ai déjà dit.

Mais Genefort me fait mentir en lançant ses capitaines sur des péripéties d'un niveau de gravité inattendu. Si jusqu'ici, sa vision me semblait bien plus optimiste – dans la lignée de celle d'un Arthur C. Clarke (progrès infini, foi en l'humain, etc.) – à partir du milieu du roman j'ai eu l'impression de lire du Pierre Bordage, tellement sa description des insondables horreurs dont est capable l'humanité fait froid dans le dos. L'action est toujours prioritaire – c'est avant tout un roman pour se détendre – mais j'ai senti l'importance que revêtait pour l'auteur certains événements de l'actualité tel que l'accueil des réfugiés syrien chassés par la guerre (le pilote Hummel est-il un avatar de Genefort ?)

Sur la dernière partie, je resterai muet hormis pour dire que c'est très prenant et que je n'ai plus pu lâcher le livre avant d'atteindre la fin.

Un mot sur les personnages pour terminer. Ils sont nombreux, multiplicité des lieux oblige, mais j'ai trouvé que leur caractérisation baissait en valeur au fur et à mesure qu'on les introduisait. Je me suis finalement surtout attaché aux trois premiers – Lenoor, Hummel, Cornelis – qui reviennent régulièrement nous faire partager leur point de vue. Ce sont les plus réels ; les suivants étant surtout là pour faire avancer l'action. Lenoor, est surtout mise en valeur lors de la découverte des écosystèmes, et j'ai beaucoup apprécié que Genefort fasse largement appel à son sens de l'odorat autant qu'à la vue pour les parties descriptives.

C'est mon premier roman de Laurent Genefort et je suis rassuré. Je continuerai la trilogie et j'irai vagabonder ailleurs dans son oeuvre si ma PAL le permet.
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