Imaginez la circulation sur l'autoroute des vacances un après-midi d'été... Ca roule super bien, et puis d'un coup, paf ! Bouchon, temps mort. Et puis ça repart... Avant d'être à nouveau ralenti...
C'est exactement de cette manière que s'est passée cette lecture pour moi. Bien qu'il s'agisse d'une lecture commune dans le cadre d'un challenge, j'ai dû m'interrompre à deux ou trois reprises pour intercaler d'autres livres (vive les graphiques !) pour ne pas abandonner...
Et j'en suis bien heureuse, parce que maintenant que c'est fini, je dois dire que c'est vraiment une très chouette histoire !
Les deux cents premières pages ont défilé à toute vitesse. On découvre Rochefort, l'auteur des
mémoires, confronté à un dilemme moral épineux : trahir son maître pour le sauver. Son maître, c'est Sully, le bras droit de Henri IV. Et la trahison qu'il doit effectuer, à l'instigation de la Reine, Marie de Médicis, c'est de permettre à un des aspirants régicides de réussir son coup...
Trahir, d'accord, mais pas trop ! Rochefort décide de miser sur celui qui a le plus de chances d'échouer, mais voilà, suite à un prodigieux concours de circonstances, Ravaillac réussit son coup, et assassine
Henry IV. Sous ses yeux.
Fuite donc pour messire Rochefort, mais fuite compliquée par sa rencontre avec l'importun duelliste Dariole, avec qui il a déjà eu maille à partir, et qui, non content de lui infliger une nouvelle humiliation, va lui coller aux basques comme une moule à son rocher... Fuite vers l'Angleterre, et, arrivés sur une plage du nord de la France, nos deux ennemis vont sauver la vie d'un homme, sur le point de se noyer suite à un naufrage. Il s'agit d'un samouraï japonais venu négocier avec le roi Jacques Stuart...
Et c'est là la première fois où j'ai été stoppée dans mon élan... le combat sur la plage, la révélation sur l'identité de Dariole (ça m'allait bien, moi, ce qu'on avait cru comprendre !), et le baragouin incompréhensible du samouraï... Bref !
Arrivés en Angleterre, C'est Fludd qu'ils ont sur le dos, nos voyageurs ! Mais, oui, Fludd, celui à qui est attribué le premier chapitre du livre... Fludd pratique les mathématiques prédictives, et exige de Rochefort qu'il assassine Jacques Stuart ! Pour empêcher la destruction de la Terre par une comète dans un futur lointain... Je ferai grâce des explications et des raisonnements logiques, c'était abominable !
Encore une fois, Rochefort fera tout pour tenter de paraître obéir en tentant de déjouer la machination...
Une fois enfin arrivée à la scène où Rochefort tente d'exécuter son plan, la suite de la lecture a été fluide.
J'ai adoré :
- ce sujet des mathématiques prédictives, qui rappelle (légèrement, ok !) les psychohistoriens d'
Asimov
- la façon dont
Mary Gentle nous brosse le portrait des grands de nos livres d'histoire : Sully, Jacques Stuart (qui va pousser la chansonnette, un pur bonheur !), Robert Cecil, et même le futur
Cardinal de Richelieu et Marie de Médicis (non mais quelle sal... euh, sale bonne femme !)
- le personnage de soeur Catarina
- Rochefort et la façon dont il prend en main son destin, à la toute fin, avec la fondation de la Rose-Croix
- les incessants rebondissements et retournements de situations
J'ai moins aimé :
- le rythme - mais ok, je l'ai déjà dit !
- les "documents" intercalés dans les
mémoires de Rochefort sensés éclairer l'histoire mais qui n em'ont rien apporté - SAUF à la fin, celui attribué à Dariole qui nous apprend comment Rochefort est parti, finalement et comment son oeuvre va se poursuivre
- les personnages de Fludd, du japonais et du valet de Rochefort, complètement pas crédibles !
- la relation entre Rochefort et Dariole : pour moi, soit elle est trop bizarre, soit elle ne l'est pas assez. On dirait que
Mary Gentle a eu envie de faire autre chose, mais qu'elle s'est finalement tant bien que mal raccrochée à du politiquement correct. Homosexuel, ok, mais pas définitivement, ni trop longtemps. le SM, oui, mais bon lavé à grande eau de sentiments romanesques et un peu gan-gnan... Bref. L'ambiguité, c'est bien, le flou artistique, bof.
Voilà voilà, j'avais beaucoup de choses à dire, mais c'est vrai que cette lecture m'a pris du temps, et ça a été parfois un combat de poursuivre la lecture. Mais arrivée au bout, je le redis, ça valait la peine, selon moi !