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Citations sur Double intérieur précédé de L'absence réelle (10)

Entre les yeux et le regard s'inscrit un fossé d'une nuit sans fond; ainsi ma blessure me fit naître à mon regard et les mots découvrirent sous mes yeux la maladie du silence.
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On ne sort pas de l'absence: elle vous tient trop lieu de corps.
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J'attends avec amitié vos lettres qui me seront le secours dont j'ai rêvé vivre par mon écriture et que certains n'ont pu comprendre; car si j'ai élevé une mémoire de l'oubli, par mon attention toujours aux moindres signes, respectueux des objets et des êtres qui m'entourent, ce n'était là que l'expression de mon être enfin converti à la vie, au-delà du temps et de l'histoire.
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les mots n'ont pas la soumission du regard près du vide.
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DOUBLE INTÉRIEUR


extrait 4

Je ne sais ce qui s’entame ici lettre ou écriture ? La parole a finalement quelque chose que je ne comprends pas très bien et qui m’échappe. Que te dire si ce n’est que la journée fut belle et que de nouveau tout s’étire dans le petit bord du silence. J’ai l’impression même en écrivant de forcer quelque chose. Ainsi ai-je la sensation étrange de désirer éteindre tout désir en moi, me faire si petite, si petite et si forte tout à la fois. Mes vêtements m’ont l’air complètement inutiles. Je sens tout avec une dérision effrayante de laquelle je sais venir une sauvagerie sans appel et sans nom ; un enfermement galope en moi si fort que je m’exile. Un deuil indéfinissable commence à naître contre quoi ma générosité perd, s’épuise et ne peut me raisonner. Je tente un dernier souffle d’intelligence que je veux puiser en mon travail et ne plus croire qu’à un seul acte de clarté authentique : Ma Création. C’est de là que peut émerger à nouveau ma plus grande sérénité. Je ne sais quel en sera le prix ni si tu pourras y figurer ?

Ce que je voudrais possible frise la petitesse et m’éclate comme ce que j’appelle les petites peurs de cette terre qui nous rendent sans cesse à la bassesse. Or je hais toute bassesse. Et si tu veux une place dans ma vie sache faire le geste qu’il faut pour qu’il me fasse mesurer où est ton amour. Sans cela, je me renfermerai en ma coquille et nous créerons en nous l’exigence d’un tel non-lieu.
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SUAIRES


extrait 3

   Dans un long filament noir, il y avait eu un jour un visage, mais désormais nous hibernions dans le monde des anamorphoses où toute l’histoire redevenait possible.

   Comment était-ce possible de voyager, lorsque je donnais des rendez-vous que sans cesse je manquais ? Je ne pouvais pas parler au téléphone quand mon corps n’était pas là. Comment résoudre ces absences ?

   Je faisais des signes, je les faisais voguer loin, ils rebondissaient probablement dans une oreille qui m’avait été choisie et que ponctuellement je remplissais par mes voix. Mais au moment de rencontrer l’autre, déjà elles avaient disparu.

   J’aurais pu dire… violet, turquoise… turquoise violacé, violet turquoise… bleu par volonté de profondeur avec pour espace l’inégalité proportionnée de l’harmonie… Rien n’aurait changé. Et pourtant, entre mes mains, n’importe quel compositeur aurait entendu une musique — Moi qui n’ai jamais su lire la musique. D’où vient cette musique où ne vibrent que déchirure, écartèlement ? Alors que ce qui compte est cette façon de résumer l’espace sonore au toucher, à l’effleurement de l’invisible. Nos traces viennent nourrir l’enfer de la platitude tandis qu’erre en elles, l’ombre d’un noyé.
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O si vous ouvriez comme s’ouvre un livre et que vous m invitiez en votre absence ! Plus jamais le vide n’aurait ce fond d’illusion, et ainsi, je ne vous perdrais plus. Etre entièrement dans la chute sans qu’il n’y ait d’arrêt.
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Désormais, il me faut accepter la mort qui m'habite.
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SUAIRES


extrait 2

   J’avais décidé, du jour où mes draps furent repliés provisoirement par manque de place, que je ne ferais plus, pour seul rite à mon existence, que construire mes symboles et mes signes sur la figure noire d’un carbone fripé où tout serait su en son envers.

   J’avais entendu parler depuis longtemps de ce carbone où corps et esprit, tous deux s’étaient fait combustion. Là sans doute je grifferais notre combustion à tous deux.

   Je le pris dans mes mains — le carbone était d’argent. En lui, je pressentais le lieu de la conservation.

   Plus je le gardais en mes mains, plus il se faisait miroir, et montait jusqu’à moi…

   Mais les reflets sur lui jamais ne se fixaient en une image simple. Au contraire, ces déformations infinies faisaient que nous ne pouvions nous penser, autres, qu’abandonnés. Je m’étais perdue.

   À l’aide d’un crayon, je traçais quelques lignes, sorte d’exercice par lequel je me guettais une face possible. Dès qu’un œil surgissait, je le saisissais pour le figer, mais à peine l’avais-je marqué qu’il roulait dans la vague d’argent.
(…)
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SUAIRES


extrait 1

   Le vrai dans la fenêtre, ce n’était pas le côté où j’étais assise, mais bien cette autre face où les couleurs s’assombrissaient à peine. La pesanteur y reprenait, là, toute sa force — fascination de la mort en suspens revenue se figer à jamais dans la vitre — et par ce retour, il nous était donné de nous voir de loin. Je bougeais, eux ne bougeaient pas. J’y perdais mon ombre. Toute frontière s’anéantissait.
(...)
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