L'année lumière (L'anno luce, 2005) nous donne à voir les moeurs cruelles et corrompues, les manipulations perverses et la servilité des dirigeants - ici d'une entreprise de téléphonie mobile italienne – sous la forme d'un roman très frappant par son écriture tranchante et poétique, superbement traduit par Serge Quaddruppani.
Au moment où des britanniques manoeuvrent pour prendre le contrôle de l'entreprise, son numéro deux, surnommé Mental, quadraquinqua à l'agressivité dissimulée, serviteur à l'intelligence rapide mais sans génie, dévoré d'ambition, veut ravir le pouvoir au dirigeant "Le Prophète". Un soir, Mental retrouve sa femme Maura dans son lit, plongée dans un état catatonique suite à un choc dont on ignore la nature.
Dans la catégorie business fiction,
L'année lumière est un roman d'une grande force, thriller contemporain et satire aux accents mythologiques.
« Tu as toujours été un misérable mercenaire. L'opérateur du mensonge, du bluff, l'Iscariote quotidien. Tu ne t'es jamais demandé ce qui s'agitait sous ce séisme que tu réglais par salves, au rythme des trahisons et des successions. Ton insupportable froideur, ton omniscience. Un champion du monde d'échecs est-il un petit dieu ? Tu vois, tu es nu et anéanti, les sursauts de la culpabilité commencent. Les faibles se dévorent : l'un l'autre, puis eux-mêmes.
Les pauvres sont des hommes qui baissent la tête sur leur propre estomac et mordent, se dévorent les viscères.
Tandis que les hommes sont occupés à ça, les puissants prospèrent : les peu nombreux. »