Maurice Genevoix, c'est bien sûr [
Raboliot] et les romans de la Sologne, découvert au collège, à un moment où ce genre d'histoire était bien loin de mes préoccupations, mais quand j'envisage de redécouvrir aujourd'hui. C'est aussi l'écrivain d'une génération sacrifiée sur l'autel de la Première Guerre Mondiale, un pan qu'il faut que j'explore aussi. Mais ce n'est pas que cela. Je ne sais plus où, j'ai entendu parler des romans qu'il a écrits sur le Québec, en particulier [Eva Charlebois], alors quand je l'ai trouvé sur les étagères d'une librairie d'occasion, je n'ai pas hésité longtemps.
Et j'ai été surprise par ce roman.
Maurice Genevoix est ici en plein dans la veine des romans de terroir, avec de belles descriptions de paysage, mais on est loin de la douceur de ses paysages de Sologne et il semble avoir été impressionné par les reliefs dramatiques que l'on trouve du Grand Nord. Il communique cette sensation d'émerveillement mêlé d'écrasement à sa petite Eva, jeune fille simple de la campagne Québecoise, que son amour pour un bel anglophone entraîne loin de chez elle.
J'ai été étonnée par le ton extrêmement mélancolique de ce roman, une façon de célébrer la beauté de la nature en même temps que de questionner la place que l'homme peut y avoir. C'est rare dans le registre des romans de terroir, aussi rare qu'une fin relativement prévisible mais qui n'a rien d'heureuse. J'ai donc été étonnée par la tournure que prenait ce roman. Je m'attendais à un roman assez simple, avec plein de bons sentiments, comme cela fait du bien d'en lire de temps en temps, comme une bonne façon de se remonter le moral après quelques lectures plus ardues ou quand la vraie vie ne laisse pas beaucoup de temps pour rêver. Mais ce n'est pas ce que j'ai trouvé ici. J'ai d'abord été déçue car ce n'était pas le livre que je voulais lire lorsque je l'ai pris sur mes étagères, mais je me suis peu à peu laissée envoûter, un peu comme Eva, happée par la majesté des paysages, prise dans un imbroglio de sentiments contradictoires.
C'est un beau livre, plus complexe que ce à quoi on pourrait s'attendre pour ce genre de littérature, et une bonne façon pour moi de renouer avec
Maurice Genevoix.