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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous entrons dans l'enfer de la guerre des tranchées en août 1914 avec le sous-lieutenant Genevoix dans le secteur des Eparges. Dès 1916, l'auteur publiait "Sous Verdun", la première partie de ce récit, partiellement objet de censure pour cause de moral des troupes. Puis venaient Nuits de Guerre, La Boue, et enfin, en 1923, Les Eparges. Petits et grands moments de vérité du 106ème régiment d'infanterie. Et la mort en embuscade, si bruyante, si proche, si présente qu'on ne la regarde presque plus.

Dans le bourbier de Verdun, l'adversaire est le Boche. Mais l'ennemie est universelle : c'est la guerre. Cette machine est comme la mine de Germinal : un monstre à broyer l'homme, quelle que soit sa nationalité.

On pense bien sûr aux Croix de Bois de Dorgelès, si voisines, dans le temps et dans l'esprit. Mais pas que ! Genevoix croise parfois l'absurdité de la vie et de la guerre du Voyage de Céline. Les voila qui regardent les mêmes choses, chacun depuis sa place, chacun avec ses mots. Ainsi du colonel qui devise sous les balles ; ainsi des profiteurs de guerre ; ainsi des deux vieux qui bavassent dans leur maison, indifférents aux tirs allemands qui la traversent, puisque " des morts pareilles, ça n'arrive qu'aux jeunes". Il est vrai que le cuirassier Destouches avait lui aussi été blessé gravement en 1915.

On aperçoit déjà parfois certains caractères héroïques de la Suite Française d'Irène Nemirovski. C'est dire si ce livre est fondateur du récit de guerre français.

le récit s'achève par l'évacuation du jeune officier, "enfin quitte" avec la guerre qui lui inflige une grave blessure en avril 1915. Il se termine par un bel hommage à cette foule effrayante, trop lourde, trop serrée : les morts. Un livre, assurément, qui macère en son lecteur après la dernière page.
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J'ai lu énormément de livre, récit, épistolaire, témoignage … concernant l'histoire, en particulier les deux guerres, 14-18 et 39-45, c'est complètement stupide de dire ça, mais j'ai préféré celle de 14-18, surement par mes lectures qui rendaient celle-ci, plus poétique.
Et Monsieur Maurice Genevoix a fortement contribué à cela, il est vrai que dans la littérature de Guerre peu savent intégrer le récit cependant dans le récit que nous délivre Genevoix, une forme de poésie se libère, tellement forte et tellement convaincante qu'elle rend cette guerre atroce, poétique. Nous connaîtrons les immondices de la guerre, ses malheurs, ses Hommes si courageux qui ont souvent perdu leur vie pour la France, ses hommes forts, et nous les aimerons. Nous rirons, nous pleurerons, nous serons avec lui lors de cette guerre qu'il nous décrit si bien.

En effet Ceux de 14 est un journal de bord qui s'étendra sur neuf mois, du 25 aout 1914 au 25 avril 1945, où Maurice Genevoix sera évacué vers l'arrière et transféré dans plusieurs hôpitaux. Les batailles de la Marne et Des Éparges seront clairement racontées, par leurs descriptions picturales, métaphoriques sur les couleurs et les lumières, Maurice Genevoix nous assure des sensations visuelles, auditives, tactiles, olfactives et gustatives.
Maurice Genevoix finira dans le registre lyrique, passage très émouvant où il pense aux hommes de sa section, Maurice Genevoix écrira avec tant de sincérité, de compassion, d'amitié que ce passage est tellement beau, puissant et savoureux.
Lien : http://libermoi.blogspot.fr/..
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Témoignage brut sur tout ce qui peut constituer une guerre, ce qui peut constituer l'humain dans une situation aussi absurde. On comprend pourquoi de nombreux passages ont été censurés lors des premières parutions... Mais malgré toute l'atrocité dans laquelle ils évoluent, ces soldats arrivent parfois à nous faire rire. En tant que lorraine, ce témoignage me touche particulièrement.
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C'est délicat de parler de Ceux de 14. C'est avant tout une ribambelle de personnages, mais de personnages bien réels qui ont vécu l'horreur. de ce fait, du fait des morts qui se multiplient et qui sont remplacés, on a parfois du mal à suivre en tant que lecteur. Il faut bien le comprendre : l'ennui est une composante majeure du quotidien des soldats de la Grande Guerre, et je dois le reconnaître, j'ai parfois éprouvé ce sentiment, ou du moins un sentiment de répétition devant le récit de Genevoix. Cependant certains passages m'ont subjugué, notamment celui où un soldat lui demande de l'aide pour rédiger une lettre par laquelle il va reconnaître sa fille naturelle, mais surtout l'assaut final, l'horreur absolue des Eparges. Je pense que le développement initial est nécessaire pour nous faire ressentir toute l'horreur de la Guerre. le style est admirable, notamment dans ses descriptions. C'est donc fort logiquement que je conseille la lecture de cet ouvrage uniquement à ceux qui sont passionnés par la période de la Grande Guerre, les autres risqueraient de s'arrêter en cours de route.
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Maurice Genevoix avait 24 ans, engagé pendant la guerre 14, il connaitra la boue, les tranchées, les morts, les blessés... Dans ses moments libres, il réécrit les notes qu'il a prises pendant les journées de pluie et d'attente. On y lit les assauts, les allers-retours entre front et les villages où les soldats tentent de trouver un endroit où dormir. On y lit les craintes, les injustices de ces hommes qui ne savent pas très bien pourquoi ils détestent l'empereur Guillaume, mais savent bien qu'ils devront tuer des Allemands pour eux encore survivre un peu...
Ces écrits compilés sous le titre "Ceux de 14" furent censurés, firent scandale. Sans blagues, la guerre est sordide, pas glorieuse pour un sou, le roman national Maurice s'assied de dessus et nous livre la vérité crue, le parler franc des poilus et leurs chairs putréfiées dans les trous d'obus.
Alors clairement, c'est un peu long mais que c'est nécessaire... le genre de titre (avec le Feu ou A l'Ouest rien de nouveau) que tout.e chef.fe d'état devrait lire en prenant ses fonctions pour les dissuader de faire la guerre. Car il n'y a rien de politique dans ces massacres, seulement la souffrance, les privations et le pire de l'humanité.
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Difficile de rester indifférent à ce témoignage de la terrible guerre 14-18. A travers ses 678 pages, ce pavé nous entraîne dans la vie, décrite pratiquement au jour le jour entre août 1914 et avril 1915, de ces hommes de la 7è section de la 106è compagnie d'infanterie que commandait Maurice Genevoix, lieutenant.
Au fil des semaines et des mois de combats, on prend conscience de l'horreur d'un conflit qui n'aura été depuis le tout début qu'une boucherie humaine.
Ici les sentiments, les émotions sont rapportés sans masque ni pudeur, crues aussi les descriptions des corps déchiquetés, tombés sous les obus.
L'incompréhension des soldats face aux attaques et reculs sans cesse renouvelés, l'information que le haut commandement ne daigne pas leur apporter leur font ressentir un manque total de considération envers eux qui donnent leur vie pour leur pays.
C'est l'absurdité qui éclate dans toute son ampleur par ces carnages à répétition dans les plaines et les tranchées emplies de boue...
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La panthéonisation de Maurice Genevoix (1890-1980) le 11 novembre 2020 était un bon prétexte pour relire Ceux de 14, un gros ouvrage de près de 800 pages qui réunit des textes parus primitivement en cinq volumes, entre 1916 et 1923.

En août 1914 Maurice Genevoix a 24 ans. Il est sous-lieutenant et prend le commandement d'une compagnie très rapidement engagée au front. Il se bat jusqu'en avril 1915, date à laquelle il est grièvement blessé puis réformé. le récit se présente comme un journal de guerre avec d'abord des entrées quotidiennes puis hebdomadaires.

L'auteur y apparaît comme un officier soucieux de ses hommes, sans doute aimé par eux, et très paternaliste. Quand il dit, par exemple, de son ordonnance Pannechon : "il me regarde de ses bons yeux dévoués", j'ai l'impression qu'il décrit un chien. Cela va avec la conviction que le caractère d'une personne se lit sur son visage. Ses soldats sont des hommes du peuple, francs, simples, pleins de bon sens et cela saute aux yeux.Un des rares qui lui déplaît c'est Durozier "pacifiste au sirop de groseille, barbu comme une réclame de sève capillaire, douceâtre, poli, dangereux". C'est en fait un lâche et il trouve peu d'écho auprès de ses camarades mis à part Douce, "un gnome louche, une espèce de garçon de café bookmaker". de même les Allemands, les Boches, sont systématiquement traités de façon dépréciative. Gros et roses ils sont régulièrement comparés à des cochons, ils puent et abattent les Français avec une "joie sauvage". L'auteur rapporte comment il a lui-même tué des soldats allemands mais c'était alors un réflexe, "il s'agissait de tuer ou d'être tué". Les moments sont rares où il montre qu'il a conscience que les Allemands connaissent les mêmes souffrances que les Français.

En dehors de ces aspects qui m'ont déplus j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Maurice Genevoix écrit excellemment. Il est attentif au moindre détail et restitue très bien toutes ses sensations. Il y a de fort belles descriptions de paysages. L'auteur apparaît comme un jeune homme résilient qui s'efforce de profiter des bonnes choses chaque fois que possible et est capable de voir la moindre parcelle de beauté, même au coeur de l'horreur. Et de l'horreur, il y en a. Il me semble que tout est dit de la fatigue, du froid, de la boue, des corps déchiquetés par les obus. Il y a des détails qui sentent le vécu : "Des cartouches terreuses, des fusils dont le mécanisme englué ne fonctionnait plus : les hommes pissaient dedans pour les rendre utilisables". Je découvre en plus la nuit : les déplacements et relèves se font de nuit. Départ à trois heures du matin, longue marche dans le noir. Quand on quitte la route chaque soldat tient un pan de la capote du précédent pour se guider. le moment le plus terrible c'est cinq jours d'une offensive très meurtrière, du 17 au 21 février 1915, aux Eparges. La compagnie de Maurice Genevoix comptait 220 hommes avant la bataille, seuls 80 sont rentrés vivants. C'est là qu'est mort Porchon. Robert Porchon était le meilleur ami de guerre de Maurice Genevoix. Pendant six mois ils ont quasiment tout partagé : lit, gamelle, conception de la vie et sens de l'honneur. Robert Porchon a été tué le 20 février 1915. Il avait 21 ans.

Sur la longueur de l'ouvrage on voit évoluer l'idée que l'auteur se faisait de la guerre. Attention, jamais il ne remet en question le bien fondé du conflit dont il fait porter toute la responsabilité à l'Allemagne. Il est très patriote et, puisque son pays est agressé, il fait son devoir sans sourciller. J'ai dit précédemment ce qu'il pensait des pacifistes. Cependant, témoin des conséquences désastreuses d'ordres donnés sans tenir compte du terrain, il lui arrive de critiquer le commandement supérieur :

"Toujours le même dogmatisme raide, la même fate confiance en soi, le même refus de se soumettre aux faits".

"J'ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots. Pourquoi nous battons-nous maintenant et de cette façon ? Pour défendre quoi ? Gagner quoi ? Ces "gens-là" se leurrent volontairement, j'en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement".

Quant à moi je vois bien toute l'absurdité et l'inanité de ce grand massacre que fut la Première Guerre Mondiale. La grande tristesse enfin de tous ces jeunes gens sacrifiés : "On vous a tués et c'est le plus grand des crimes. Vous avez donné votre vie, et vous êtes les plus malheureux. Je ne sais que cela, les gestes que nous avons fait, notre souffrance et notre gaieté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort.

(...) Combien de vos gestes passés aurais-je perdus, chaque demain, et de vos paroles vivantes, et de tout ce qui était vous ? Il ne me reste plus que moi et l'image de vous que vous m'avez donnée.

Presque rien : trois sourires sur une toute petite photo, un vivant entre deux morts, la main posée sur leur épaule. Ils clignent des yeux, tous les trois, à cause du soleil printanier. Mais du soleil, sur la petite photo grise, que reste-t-il ?"
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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En commandant ce livre, je me suis demandée si cela allait être bon pour le moral, si c'était vraiment le moment de le lire vu le contexte actuel et ma situation personnelle. .. Je viens de Lorraine et je sais combien des récit de guerre peuvent plomber l'ambiance.
En fait , Maurice Genevoix arrive à nous faire vivre cette guerre sans la dénaturer et sans mettre le moral du lecteur dans ses chaussettes.
Pourtant, le récit ne me paraît pas très romancé. J'ai visité le site des Éparges avec un guide et il nous a raconté le même genre d'horreur que Maurice Genevoix.
Le récit parle des combats bien sûr, mais aussi de ses conditions de vie, en première ligne, en deuxième ligne et en cantonnement à l'arrière dans les villages de Meuse.
C'est vraiment un très bon témoignage de la grande guerre.
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Silence, bruissements et regards se croisant.
Les mots se succèdent, les attentes se décrivent et les lignes se noircissent.

L'homme s'interroge de sa réalité, de cette histoire de conflit et de politique à laquelle plus rien en correspond, pas même ces attentes interminables.


Bruits, explosions, cris et gémissements font faire naître de nouveaux chapitres et l'horreur va devenir matière de vie et de mort pour ces gars d'ici et d'ailleurs.


Ceux de 14, qui reviendront dans des champs de ruines et des déserts de vie sans comprendre pourquoi, eux sont encore en vie, après toutes ces morts.


A faire lire et comprendre à ces générations en perte de mémoire d'histoire et de réalité.
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Bouleversant même lu un siècle plus tard, une humanité rarement atteinte dans ce type livre sur la mémoire de guerre, écriture belle et élégante, juste et économe des mots quand Genevoix parle de l'horreur. A mettre au Panthéon des beaux livres.
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