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EAN : 9782330078386
384 pages
Actes Sud (07/06/2017)
4.2/5   260 notes
Résumé :
Au large de la Californie, sur une île inhabitée au cœur d'un archipel quasi inaccessible et livré aux caprices des vents, Miranda, jeune photographe spécialisée de la faune sauvage, découvre un monde parallèle aussi séduisant que terrifiant, où la menace vient tout autant de la spectaculaire hostilité de la nature que de l'étrange micro-communauté scientifique qui l'accueille.

Abby Geni signe un premier roman comme un grand-huit des sensations, et p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (70) Voir plus Ajouter une critique
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Je ressors de cette lecture avec la même sensation d'oppression et d'étrangeté que lorsque j'avais lu « Shutter Islands » de Denis Lehane.

Vous rêvez d'îles paradisiaques, au climat tempéré, eau turquoise, sable blanc et cocotiers ? Alors les « Farallon Islands » ne sont pas pour vous car ces îles sont tout, sauf ça.
Ces îles océaniques au large de San Francisco, archipel composé d'îlots miniatures, sculptés de roches acérées et abruptes, ne pouvant pas accueillir de vie végétale, battus par le ressac, sont particulièrement sauvages et rudes.
« Il y a longtemps, on appelait cet endroit l'archipel des Morts. Maintenant je comprends pourquoi. L'île du Sud-Est fait à peine plus d'un kilomètre carré de surface. Les autres îlots sont nus, pelés, déchiquetés. Pas une seule plage de sable. le rivage est veiné d'algues, les pics escarpés et morcelés ».
Cet archipel je ne le connaissais pas et l'ai découvert avec ce livre. Il faut une journée de bateau pour le rejoindre depuis le continent à bord de l'unique navette qui permet hebdomadairement le ravitaillement. Accoster sur cette île est impossible : il est nécessaire d'utiliser une nacelle treuillée depuis le haut d'une falaise. Cet écosystème laissé à lui-même, sauvegardé, intact et brut n'est qu'à 50 kilomètres de San Francisco et pourtant nous avons l'impression d'être au bout du monde, sans antenne téléphonique, sans internet, sans ligne de téléphone.

C'est donc un décor meurtrier, inhospitalier, dantesque et violent que plante là l'auteure américaine Abby Geni dont il s'agit du 1er roman. Peuplé seulement de phoques, d'éléphants de mer, littéralement envahis par les souris, et, certaines saisons, par les oiseaux, son littoral renferme requins et baleines. Seuls une poignée d'humains, des biologistes, ont le courage de réaliser sur ces îles de longues missions d'observation. Miranda, photographe animalière, vient rejoindre ces six scientifiques. L'accueil qui lui est fait, dans le logement de fortune qu'ils partagent tous, est aussi glacial que cette île.
Avec Miranda et ses différents appareils photos (qui tous on leur petit nom) nous allons découvrir une faune incroyable : nous allons toucher le museau d'un bébé éléphant de mer égaré, frémir à bord d'une petite embarcation sous laquelle passe une baleine qui peut, d'un simple coup de queue la faire chavirer, être terrifiés par la violence assassine des goélands, suffoquer avec l'attaque d'un phoque par des requins.

« le passage des saisons ne dépend pas de la météo, mais des animaux. L'hiver est là quand les baleines et les éléphants de mer donnent naissance à leurs petits. L'été est là quand les oiseaux nidifient. L'automne appartient aux requins ».

Cette faune riche est décrite avec la précision des biologistes et la poésie de la photographe : « La présence de ces animaux me perturbe. Ce ne sont ni des proies ni des prédateurs. Les baleines existent en dehors de la chaîne alimentaire. D'une certaine façon, elles existent hors de l'espace-temps habituel. Elles vivent dans un royaume où tout est grand et lent – marées, orages, champs magnétiques. Elles plongent souvent dans les profondeurs d'encre de l'océan, là où la lumière ne pénètre plus. Elles habitent un monde bleu, loin de la terre, passant de l'eau à l'air et vice versa, se faufilant entre lueur et obscurité ».

Abby Geni arrive à nous plonger dans ces paysages iodés où le vent est incessant, souvent enveloppés de brume mais parfois cernés d'un horizon infini : « J'ai regardé l'horizon. C'était une ligne claire entre deux bleus intenses, comme un pli sur une feuille de papier ».

J'ai aimé le personnage de Miranda, jeune femme écorchée qui va, dans ces conditions pourtant extrêmes, réussir à se trouver. J'ai aimé sa passion pour la photographie qui donne lieu à de multiples réflexions passionnantes sur cet art que j'aime également en amateur : « Pour l'instant, les pellicules sont à l'abri sous mon lit. Chaque semaine mon trésor grossit, comme l'or qu'accumule un dragon. Il y a des jours où l'attente m'est insupportable. Il paraît impensable que des mois entiers s'écoulent avant que je ne puisse voir mes images. À d'autres moments, à l'inverse, j'aime ressentir cet espoir, cette attente. Comme le foetus dans un utérus, mes photos plongées dans le noir sont en gestation. Je suis curieuse de voir ce qui va naître ».
Cette passion pour la photo lui permet d'observer les choses avec recul, et poésie aussi : « Ses yeux étaient si bleus. On aurait cru des fenêtres, comme si en les regardant je voyais le ciel derrière lui ». La correspondance qu'elle entretient avec sa mère décédée est très touchante et le livre est basée sur cette correspondance, ce sont ses lettres que nous lisons.

L'écriture est fluide et les chapitres courts ce qui rend la lecture particulièrement rythmée et haletante. de plus, la fin des chapitres apporte leur lot d'étrangeté, d'ouverture des possibles. C'est bien vu, chaque fin de chapitre interpelle. J'ai été happée par le côté étrange et onirique du récit, palpitant, tout en subtilité et en évocations étranges. J'ai aimé voir ce qu'il advient des humains sur cet île précisément inhumaine, animaux parmi les autres, pas plus forts ni plus intelligents. Et d'ailleurs il n'y a pas que la nature ici qui est dangereuse, notre héroïne en fera les frais. Nature et profondeur de l'âme humaine sont entrelacées par Abby Geni avec tact et brio apportant son lot de drames et d'accidents dont les humains vont être incapables de s'extraire. L'huis-clos va se refermer sur eux. C'est oppressant, j'en suis encore toute hébétée et hagarde comme à la sortie d'un rêve.

Un grand merci à @Agneslitdansonlit à qui je dois cette lecture coup de coeur !



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C'est un archipel, au large de San Francisco, si petit qu'il est hautement probable que la plupart des lecteurs le découvriront avec ce roman, d'autant qu'il est peuplé essentiellement d'oiseaux et de phoques, et d'une poignée d'humains assez fous pour y passer du temps, en mission d'observation. le décor est rude, la terre inhospitalière, les animaux défendent leur territoire avec violence. C'est là que Miranda arrive avec son matériel de photographie, accueillie froidement par les exilés volontaires qui résident sur l'île. Chacun vient y panser ses blessures, montrant les dents comme une bête malade à la moindre tentative d'incursion dans leur vie privée.

C'est un huis-clos fascinant, émaillé de drames et de morts violentes, dans un cadre austère et dangereux, au coeur d'une nature sublime et sans pitié. Il y a fort à parier que l'on regarde différemment les goélands, chapardeurs et culottés qui séjournent sur nos littoraux.

Abby Geni a l'art de partager ses connaissances sur la nature, sans que cela paraisse artificiel. Les leçons de choses qui émaillent le récit ont leur place dans l'histoire : pas d'impression de copié-collé d'une encyclopédie en ligne

Très beau récit, à la fois instructif et palpitant, une belle découverte
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Miranda est photographe animalière. Sans attache, elle parcourt le monde au gré de sa chasse aux images. Cette fois, elle a obtenu l'autorisation de séjourner sur les îles Farallon, cet archipel sauvage loin au large de la Californie, réserve protégée abritant d'exceptionnelles colonies d'oiseaux, mais aussi propice à l'observation des éléphants de mer, des baleines et des requins blancs. Elle y découvre des lieux inhospitaliers et particulièrement difficiles d'accès, où réside, dans la promiscuité spartiate d'un refuge-observatoire, un petit groupe de biologistes aussi peu accueillants que leur environnement. Un huis clos explosif se met en place, dans un climat d'autant plus pesant et menaçant que les accidents ne tardent pas à s'enchaîner.


Le cadre du roman est exceptionnel et fidèle à la réalité. On y découvre un petit bout du monde battus par les éléments, difficilement relié au continent par une presque journée de bateau à bord de la rare navette qui assure le ravitaillement, et qui ne peut même pas accoster ces îles dites de la Mort. C'est à l'aide d'une nacelle treuillée depuis le haut d'une falaise qu'on y débarque. Dans ce décor dantesque où l'homme n'est qu'un intrus, la nature est seule maîtresse et impose sa grandeur, sa violence et ses dangers. le récit d'un parfait réalisme aligne une série de tableaux aussi grandioses que terrifiants, où le miracle de la vie s'assortit de l'implacable et cruelle loi du plus fort. Ici, beauté rime avec âpreté, vie avec cruauté, et l'homme s'y sent aussi fragile qu'au tout début du monde.


Un tel théâtre devient aisément infernal si l'on s'y retrouve durablement confiné dans la promiscuité d'un étroit logement de fortune, en compagnie d'hommes et de femmes que leurs blessures et névroses, autant que leur passion scientifique, ont poussé à l'écart du monde. Dès le début de l'histoire, un climat délétère s'installe, aussi étouffant que les fréquentes brumes qui ouatent l'archipel. Face à la nature brute et à la perpétuelle sensation de danger, les faux-semblants s'effacent et les caractères se révèlent, dans une confrontation sournoise où tout peut soudainement déraper. le moindre incident devient suspect, la plus petite parole s'interprète de travers, et la paranoïa s'empare du lecteur y compris. Il suffit d'un premier drame pour mettre le feu aux poudres.


Geni Abby nous livre ici un angoissant thriller psychologique, dont la tension et les effets en cascade doivent beaucoup à sa puissante évocation des îles Farallon : un lieu sauvage à quelques pas du monde « civilisé », où l'homme a tôt fait de redevenir un fauve parmi les autres.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Photographe spécialisée dans la faune sauvage ayant sillonné moult pays et mers, Miranda a décidé de poser ses valises sur les îles Farallon. Un ensemble d'îles très sauvages et peu accessibles, à 50 kms au large de San Francisco, où résident, pendant des mois, voire des années, des biologistes et des ornithologues. Lorsque la jeune femme débarque en ces terres inhospitalières, ils sont au nombre de six. Six hommes et femmes venus étudier et observer les requins, les oiseaux, les baleines et autres éléphants de mer avec qui elle devra cohabiter. Si les conditions météorologiques s'annoncent d'emblée mauvaises, l'accueil qui lui est réservé est tout aussi glacial. Chacun devra composer avec l'autre. Avec ses faiblesses, ses blessures, ses démons et son passé...

Pourtant pas loin des côtes californiennes, l'archipel des Farallons semble retiré du monde tant son climat est rude, sa végétation sauvage et ses habitants exilés des préoccupations habituelles. Ici, l'on vit pour et à travers sa passion, que ce soit celle des requins ou des oiseaux. Miranda, jeune photographe fraîchement débarquée, va devoir s'accoutumer à sa nouvelle vie, s'accommoder avec chacun. Au fil des saisons, elle retranscrit, par écrit, sa vie au quotidien. Des écrits qui, comme à son habitude, sont destinés à sa maman, décédée des années plus tôt. Dans ce huis clos, à la fois oppressant, angoissant et hors du temps, Abby Geni oscille habilement entre thriller psychologique et nature writing. Dans cet Archipel de la Mort, escarpé, menaçant et soumis aux vents violent, il n'y a pas que la nature qui peut s'avérer être dangereuse. Et la jeune Miranda l'apprendra à ses dépens. Ce roman fait, évidemment, la part belle à cette nature brute et sauvage mais aussi aux profondeurs de l'âme humaine. Un roman palpitant et foisonnant...
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J'aime beaucoup les récits qui évoquent la nature, les animaux, et en particulier la faune marine. Ce premier récit d'Abby Geni, judicieux mélange de thriller psychologique et de nature writing, est une très grande réussite.
*
Longtemps appelées l'archipel des Morts, les îles Farallon sont un petit ensemble d'îlots rocheux et inhospitaliers au large des côtes californiennes. Ce petit sanctuaire pour animaux sauvages, livré aux caprices d'une nature impitoyable, est une des îles les plus dangereuses au monde.

« Les Miwoks croyaient que l'endroit était aussi bien spirituel que physique. Ils le voyaient comme un enfer sur terre où étaient envoyées les âmes damnées pour y vivre dans l'inconfort et la solitude. »

Seuls, quelques scientifiques et chercheurs passionnés y résident dans des conditions de vie très rudimentaires, étudiant autour de ce lieu protégé, les cétacés, les requins, les populations d'otaries, de phoques, d'éléphants de mer, et les colonies d'oiseaux marins.
A leurs risques et périls…
*
Sous la forme d'un récit épistolaire, nous découvrons Miranda, la narratrice, une photographe de la nature, qui a voyagé partout dans le monde à la recherche de paysages extrêmes. Expérimentée, elle a reçu l'autorisation de passer une année entière sur les îles Farallon pour y photographier les paysages aussi envoûtants qu'hostiles, ainsi que la faune dans son milieu naturel.

« Les îlots sont les étoiles principales d'une galaxie de vie marine. Il y a les grands requins blancs, en visite périodique, qui quittent leur orbite mystérieuse pour venir traîner au large. Les baleines, pareilles à des comètes lointaines, qui viennent ici en quête de krill. Il y a les macareux huppés. Les loutres de mer. Les cténophores. Je suis bien partie pour rester une année entière sur ces îles. J'aurai besoin de tout ce temps pour photographier ce coin de bout du monde. »
*
A travers son courrier, le lecteur fait la connaissance avec cette jeune femme solitaire et fragile sur le plan émotionnel et psychologique. Fascinée et séduite par cet endroit isolé, elle n'en ressent pas moins beaucoup d'appréhension.
En effet, la beauté sauvage des îles Farallon se heurte à la rudesse du climat, au hurlement du vent, au fracas des vagues, aux violentes tempêtes, aux animaux sauvages et à la dangerosité du site.

« La mort n'a jamais été aussi présente pour nous sur les îles Farallon qu'en ce moment. Il n'y a pas si longtemps, elle était comme le bruit de l'océan diffusé par l'arrondi d'un coquillage – distante, vague, à moitié fantasmée. Elle est désormais sur le devant de la scène. »

Nous découvrons, en même temps que la narratrice, les six résidents, leur personnalité, leurs secrets.
La présence des biologistes n'apporte pas la chaleur tant attendue malgré la promiscuité imposée. Etranges et taiseux, ils amplifient le phénomène d'isolement, d'insécurité, de malaise et de défiance.
La confiance envers les résidents est très vite mise à mal, leurs comportements aussi étranges qu'étouffants. L'atmosphère s'épaissit rapidement, rendant le récit inquiétant, menaçant, mais aussi particulièrement captivant et addictif pour le lecteur.

« En fait, on peut mourir d'une centaine de façons sur ces îles. Il est même fascinant que nous ne soyons pas déjà tous six pieds sous terre – abandonnés au vent, à l'océan et au don formidable qu'ont les humains pour la mort accidentelle. »

Les silences sont tendus comme de cris de colère, de souffrance, de chagrin, de haine ou de ressentiment. Construit autour des thèmes forts comme le traumatisme, la douleur, le deuil, le déni et le poids de l'absence, ce thriller offre au lecteur un véritable huis-clos à ciel ouvert.
L'épilogue raconté par un des biologistes est particulièrement réussi, apportant des réponses à certaines de nos interrogations.
*
Le métier de Miranda nous amène à côtoyer de nombreux animaux marins, à découvrir et mieux comprendre, au contact des biologistes, la vie de la faune marine.
Le roman se découpe en quatre saisons, selon l'espèce présente sur les îles à ce moment-là, formant un cycle avec ses naissances et ses décès. Pour chacune d'entre elles, saison des grands requins blancs, saison des baleines, saison des phoques, saison des oiseaux, Abby Geni décrit les impressionnantes migrations, les combats parfois sanglantes pour s'approprier les femelles, les modes de reproduction, l'alimentation, ...

*
Le travail d'écriture de cette jeune auteure est vraiment incroyable, à la fois poétique et pesant, lumineux et sombre, très descriptif, merveilleux tout comme tragique. Elle crée une atmosphère de tension, de suspicion et de fébrilité entre les personnages qui s'accorde totalement au décor naturel.

Le lecteur se sent emporté par cette ambiance terrifiante et séduisante, ressentant l'influence de l'archipel, sa beauté brute et sauvage, le rivage glissant, les embruns salés, la brume froide et humide, le frisson glacé porté par le vent, à tel point que l'île peut être perçue comme un personnage à part entière.

C'est un roman très sensoriel.
L'auteure excelle à nous faire ressentir les fortes odeurs de guano, la répulsion face à ces milliers de souris qui ont envahi l'archipel, le chant presque humain des baleines, les cris tapageurs des oiseaux marins, le hurlement du vent, le fracas des vagues qui s'écrasent sur les falaises abruptes et déchiquetées.

*
C'est aussi une belle réflexion sur l'art photographique. Par le choix de son matériel et du cadrage, Miranda raconte une histoire, capture certains moments, mais également manipule notre interprétation.

« Quand les visiteurs d'une exposition regardent un tableau, ils ont accès, pour une fraction de seconde, à l'esprit de l'artiste. Un genre de télépathie. de voyage dans le temps. À l'avenir, quand les gens regarderont mes photos des îles, ils verront ce que j'ai vu. Ils se tiendront au même endroit que moi, entourés de cet océan. Peut-être éprouveront-ils même un peu de l'allégresse qui m'a saisie ici. »

Aby Geni a également une idée très précise de ce qu'elle veut que le lecteur perçoive.
Par le choix d'un angle de vue rapprochée sur Miranda, elle cherche à créer une certaine proximité et une certaine intimité avec la jeune femme.
Mais l'auteure écrase également la perspective et change la perception globale de la scène. En racontant une histoire à l'intérieur du cadre et en laissant dans l'ombre d'autres scènes comme les coulisses d'une scène de théâtre, elle manipule le lecteur, induisant des émotions et des sentiments plutôt que d'autres.

*
Ce huis-clos, troublant, fascinant et dérangeant, m'a empoignée et ne m'a plus lâchée jusqu'au dénouement. Il m'a rappelé « Les dix petits nègres » d'Agatha Christie, ainsi que « Les oiseaux » d'Alfred Hitchcock, avec la présence fascinante, dérangeante et écrasante des mouettes et surtout des goélands.

Un coup de coeur pour ce superbe roman que je vous encourage à découvrir à votre tour.
Ce roman m'a tellement plu que lorsque j'ai déniché involontairement dans une petite bouquinerie « Zoomania », un autre roman de l'auteure, j'y ai vu une invitation à le lire et il est venu tout naturellement s'ajouter à tous mes livres en attente.

Pour finir, je tiens à remercier Selias qui m'a donné envie de lire ce roman.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
02 juillet 2017
Un thriller psychologique amplifié par la Nature.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Plus que toute autre forme artistique, la photographie requiert d’être froid et dépassionné. (…)
Ce travail exige un esprit qui sache se tenir à distance. (…)
Le traumatisme et la souffrance sont les fondements de l’art. J’y crois. Mais confronté à la tragédie, un peintre spécialisé dans les fresques ou dans les aquarelles peut vivre ce moment en être humain et redevenir artiste après. Face à la mort d’un être cher, un sculpteur ou un portraitiste peut d’abord souffrir, faire son deuil, guérir – puis créer. La plupart des artistes traversent l’existence de cette manière. Ils peuvent avoir des réactions normales face aux vicissitudes de l’expérience humaine. Ils peuvent traverser le monde avec compassion et camaraderie.
Ils peuvent créer plus tard. En dehors, ailleurs, au-delà.
Mais la photo est immédiate. Elle n’offre pas le luxe du temps. Confronté au sang, à la mort ou au changement, un photographe n’a pas d’autre choix que de saisir son appareil. L’artiste vient en premier, l’être humain en second. La photo est la captation neutre des événements, la chronique du sublime comme de l’effroyable. La nécessité veut que ce travail soit effectué sans émotion, sans attache, sans amour.
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Il y a longtemps, on appelait cet endroit l'archipel des Morts. Maintenant je comprends pourquoi. L'île du Sud-Est fait à peine plus d'un kilomètre carré de surface. Les autres îlots sont nus, pelés, déchiquetés. Pas une seule plage de sable. Le rivage est veiné d'algues, les pics escarpés et morcelés. Les îles sont disposées par taille comme les invités sur une photo de mariage. Leurs contours renvoient une certaine crudité. Si Dieu a ben créé le monde, il semble avoir délégué le façonnage des îles Farallon à son beau-fils encore mineur qui, de plus, s'est servi d'une mauvaise argile.
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On dit que le temps ralentit dans des moments de stress très intense. J’ai fait quelques recherches sur le sujet, et en fait, ce qui se passe, c’est que la mémoire devient incroyablement fidèle. En temps normal, l’esprit ne se raccroche qu’aux images et aux événements importants. Nous nous souvenons des grandes choses et oublions les petites. En situation ​de stress, toutefois, notre cerveau stocke tout. Le temps s’écoule à la même vitesse que d’ordinaire, mais avec le recul, le souvenir devient photographique. C’est comme si la trotteuse avait ralenti, comme si nous étions capables de voir le monde qui nous entoure dans des détails aussi fantastiques que précis.
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La maison est le lieu où je me souviens le mieux de toi. Je me souviens de ta silhouette fine blottie sur le canapé, un livre à la main. Je me souviens de ta voix qui monte comme un chant, l’écho rebondissant dans le couloir en provenance de la douche. Chaque pièce est un trésor de souvenirs inattendus. Le moindre détail – un objet, une odeur, un son – peut amorcer un souvenir, me renvoyer d’un coup dans le passé.
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- Voilà une expression intéressante, a-t-il dit. Tu as perdu ta mère. J'ai perdu ma femme.
- Oui.
- On les perd. On les égare. C'est exactement ça. Cette chose qu'on a toujours eue avec soi, cette chose à laquelle on était si habitué qu'on n'y pensait plus. Comme des clés ou un portefeuille. Je me pose encore la question : "Où est-elle passée ? Elle était là il y a encore une minute."
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