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EAN : 9782363830050
173 pages
Les Petits Matins (12/01/2012)
4/5   1 notes
Résumé :
L'école primaire est aujourd'hui accusée de tous les maux, au point de nourrir la nostalgie des bonnes vieilles méthodes d'antan. Plutôt que de fantasmer sur une institution idéale qui n'a jamais existé, ce livre s'efforce de dégager des pistes permettant d'affronter les difficultés bien réelles que connaît l'école primaire, afin qu'aucun élève ne sorte demain du système éducatif sans qualification.
Ce résultat ne sera pas atteint en un jour. Raison de plus p... >Voir plus
Que lire après Et si on aimait enfin l'école ! : Parents, élèves, enseignants, ministres...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tiens, et si on aimait l'école ?

Ce livre, écrit en 2012, part du constat que l'école primaire n'est plus épargnée par les attaques contre le système éducatif français, qui touchaient jusque-là principalement le « collège unique » (cela dit les attaques contre le collège n'ont pas cessé pour autant).


Les enquêtes Pisa montrent que les écarts entre les plus forts et les plus faibles se creusent, que le nombre d'élèves en difficultés est en hausse.
Le taux d'accès au baccalauréat en 2010 est de 65% environ (c'est très loin des 80% que l'on imagine parfois !!) et il stagne depuis 1990.
Même la durée moyenne de scolarisation a légèrement baissée entre 1995 et 2008.
Or, tous les métiers exigent des compétences accrues aujourd'hui.
Il est donc légitime de se poser la question de l'amélioration du système scolaire.


Mais l'amélioration peut-elle consister en un retour en arrière ?
A la fameuse époque du « c'était mieux avant », tous les élèves n'avaient pas leur certif et tous ne le passaient pas.
Les violences dans la cour de l'école primaire étaient bien plus nombreuses qu'aujourd'hui mais la tolérance face à ces violences a nettement baissé.


Force est de constater que l'austérité budgétaire a dicté beaucoup de décisions prises envers le système scolaire :
Suppression des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficultés (RASED), suppression de la formation des enseignants (élévation du niveau d'un an pour passer le concours mais suppression de la formation pratique - réintroduite depuis sous une forme différente), suppression de nombreux postes de remplaçants…


Pour ceux qui aiment le concret des « chiffres » :
La France dépense 14% de moins par élève au primaire que la moyenne des pays de l'OCDE.
En 2009, on comptait 19,7 élèves par enseignant dans l'enseignement primaire français contre 14,5 élèves dans l'union européenne (je me permets en plus de rappeler que des moyennes ne sont pas du tout représentatives de la réalité, la grande majorité des enseignants n'ont pas des classes de 20 élèves !)



Malheureusement, les enseignants sont sans cesse soumis à des injonctions contradictoires, qui sapent leur moral mais aussi leur motivation.
Par exemple, on demande à l'école maternelle d'être centrée sur le développement de l'enfant, son épanouissement, mais dans le même temps, on lui demande de « faire du CP » avant le CP au risque que la préparation à la lecture devienne envahissante, profitant ainsi aux enfants issus de milieux favorisés déjà prêts à devenir élèves.
Autre exemple, on demande de faire une place de plus en plus importante aux parents dans l'école, tout en vantant le retour à « l'école sanctuaire », celle « qui était mieux avant » et pour laquelle les parents n'avaient pas leur mot à dire.


Ce qui joue aussi en défaveur de la préparation d'une réforme efficace et sereine c'est que la communication se substitue au débat.
Les ministres doivent montrer qu'ils agissent et le temps politique est bien trop court pour constater les effets d'une réforme avant d'en décider une autre.
Ainsi, les programmes ont changé en 2002 puis en 2007 alors qu'une cohorte complète d'élèves n'avaient pas encore suivi les programmes incriminés.


Certains débats sont mal posés, ceux sur les rythmes scolaires quand tout le monde s'accorde à dire qu'il faut une alternance de 7 semaines d'école puis 2 semaines de vacances, mais que l'on sait que cela ne se fera pas pour des raisons économiques.
Dans le même ordre d'idée, le choix du rythme sur la semaine ne prend pas en compte les enfants qui arrivent très tôt à la garderie et repartent très tard le soir, ce qui n'est pas vraiment un choix pour les familles.

Des polémiques sont stériles (donc usantes pour les enseignants) comme de savoir si c'est l'élève ou le savoir qui est au centre des apprentissages… les deux ! l'un n'allant pas sans l'autre…

De vrais débats sont escamotés, comme la scolarisation des « tout-petits » (moins de 3 ans), qui était de 35% d'une classe d'âge il y a 15 ans et qui est de 13,6% aujourd'hui (de 0,8% en Seine-Saint-Denis !!). Il y aurait là matière à réflexion.



Il faut donc avant tout s'accorder sur le constat car des changements peuvent avoir lieu au sein de l'école.
Par exemple, la scolarisation des enfants en situation de handicap depuis 2005 a été prise en charge malgré le manque de formation des enseignants et des auxiliaires de vie scolaire.
Les enseignants se sont aussi réappropriés les deux heures d'aide, suite au passage à quatre jours.


Mais l'école ne peut pas tout car elle est liée aux territoires qu'elle occupe.
Le recul de la mixité urbaine et sociale s'est reporté sur les écoles.
Il y a des choix budgétaires à faire : favoriser un petit nombre qui réussit au mérite pour l'extraire de son territoire, ou favoriser un territoire pour compenser ses difficultés ?

Pour Nicole Geneix, l'école doit porter un autre regard sur les parents : un « bon enfant » pour certaines familles n'est pas forcément un « bon élève ». Les attentes de l'école demeurent trop implicites pour certains enfants.
Certains enseignants ont tendance à considérer les parents comme des auxiliaires pédagogiques, mais ils ont bien d'autres choses à transmettre à leurs enfants.
Là revient le problème des devoirs et de la mauvaise interprétation qui est faite quand les parents ne participent pas aux devoirs de leur enfant.



Ce livre est une source très intéressante de réflexions, organisé en quatre parties dans un cheminement tout à fait cohérent (ce que ne montre pas ma critique plutôt bordélique).

Dans une dernière partie, quelques pistes sont envisagées pour changer le système éducatif, mais rien de bien miraculeux.
En vrac, quelques exemples :
Former les directeurs d'école, améliorer les salaires, associer d'autres intervenants dans les écoles, s'attaquer aux inégalités de moyens entre les écoles, donner la priorité au langage en maternelle, à la lecture et à l'écrit en primaire, sans oublier les mathématiques, avoir des débats professionnels, des débats publics et du dialogue social…


Je terminerai donc sur une pointe d'ironie peut-être :
Réjouissons-nous d'un nouveau changement de programme !
Admirons le dialogue social (pour les connaisseurs, le résultat de la consultation sur le socle commun est sorti, 153 pages de beaux graphiques pour quel résultat ?)





« […]
-Quelle heure est-il, j'ai le ventre qui m'appelle.
- Il est midi il est midi j'ai fait chauffer les gamelles.

On va goûter un velouté de vieux ministres avinés et relevé à l'Elysée et de quelques lois a la noix, un pot
au feu de députés , un patron qui pue des pieds , un vieux fromage . Enfin bref bon Courage !

Mais s'il continue à toucher à mon école
Le président à la casserole.
[…] »

Extrait de « Touche pas à mon école », Les Ogres de Barback
https://www.youtube.com/watch?v=HlcoHEcw13Y
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critiques presse (1)
LesEchos
02 mai 2012
Le livre ne se limite pas à un plaidoyer : les propositions qu'il présente sont parfois aussi des critiques « en creux » adressées aux enseignants.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il serait bien plus fécond d’observer, sujet par sujet, le travail réalisé par différentes équipes, d’analyser les résultats obtenus et d’apprécier si ces résultats reposent principalement sur de l’investissement professionnel hors normes, ce qui en rend la généralisation quasi impossible, ou si des idées, des pratiques, pourraient être transposées.
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