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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le narrateur, un écrivain, se perd à la nuit tombée, lors d'une promenade, il est recueilli le temps d'une soirée par Fernand d'Aubel. Un homme respectueux de la personne d'autrui. de cette rencontre le narrateur garde un souvenir fort. Dix-sept ans après les deux hommes se retrouvent, Fernand d'Aubel lui fait alors une proposition étonnante, lui consacrer un jour, une seule journée entière pour parcourir dès l'aube au hasard les chemins pour communiquer avec la nature. Ce roman est donc le récit de cette journée ordinaire où il ne se passe rien, juste le bonheur d'être vivant. Deux personnes seules, hors du temps, où le monde de leur enfance leur est rendu. Guidés simplement par une odeur ou un bruit, ils vont faire le tour d'un étang puis s'enfoncer au coeur de la forêt.

Dès les premières lignes, on est sous le charme, on a l'impression d'être au début du XXe siècle dans une salle de classe ou un maître en blouse grise épelle une dictée, tant la plume de Maurice Genevoix est belle avec des mots choisis.
Une plénitude, une contemplation des beautés simples de la nature. Un sentiment de partager des instants d'éternité, un émerveillement permanent où tous les sens sont en éveil ; les effluves aromatiques des plantes sauvages, le bruit d'un gland qui rebondit de branche en branche, l'odeur de l'herbe mouillée, le bruit des chevaux lors des premiers labours, le chant du coucou, le battement d'ailes d'une mésange charbonnière, un taon qui bourdonne, l'orage sournois qui rôde, qui mijote. Un écureuil qui vole entre deux cimes. Des ronces exubérantes. L'apparition majestueuse d'un cerf en lisière de forêt.

Un jour est un roman testamentaire publié en 1976, alors que l'auteur était âgé de 86 ans, réédité cette année, l'occasion de découvrir la beauté de l'écriture au service de la splendeur de la nature
Un grand merci aux éditions Plon pour leur confiance #Unjour #NetGalleyFrance



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Un jour. Un mystère. Car l'homme est mystère. Un jour, un homme se raconte. Un homme nous raconte. Comme d'Aubel, je médite avec les pieds. Alors bien entendu, cette longue promenade à travers bois, forcément j'ai aimé. De l'aube à la tombée du jour, comme une évidence, une vie se dévoile. Une vie d'homme, vécue pleinement. Un homme vrai, fait de convictions, plein de sève, enraciné dans la vie, le récit est visionnaire et touche à l'essentiel. Pas à pas le brouillard se dissipe, et c'est la vie même qui apparaît, étincelante... "Quelle merveille !"

Il y a 40 ans, ou un peu plus très vraisemblablement, "Je n'ai pas la manie des dates." p. 213, encore écolier dans ce qu'on appelait les humanités inférieures, j'avais alors l'imagination la plus vive. Apanage de la jeunesse, j'étais faon, puis daguet, ensuite trois-cors, enfin dix-cors, je lisais La dernière harde, j'étais le Rouge, roi de la forêt. Je lisais Maurice Genevoix pour la première fois ... et la seule jusqu'à ces quelques jours de vacances à Azay-le-Rideau. Je ne sais comment j'ai fait la connexion avec la Loire. Toujours est-il que cherchant un de ces petits livres faciles à emmener partout pour m'accompagner, je n'ai eu aucune hésitation après avoir déniché Un jour dans la bibliothèque de mes parents (oui, celle du haut). Petit trésor oublié tout ce temps.

Belle rencontre ! Dès les premières pages, je me retrouve dans une écriture amie de longue date, à croire qu'hier encore... Elle a la beauté de la simplicité. Point n'est besoin d'artifices. Il n'est cependant pas exclu, à condition d'être attentif à la musique du ruissellement, de découvrir au détour d'une sente une comparaison imagée à l'allure d'une rivière touchée par la grâce de quelques rayons s'infiltrant à travers les feuillages qu'elle en viendrait à miroiter. L'instant magique et éphémère n'a fait que passer, et déjà le récit suit son cours inéluctable.

A la force de l'écriture s'ajoutent l'intemporalité de la réflexion sur le sens de la vie et la modernité des mises en garde éthique et écologique. Un guide sûr pour retrouver l'harmonie. A l'heure d'une rentrée littéraire n'est-ce pas le bon moment de fouiller ses étagères, son grenier, les boîtes à livre ou les boutiquiers pour (re)découvrir ce petit bijou nous ramenant à l'essentiel ? Voilà un excellent moyen de sauver quelques arbres.^^
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C'est une célébration ce récit, à la vie, à la nature, à la joie.

Sur un transat ou en pleine nature, sur les berges d'une rivière ou le sommet d'une montagne, se laisser porter par la langue délicate et insoupçonnée de l'auteur. Deux hommes partagent une journée exceptionnellement ordinaire et si riche ! Ce récit simple à la plume parfaite et sans faille de Maurice Genevoix offre paix et sérénité.

Une méditation.

Loin des bruits de notre monde, il est bon de savoir se poser et entrer en relation !

Ce récit nous illustre combien de grands hommes, d'une autre époque, déjà pensaient librement la vie !

Osaient alerter sur le monde en devenir ! Osaient être tout simplement en harmonie avec eux même et leur univers.

Dans des moments de doute, comme nous pouvons en vivre ces jours, il devient vitale de lire ces grands textes.

Merci aux éditions pour cette réédition incontournable !

#Unjour #NetGalleyFrance !
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Voilà un livre sans tous les artifices : il n'y a pas besoin d'actions pour nous faire suivre cette promenade rustique. La conversation est lente, et l'on voit vite que les mots sont pesés et les phrases d'une époque où l'on savait écrire, et pas seulement un conglomérat de mots pour faire avancer un scénario. Leur discussion est donc lente, pas à pas, comme la nature qu'il décrit : ce livre impose son rythme comme la Nature prend son temps - attendons ! il arrive toujours quelque chose à qui sait attendre et observer, et béatement s'émerveiller. L'éternité de cette Nature qu'il oppose magnifiquement à l'urgence mortifère de l'Homme à détruire de manière irréversible. J'avais peur de m'ennuyer au début de la lecture, jusqu'à ce "jour" consacré à la rencontre de ces deux personnages principaux : magistral. Ce roman fait alors son office : il amende (au sens agricole). Il vient me rappeler, autrement, cette belle habitude déjà prise : accepter d'être régulièrement surpris, enrichi, à travers une discussion, une rencontre, ou lorsqu'une graine devient fleur ou légume, ou plus longuement arbre, ou encore par la lecture d'un livre (un bon livre s'entend ! n'est-ce pas là son but) ?
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Un livre tout en délicatesse.
J'ai aimé me promener dans la verdure guidé par les descriptions de Maurice Genevoix.
J'y ai entendu le chant des oiseaux ,le bourdonnement des insectes .
J'y ai même humé les senteurs du bois.
Tous les sens en éveil si admirablement partagé avec cette plume délicate qui raconte sans vouloir en faire trop.
Juste ce qu'il faut de mots ,de sensations, d'impressions, de dialogues.
Rien de superflu.
Le juste milieu .
NI trop ni pas assez .
Juste ce qu'il faut pour que la lectrice que je suis soit émerveillée .

J'ai rencontré Aubel ce personnage mystérieux et pourtant si attachant.
Je me suis questionné sur ce qu'est l'Amitié.
Peut être juste ce pacte de partager intensément un seul jour de sa vie…
Dans la simplicité de ce que nous offre la nature.
Découvrir la pêche en y repêchant ses instants de plénitude .

Simplifier la vie ,
La résumer à l'essentiel.

L'instant présent dans toute sa splendeur sans artifice.
Ici et maintenant .
Juste UN JOUR à la fois sans projeter quoi que ce soit .
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Maurice Genevoix est mort depuis longtemps. 1980, c'est loin...
Un grand romancier, un poète, un témoin de la grande guerre de 14/18 a été effacé, sans qu'on le veuille vraiment, peut-être, de nos "tablettes", de nos mémoires de lecteurs.
Le temps passe et pose sur les souvenirs, les écrits, les noms, un voile d'oubli et d'indifférence. Il se trouve que je suis en train de redécouvrir un écrivain que certains ont pu qualifier "d'auteur régionaliste".
Honte à eux !
Maurice Genevoix nous parle peu-être à travers ses écrits de sa belle région de naissance, mais il nous touche d'abord par la qualité de sa plume, un peu ardue par moment, un peu vieillotte pour certains vocables, mais pleine de sensibilité, de poésie, d'humanité.
Un jour est une longue nouvelle, pour beaucoup autobiographique, qui nous amène au questionnement sur soi-même.
Prenons-nous suffisamment le temps de voir ce qui nous entoure, nos proches, famille, amis..?
Apprécions-nous ce que nous voyons chaque matin au réveil ? sommes nous assez sensible à la nature qui rythme notre vie, qui nous guide dans chacun de nos gestes ?
Serions-nous capable pour "un jour", un seul, de ne penser qu'à notre connexion avec ce qui nous entoure et fait de nous ce que nous sommes ?
Serions-nous capable comme notre narrateur de poser une amitié indéfectible sur deux rencontres espacées de presque deux décennies ?
Tout au long d'une lecture que j'ai eu envie de faire durer par pur plaisir, cette petite réflexion m'est venue à l'esprit comme une petite bulle d'air remontant du fond d'un petit lac: quelle leçon ! et d'un modernisme ! les écologistes, les humanistes, les amoureux de la nature, les défenseurs des droits de l'homme ou de l'animal, monsieur et madame Toulemonde, tous, peuvent trouver leur bonheur dans cette narration.
L'amitié, l'amour,la vie, la mort, tout cela se mêle avec bonheur dans les écrits de Monsieur Genevoix.
J'espère avoir réveillé un petit quelque chose chez vous mes amis.
Un jour, vous me direz...
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Je ne connaissais pas encore cet auteur, qui a pourtant eu le prix goncourt et de nombreux livres à son actif.

J'ai adoré ce livre, empli de nature, de contemplations de la faune et la flore des bords de la Loire. J'ai pensé à Proust, à Joncour dans cette façon d'aborder les paysages.

Un jour raconte l'histoire de l'auteur qui décide passer un jour entier avec un de ses voisins, qui dégagé quelque chose de fort, d'ancré dans la terre.
Et ce jour parait bien trop court ...

Il fait se dérouler cette rencontre il y a 40 ans où les industriels commencent aussi à déboiser pour construire de grands complexes, sous couvert de la création d'emplois, contre notre poumon d'oxygène qui se raréfie.

Un très beau roman.
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"Un jour" est un roman contemplatif. Je lui trouve des reflets zen. On y rencontre cette présence au monde, cette pleine conscience qui lui sont familières. Fernand d'Aubel, dont le coeur fait confiance à la vie, allie le temps de l'esprit aux arbres, aux oiseaux, aux brumes des étangs...

La langue est plus simple que dans "Raboliot". Maurice Genevoix utilise toujours des mots riches et peu usités, mais de loin en loin : exorable, désâmé.

Il exprime sa tristesse face à un monde qui s'effrite devant la course au profit. Il déplore la grande braderie de la vie et de la dignité humaine, ces hommes, tenant à la fois de l'amibe et du voyou, qui sacrifient les espaces naturels sans regrets ni scrupules.

Entre évanescence et racines profondément ancrées dans la terre.

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Maurice Genevoix (1890-1980) est un écrivain et poète français. D'une grande vitalité malgré ses blessures reçues lors de la Première Guerre mondiale et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu'à ses derniers jours. Son oeuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable compte 56 ouvrages. Il est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire comme son roman Raboliot (prix Goncourt 1925) mais il a également témoigné des épreuves de la génération qui a fait la Grande Guerre. Son corps doit entrer au Panthéon en novembre 2020, il est donc encore temps, à cette occasion, de vous replonger dans ses livres ou des les découvrir et pourquoi pas avec cet excellent roman, Un Jour, publié en 1976.

Nous sommes en 1940 dans le Val de Loire, le narrateur, Maurice Genevoix, jamais nommé mais sans ambiguïté puisque l'un de ses romans est évoqué par l'un des personnages (« … moi qui ai lu La Boîte à pêche ! ») s'est égaré dans les bois non loin d'une de sa résidence secondaire quand il est remis sur le bon chemin par un inconnu bien que voisin, Fernand d'Aubel. L'histoire pouvait en rester là mais dix-sept ans plus tard, revenu en ces lieux, il recroise cet homme et comme si c'était hier, ces deux-là se reconnaissent une connivence intellectuelle. Pour mieux se découvrir, d'Aubel propose à l'écrivain de partager avec lui une journée complète, un jour comme les autres. Ils ne se reverront quasiment plus après et dix-sept ans plus tard – même écart de temps – Maurice Genevoix écrit ce roman, portrait de souvenirs de cet homme maintenant décédé.

Le thème du livre est simple, la complicité entre deux hommes qui ne se connaissent pourtant pas mais qui partagent un amour intense pour la nature et la vie simple, bien que leur situation sociale soit avantageuse. Fernand d'Aubel à l'époque de cette fameuse journée, est un homme âgé (notons que Genevoix « le vrai » qui tient la plume a 86 ans !) bien que vaillant, il s'est reconnu un frère intellectuel en Genevoix (« le faux » acteur du roman) et peut-être qu'inconsciemment il souhaite laisser une sorte de testament humaniste.

Tout le roman est une magnifique description de la nature, une ode à cette flore et cette faune qui les entoure ; à la vie simple qu'on y mène, celle des provinciaux d'autrefois. Fernand d'Aubel peut aussi compter sur ses deux serviteurs, Hubert son garde-chasse et son épouse Céline, tous deux dévoués, et sur la présence de sa fille Laure. On arpente les bois et la pinède, on fait le tour de l'étang, on s'émerveille d'un rien c'est-à-dire de l'essentiel. Ici on vit avec les saisons, « dans ce monde en marge du monde », loin encore du modernisme qui pointe à l'horizon.

Lâchez vos romans de Claudie Hunzinger ou Marie-Hélène Lafon, et précipitez-vous sur Maurice Genevoix, leur maître, qui marie la Nature de la première avec les hommes simples de la seconde. Mais surtout, gorgez-vous de cette écriture somptueuse, de ces phrases ciselées à la perfection, de ce vocabulaire d'une richesse inouïe (« D'ici une semaine, il ira taper dans le harpail et déharder les biches qu'il servira. »). Un roman d'une sensualité folle où l'homme regrette de ne pas « avoir la vue d'un épervier, l'odorat d'un chien, l'ouïe d'une chauve-souris… » Etonnamment (pour moi en tout cas) l'écrivain fait appel à ses collègues américains pour enfoncer le clou, Whitman, Thoreau, Emerson…

Fernand d'Aubel aura eu une vie professionnelle et personnelle bien remplie avant de connaître la sérénité dans son havre de paix niché en pleine nature, mais de constater « Une longue vie pour devenir un homme, et ce n'est jamais achevé », d'Aubel et Genevoix les deux faces d'une même pièce.

Excellent roman.
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S'étant perdu lors d'une promenade dans la campagne le narrateur, par ailleurs écrivain, rencontre Fernand d'Aubel qui le reçoit chez lui puis le remet sur le bon chemin. de cette brève rencontre, le narrateur gardera un souvenir vif mais il ne reverra Fernand d'Aubel que dix-sept ans plus tard, sur la demande de celui-ci qui a une requête spéciale à faire à l'écrivain : lui consacrer une journée entière, de l'aube à la tombée de la nuit, durant laquelle ils chemineront dans la campagne pour découvrir la nature, s'en imprégner et échanger. le livre de Maurice Genevoix raconte cette journée où il semble ne rien se passer et où pourtant des choses essentielles seront dites et ressenties.

Peut-on dire que ce roman si particulier se range dans le genre “nature writing” bien avant que le terme ne soit largement répandu ? En tous les cas, c'est un véritable hymne à la nature, à sa puissance mais aussi (déjà, car ce roman est paru en 1976) à appel à la vigilance face à sa destruction. C'est un livre intemporel qui parle aussi de fraternité, rejoignant là un thème cher à Maurice Genevoix et traité dans ses livres de guerre, et du temps qui passe.

Et bien sûr, on retrouve ici la langue et la plume de Maurice Genevoix, cette incroyable puissance d'évocation qui fait naître chez le lecteur toutes les sensations liées de la nature et qui évoque, presque de manière sensuelle et organique, ce plaisir d'être à la nature. Il faut avoir lu la description de la rencontre du narrateur avec un cerf pour saisir toute la poésie et la force de ce texte.

Un livre qui appelle à la réflexion sur les relations humaines et les forces de la nature qui, sans jamais être moralisateur, délivre des messages essentiels et terriblement actuels. Un livre qui donne envie de partir marcher dans la nature en étant attentif aux sons, aux odeurs, aux ressentis. Une véritable leçon de vie qui chante l'harmonie entre la faune, la flore et l'humain mais aussi l'immense fragilité de cette nature que l'homme transforme sans cesse.

Quelle belle idée que d'avoir réédité ce texte, roman testament de Maurice Genevoix.
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