AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 250 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Comme "Les Chants de Maldoror" de Lautréamont, Jean Genet sublime l'horreur par une maîtrise de la langue et des mots : mais ce n'est pas tant l'horreur que cherche à dépeindre l'auteur (à l'instar du Comte), que la tentation de comprendre les essences du Mal ; car le Mal est normé, social, et Jean Genet, lui, se présente comme et côtoie les marginaux.
C'est donc un roman de relativisme magnifié par une intelligence asociale et un esthétisme du texte bien exploité.
Commenter  J’apprécie          200
Ce livre fait vraiment partie des exceptions et qui dit exception dit exceptionnel.
Avec « Journal du voleur » publié en 1949, Jean Genet interpelle les lecteurs sur la misère des hommes, la sienne, lui qui est en prison pour avoir volé.
Ce journal autobiographique est surprenant par l'intensité des propos et la qualité de son écriture.
Genet raconte son enfance d'orphelin voyou mais surtout ses amants et surtout son amour pour Stilitano l'espagnol, sur fond de prostitution, de trafic d'opium et de guerre d'Espagne.

C'est un livre qui mêle les voyages intérieurs et extérieurs. J'ai voulu le lire après avoir lu « M train » de Patti Smith et je ne peux pas m'empêcher de la citer :
« Cela faisait longtemps que j'avais envie de voir les vestiges de la colonie pénitentiaire où les pires criminels étaient envoyés par bateau, avant d'être transférés sur l'île du Diable.
Dans Journal du voleur, Genet décrivait Saint-Laurent comme une terre sacrée et parlait des détenus avec une compassion empreinte de dévotion. Dans son Journal, il évoquait une implacable hiérarchie de la criminalité, une sainteté virile dont le sommet se trouvait sur les terribles terres de la Guyane française. Il avait gravi les échelons pour se rapprocher d'eux : maison de redressement, chapardeur, par trois fois sanctionné ; mais tandis que sa condamnation était prononcée, le bagne qu'il tenait en si haute estime fermait, jugé inhumain, et les derniers prisonniers vivants furent rapatriés en France. Genet fut incarcéré à la prison de Fresnes, se lamentant avec amertume de ne pas pouvoir atteindre la grandeur à laquelle il aspirait. Anéanti, il écrivit : On me châtre, on m'opère de l'infamie.
Genet fut emprisonné trop tard pour intégrer la communauté qu'il avait immortalisée dans son oeuvre. Il resta à l'extérieur des murs de la prison, tel le boiteux de Hamelin à qui fut refusée l'entrée au paradis parce qu'il était arrivé trop tard devant ses portes.
À soixante-dix ans, Genet était, disait-on, en fort mauvaise santé et, très probablement, il n'irait jamais voir le bagne de Guyane. Je me suis vue lui apporter sa terre et ses cailloux. »
Et les cailloux du bagne, Patti Smith est allée les chercher et m'a permis le plaisir de cette lecture.


Commenter  J’apprécie          140
Dans "Journal d'un voleur", le narrateur, Jean, raconte sa vie de misère : meurtres, vols, amants brutaux et pervers, voilà ce qui l'attire. L'amour pour lui se résume surtout à la passion et aux étreintes avec des hommes musculeux et vils, aux moeurs plus que douteuses, voire dangereuses. le lecteur suit ainsi le parcours de Jean principalement en Espagne, puis à travers toute l'Europe : Allemagne, Pologne, Tchécoslovaquie, Belgique et enfin, son retour en France.

En fait, les lieux, les dates, les amants du narrateur et ses séjours en prison se mêlent plus qu'ils ne se succèdent. Dans ce journal qui n'en est pas vraiment un, Jean Genêt mêle réalité et fiction. Il ne s'agit pas ici d'autobiographie mais plutôt d'une autofiction où grâce au truchement de la langue, l'abject et la misère sont magnifiées par l'auteur. Son vécu misérable devient une expérience de sainteté.
Commenter  J’apprécie          140
Document autobiographique qui fournit une étude rare de la vie d'un marginal, asocial de surcroît.
Quelques très belles pages, de l'humour malgré quelques longueurs et le sentiment qu'ici ou là quelques éléments ont été enjolivés. J'ai essayé de lire d'autres ouvrages de Jean Genet ("Pompes funèbres", "Le miracle de la rose") mais n'ai pu aller jusqu'au bout. J'en conclus donc que "Le journal du voleur" est son meilleur récit.
Commenter  J’apprécie          120
Le journal du voleur n'est pas à proprement parler une biographie , une restitution des faits et gestes commis et accomplis par jean Genet dans le milieu de la pègre , quelque part entre les quartiers chaud du Barcelone d'avant-guerre, la Belgique ou Paris .Ce journal n'est pas une justification de la tournure prise par la vie de Genet évoluant dans ces milieux .

C'est terrible , cruel , sordide .Genet parvient , et c'est l'un des mérites essentiels de ce livre, à relier ces événements à des notions a priori étrangères à un tel décor : « jamais je ne cherchai à faire d'elle autre chose que ce qu'elle était, je ne cherchai pas à la parer, à la masquer, mais au contraire je la voulus affirmer dans sa sordidité exacte, et les signes les plus sordides me devinrent signes de grandeur ».
Le La est donné, ce sera le ton général de l'ouvrage dont l'auteur ne se départira plus.


Les récits des relations homosexuelles de l'auteur ne revêtent jamais un côté graveleux, répugnant en raison de leur violence .L'esthétique n'est jamais loin et l'emploi fréquent de l'imparfait du subjonctif dans le journal ajoute une touche de distanciation linguistique à ce qui ne devrait être qu'une justification éhontée de ses actes de vol et de violences commis au cours des épisodes décrits.
« Appliqué aux hommes, le mot de beauté m'indique la qualité harmonieuse d'un visage et d'un corps à quoi s'ajoute parfois la grâce virile. La beauté s'accompagne alorsde mouvements magnifiques, dominateurs, souverains. »

Le premier crime dont est témoin l'auteur est relié à l'amour : « le mort et le plus beau des humains m'apparaissaient confondus dans la même poussière d'or, au milieu d'une foule de marins, de soldats, de voyous de tous les pays du monde. Je faisais connaissance au même instant avec la mort et avec l'amour. »
Plus significative encore est le lien établi pare Genet entre l'univers carcéral et la beauté , il l'éprouve à de nombreuses reprises dans son journal : « Ma solitude en prison était totale(…)Mon talent sera l'amour que je porte à ce qui compose le monde des prisons et des bagnes .Non que le les veuille transformer, amener jusqu'à votre vie , ou que je leur accorde l'indulgence ou la pitié :je reconnais aux voleurs, aux traîtres aux assassins, aux méchants, aux fourbes une beauté profonde-une beauté en creux- que je vous refuse ».
Ouvrage dont on peut recommander la lecture en raison de ce déchirement omniprésent entre la vie décrite et sa justification par l'auteur, prenant à témoin l'esthétique, la religion pour simplement décrire cette vie noire.


Commenter  J’apprécie          100
Une tel génie de la langue relève du surnaturel
Commenter  J’apprécie          92
Journal du Voleur, publié par @editionsfolio , est un livre partiellement autobiographique de Jean Genet. L'auteur y décrit sa vie d'errance et de misère, entre les vols dont il devient spécialiste, ses amours avec des hors-la-loi ténébreux ou encore ses péripéties à travers l'Europe. Il porte un regard singulier sur le monde, notamment sur le concept du vol, du mal, des classes sociales, de la hiérarchie, de l'amour et la trahison.

La plume de l'auteur est très belle, et nous transporte totalement dans cet univers déroutant. Sa manière de décrire cette vie ne donne pas un sentiment de crainte, d'angoisse, mais plutôt d'étrangeté, comme s'il s'agissait là d'un monde complètement différent du nôtre. Tout ce qui pourrait nous sembler sombre et sinistre est sublimé par l'auteur, créant un contraste entre un langage brut et des envolées lyriques touchant parfois au domaine du mystique.

Bien que je n'ai pas adhéré à toutes les réflexions traitées, et ai trouvé que le livre avait quelques longueurs, je garde un bon souvenir de lecture, celui de la vie d'un voleur racontée de manière talentueuse et poétique.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          80
Une vie difficile, un cheminement personnel au service de la fiction, le tout au prise à une écriture hors normes pour son époque.
Commenter  J’apprécie          30
Ce roman a quelque chose. Cette chose subtil qui vous fait basculer d'une certitude à une atmosphère particulière, tangible où les sentiments sont destructeurs et exacerbés .
Néanmoins, demeure une beauté, née de la misère ainsi que du rejet. Si il faut que la loi admette la beauté, alors de beauté il ne peut y avoir... Je trouve cette analyse particulièrement avisée et juste. le thème de l'homosexualité abordé différemment
Commenter  J’apprécie          30
Genet est un poète.Autobiographie romancée et assumé sur son passé, ses voyages fictifs ou non, ses amants virils de préférence fort magnétisme voyou voleur malin ou tous ça en même temps . Grand conteur parfois mystique .Plus questionnement sur ses origines mystérieuses.Grand livre.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (784) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1704 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..