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EAN : 9782271094582
550 pages
CNRS Editions (19/01/2017)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Abdülhamid II (1876-1909) a marqué de son empreinte les dernières décennies de l’Empire ottoman. Héritier d’un État affaibli et fragile, « l’homme malade de l’Europe », il s’est efforcé de le renforcer en réformant la bureaucratie, la justice, l’armée, l’enseignement. Jouant de sa qualité de calife pour mieux souder les musulmans de l’empire, il a établi un régime autocratique, réprimant brutalement le mouvement national arménien et provoquant l’opposition des Jeune... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans l’ensemble de l’Empire, Abdülhamid voue une attention particulière aux provinces arabes du Proche-Orient, et en particulier à la Syrie (…) ainsi en est-il, par exemple, dans le domaine des travaux publics et, pour prendre un exemple plus précis encore, des chemins de fer. Avant 1876, les deux tiers des voies ferrées ottomanes ont été construites en Roumélie. Entre 1882 et 1908, 47% des voies ferrées concernent la Syrie, contre 37% pour l’Anatolie et 15% seulement pour la Roumélie. A la même époque, l’effort de construction des écoles est plus intense dans les provinces arabes, que ce soit les écoles primaires modernes (ibtidaiye), les écoles moyennes (rüsdiye) ou les collèges (idadi). En outre un lycée est créé à Beyrouth, et, à la fin du règne, Damas est doté d’écoles de médecine, de droit et des arts et métiers. Abdülhamid fait aussi ouvrir dans les provinces arabes des écoles préparatoires militaires (askerî rüsdiye) pour former de futurs officiers arabes (…) le nombre d’élèves originaires des provinces arabes passés par les écoles préparatoires militaires augmentent de 100% entre 1887 et 1898, alors qu’à Istanbul le chiffre est stationnaire.
(…)
Le résultat est que le poids de l’élément arabe dans l’État ottoman se renforce peu à peu. C’est vrai de l’armée qui, jusqu’alors, puisait l’essentiel de ses recrues en Anatolie, et, en partie, en Albanie ; c’est vrai aussi de l’administration, où le pourcentage des Arabes – notamment des Arabes chrétiens – connaît une légère progression.
(…)
Parmi les provinces arabes, la Syrie est l’objet de toutes ses attentions. Pourquoi la Syrie ? A cause de son importance historique, de sa position stratégique sur les routes du pèlerinage, parce qu’elle est la clé qui donne accès aux Lieux saints de l’islam ; mais aussi parce qu’à partir de l’occupation anglaise en Égypte, Damas fait figure de capitale régionale, de pôle culturel et intellectuel pour l’ensemble des provinces arabes. (pp. 244-246)
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Les confréries religieuses musulmanes, les tarikat, entretiennent également leurs craintes. Car, partout dans le monde musulman, les confréries ont lutté et continuent de lutter contre la domination coloniale, que ce soit les Naqchbandiyya au Caucase, ou la Senoussiya en Afrique du Nord. Celles-ci font peur parce qu’elles agissent clandestinement et qu’elles constituent des réseaux à ramifications internationales, difficiles à infiltrer pour les États coloniaux. Certaines d’entre elles sont perçues comme le moyen idéal pour organiser un soulèvement généralisé dans le monde colonial. Un ouvrage sur les confréries religieuses fait grand bruit à l’époque ; les auteurs y affirment leur nature politique et dénoncent le rôle de certains cheikhs installés à Istanbul sous la protection du sultan. Après La Mecque, Yıldız apparaît comme un autre foyer de la subversion musulmane.

Le djihad est également une source d’inquiétude. L’appel à la guerre sainte pourrait se révéler une arme redoutable entre les mains d’Abdülhamid. Détenteur de l’autorité spirituelle, le calife pourrait appeler les musulmans à se soulever et à faire la guerre contre les puissances chrétiennes. Qui peut dire comment réagiront alors les musulmans des colonies ? Obéiront-ils aux lois de l’administration coloniale ou aux commandements de l’autorité religieuse ? Aux ordres émanant de Londres et de Paris ou à ceux venant d’Istanbul ? Beaucoup d’hommes politiques européens ne cachent pas leur crainte que la fidélité au calife ne l’emporte sur la loyauté à l’égard des métropoles. Le vice-roi de l’Inde, Robert Lytton, l’exprimait clairement dans un message à Disraeli en 1876 : « Si trente mille Russes passent la frontière et nous attaquent, nous pouvons compter sur les musulmans de l’Inde. Mais si trois Turcs arrivent à Bombay porteurs d’un message du sultan appelant à la guerre sainte contre le gouvernement britannique, tous les musulmans répondront à cet appel ». Ainsi, au moment où l’Europe établit sa domination sur une grande partie du monde musulman, la voilà saisie d’une peur nouvelle.

Cette peur a désormais un nom, le panislamisme – le terme est apparu, semble-t-il, en 1877 et il a été popularisé à partir des années 1880, et elle a un visage, Abdülhamid. (pp. 278-279)
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Tous ceux qui approchent Abdülhamid sont très frappés par la simplicité de son cadre de vie, de ses manières et de sa mise. Charles de Moüy décrit les salons très simples, le cabinet du sultan dépourvu de tout luxe inutile : « On croirait, écrit-il, entrer chez un riche pacha, modéré dans ses désirs, mêlant dans une mesure élégante le style européen et celui de l’Orient ». Simplicité de ses manières, de son cadre de vie ordinaire ; simplicité de sa mise aussi. Le plus souvent, le sultan porte une simple redingote noire boutonnée et un fez ordinaire, dépourvu de l’aigrette qu’y mettaient ses prédécesseurs.
(…)
Abdülhamid critique les pachas qui « ne se soucient absolument pas de la simplicité » ; ils devraient savoir, estime-t-il, que « la distinction suprême réside dans le savoir et la justice ». Il prêche la modestie dans l’habillement et la sobriété dans la nourriture. « Je donne moi-même toujours l’exemple sous ce rapport », dit-il. Au delà de cette simplicité qu’il affecte dans la vie courante, Abdülhamid sait aussi, quand il le faut, éblouir ses hôtes, pour faire étalage de la richesse de la monarchie et de l’État ottoman ; il reçoit alors dans le plus grand faste. Mais en dehors de ces circonstances exceptionnelles, il tient à ce que l’on ait de lui l’image d’un homme simple, modeste, réservé, qui corresponde à la fonction du calife à laquelle il veut redonner du lustre.

Car ce comportement qu’il affectionne, c’est aussi celui du croyant convaincu qu’il est ; il accomplit ponctuellement ses devoirs de croyant, et notamment ses prières. Il a adhéré à l’ordre de la Chadhiliyya et à celui de la Qadiriyya.
(…)
Abdülhamid mène un mode de vie régulier. Ses journées bien remplies sont presque entièrement consacrées au travail, qui peut se prolonger fort tard dans la nuit. (pp. 181-182)
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