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Critique de Dionysos89


Vous avez été déçu de votre première dose de Laurent Genefort de l'année ? Rattrapez-vous avec la deuxième tournée ! En effet, ce docteur ès space opera français ouvre une nouvelle trilogie chez les éditions Critic : Spire.

Qu'aime-t-on dans un space opera « à la mode Genefort » ? Déjà un univers cohérent, ici celui des Portes de Vangk, qui permet, de fait, une diversité magistrale selon les systèmes, les mondes ou les groupes de mondes visités. En l'occurrence, l'auteur s'est fait une première fois plaisir puisque le thème qu'il a choisi lui permet de faire voyager ses personnages dans une ribambelle de mondes très divers, avec à chaque fois une organisation sociétale, un environnement et une économie qui varient fortement. Ensuite, il faut des personnages suffisamment intéressants en eux-mêmes mais dont le destin est largement dépassé par leurs aventures, par les planètes qu'ils visitent, ainsi que par les entités qu'ils rencontrent, entités qui ont une durée de vie bien plus longue que les humains et qui, d'une certaine façon, les écrasent de leur statut. Enfin, il faut un système de gestion complexe (qu'il soit scientifique ou économique), que l'auteur peut se permettre de détailler afin de faire montre d'érudition comme il sait si bien le faire.
Force est alors de constater que Laurent Genefort s'est bien fait plaisir dans ce roman en réunissant les différentes caractéristiques que nous lui connaissons habituellement, mais en en usant de la façon la plus joueuse possible. En effet, d'un simple atterrissage forcé et dramatique dans les premières pages, il nous emmène découvrir la création d'une compagnie de transport interstellaire qui se veut complètement indépendante des grandes multimondiales qui dominent les grands axes interstellaires, la Spire ! Ce nouveau venu dans le transport dans l'espace s'attache surtout à relier les mondes des Confins, ces planètes le plus à l'écart du réseau galactique en raison de leur éloignement vis-à-vis de la Porte de Vangk qui les relie au dit réseau. Alors que ce sont les planètes de la Couronne et de la Ceinture qui bénéficient, par leur position de proximité, d'un traitement de faveur commercial, Spire vise les angles morts du réseau ; c'est un petit peu comme si un nouveau concurrent de la SNCF cherchait d'abord à relier Vannes à Brioude et Saint-Martin-du-Fouilloux à Châlons-en-Champagne. Oui, parce qu'il ne faudrait pas oublier qu'il y a aussi des gens qui habitent là et qui aimeraient bien profiter du réseau de communication comme les autres sans subir l'« effet tunnel » habituel. Laurent Genefort a, comme souvent, un propos altermondialiste intéressant que ce soit sur l'économie ou l'environnement. À la fin du premier tome, annexe à l'appui, quinze planètes entrent déjà dans ce système alternatif.
Dans la même optique, Laurent Genefort mise sur l'examen précis, mais pas étouffant, de la science économique à l'échelle galactique. Pas de panique pour autant, le tout est très digeste et on sent que l'auteur en a sous le pied. D'ailleurs, dans le thème comme dans le plaisir d'écrire de l'aventure galactique, on retrouve l'ambiance présente dans le Prince-Marchand (tome 1 de la Hanse Galactique, par Poul Anderson) avec toutefois des personnages plus attachants. Ainsi, nous suivons Lenoor et Hummel, bientôt rejoints par Cornélis, c'est-à-dire des navis (des pilotes en somme) accompagnés d'une experte évaluatrice des potentielles ressources de chaque planète. À partir de leur aventure sur la planète sous-développée Arrhenius, l'intérêt de ce premier tome est de comprendre quels sont les problèmes liés à la mise en place d'une telle entreprise de transport, notamment pour des planètes éloignées du réseau global. Cela ne vous rappelle pas la mondialisation ? Si, et c'est normal, d'autant plus que chacun pourra se faire des parallèles au milieu de ces Confins, sorte de Sud économique à l'échelle de la galaxie. Si ce premier tome se titre « Ce qui relie », ce n'est donc pas pour rien. Il s'agit de scruter les premiers soubresauts de la Spire, les luttes intestines au sein de la compagnie qui ne tarde pas à se développer au bout de quelques années d'existence, les combats plus ou moins ouverts avec les compagnies concurrentes. de manière un peu visible, comme si c'était un passage obligé, les derniers chapitres permettent de placer les enjeux à concrétiser et auxquels il faudra répondre dans les deux tomes à venir : un antagoniste externe à la compagnie, des complications internes et une découverte d'importance galactique. Beau programme pour la suite.

Ce qui nous relie à Laurent Genefort, c'est définitivement le goût de la bonne science-fiction : un univers, une science, un destin. Spire part sur de bonnes bases.

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