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EAN : 9782896943494
Alto Voce (23/10/2017)
3.5/5   53 notes
Résumé :
L’une s’immobilise devant les fenêtres de sa maison en banlieue avec le poids de la mort au creux du ventre; l’autre cherche à traverser l’écran pour se transformer en image grâce à son avatar numérique, en quête d’absolu.
L’une a donné naissance à l’autre, qui tente maintenant de renaître à travers un corps virtuel, loin de la morosité du nid familial.

Récit d’une lumineuse lucidité propre à ouvrir les consciences et à faire vibrer les âmes, D... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le roman "De synthèse" de la québécoise Karoline Georges ne sera pas l'un des romans marquants de 2022. Je me suis globalement ennuyée, ceci dit, une fois cela dit, cela ne vous renseigne pas vraiment sur l'oeuvre en elle-même.

Une jeune femme - déjà, ça partait mal, je n'aime pas quand le personnage principal, ici la narratrice, n'a pas de nom - top model de profession s'invente plus ou moins volontairement une existence virtuelle. Après une carrière sur les podiums d'une dizaine d'années, elle se retire chez elle à Montréal comme en une grotte pour vivre à travers les livres et les films qu'elle lit et regarde en continu, en quête d'un idéal esthétique et d'une identité par l'image. Nous sommes alors dans les années 80/90 et l'émergence d'internet au cours de la décennie suivante va donner une dimension encore plus profonde à sa vie d'ascète, cloîtrée dans son appartement, coupée du monde réel, vivant et ressentant ses émotions à travers Anouk, son avatar. Coupée également de son père et de sa mère, éternels incompris de leur fille unique jusqu'à ce que la vieillesse et la maladie place la narratrice devant un semblant de responsabilité filiale.

Karoline Georges déploie plus d'énergie que de talent à analyser le rapport de son héroïne (et donc du lecteur par la même occasion) à la virtualité galopante de la société. A priori, cela n'a rien de stupide, c'est un vrai sujet, un phénomène sociétal croissant et qui a de quoi faire flipper. Toutefois, j'ai trouvé son traitement trop égocentré autour de cette narratrice anonyme.

Anonymat qui est au coeur du récit et du sujet puisque grâce à un avatar, il est possible de se déposséder de son identité pour se fondre dans l'humanité, y apporter sa personnalité sous forme de posts, de performances, d'oeuvres artistiques, d'applications, que-sais-je encore. Si le but de l'auteure était de créer une sorte de malaise lié à cet anonymat, c'est plutôt réussi ; mais je m'interroge alors sur la nécessité de développer ce thème en même temps que le plus traditionnel rapport parents-enfant qui ôte de mon point de vue pas mal de l'originalité du roman, en le plombant de quelques poncifs sur le conflit de génération.

Une lecture que j'ai abordée en pensant qu'il serait question de science-fiction ou de dystopie et qui s'est finalement révélée une sorte de biographie fictive aux allures de témoignage sur l'impact de la transition numérique sur la société. Etrange.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
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Karoline Georges est l'une de mes autrices québécoises préférées, et ce roman me rappelle pourquoi. Elle réussi toujours à écrire des fictions qui sont indéniablement du domaine de la science-fiction tout en demeurant accessible aux "vulgaires" lecteurs de réalisme.

De Synthèse est une espèce d'odyssée esthétique de l'enfance à l'âge avancée d'une mannequin qui se recycle dans les arts visuels numériques et, SF impose, matriciels

Oui, ça semble assommant, dit comme ça.

Mais si les histoires au style froid et chirurgical vous plaisent. Si l'exploration grimaçante de milieux familiaux et de travail toxique mais non caricaturaux vous intéresse. Ce livre est pour vous.

Le roman réussi aussi à aborder les nouvelles technologies d'une façon plutôt amorale, ce qui fait franchement du bien. Il évite l'espèce de culte des technologies dans lequel baigne la moitié de la SF, et les approches dystopiques qui empoisonnent l'autre moitié de la SF.
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Récit qui n'est pas celui auquel je m'attendais après la lecture des premières phrases. Je pensais à plus de dystopie, de technologie, de mystère.

Aucune déception pour autant. La biographie de la narratrice et les thèmes abordés sont, derrière un style laconique et distancié, plus subtils qu'il n'y paraît au premier abord.

Échapper au réel dans la recherche de la perfection de l'image, distance et absence d'émotion interprétées comme des qualités professionnelles, dégoût du corps, recherche de l'immobilisme pour échapper à la mort, re-création de soi via internet la réalité augmentée, histoires de vie cabossées, difficultés de communication...

En somme, la condition humaine et ses éternelles questions sans réponse définitive, retravaillées dans une trame narrative où s'insèrent quelques éléments très actuels et leurs évolutions futuristes, autant de leurres et de possibilité de réconciliation avec notre impossible humanité.


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Le monde virtuel, celui des images, a toujours fasciné la narratrice de cette histoire. le contexte familial, particulièrement difficile, y est pour quelque chose : père alcoolique et violent, mère à côté de ses pompes qui fume à longueur de journée sans un mot à sa fenêtre. Cette jeune fille au début du livre passe donc ses journées et ses nuits, soit devant la télévision, soit dans les livres. Dans un état proche de l'hypnose, elle imagine une autre vie, un monde complètement différent où elle serait enfin heureuse avec sa maman. Elle se plonge dans le monde de l'imaginaire pour oublier son quotidien.

Les années défilent. Suite à un événement bouleversant, elle décide enfin de quitter le domicile familial et commence une carrière dans le mannequinat à Paris. Son visage fermé, qui ne transmet aucune émotion et se plie aux exigences du métier, est sa marque de fabrique. Et c'est un succès!

Elle nourrit en parallèle ce rêve qu'elle a depuis toute petite : celui de fixer pour l'éternité son image. La photo? La peinture? Elle cherche les moyens d'exaucer son voeu le plus cher. Elle finit par l'atteindre, au travers d'un avatar. Ce travail de façonnage, de création, qui est le résultat de toutes les images qu'elle chérit depuis son enfance, est colossal. Entre-temps, elle est revenue au Québec mais n'entretient que des contacts très limités avec ses parents. Son avatar, c'est une seconde naissance, ou une renaissance.

Et puis, sa maman tombe gravement malade… L'héroïne, désormais adulte, doit se faire violence pour sortir de son appartement qu'elle ne quitte jamais.

Karoline Georges m'a totalement transportée avec ce roman! J'ai trouvé d'emblée le ton terriblement accrocheur. Et puis, j'ai développé une réelle fascination à mon tour pour la narratrice qui présente un profil très particulier. Mystérieuse, mal dans sa peau à cause du contexte familial difficile, elle a toutefois une personnalité forte. Elle sait ce qu'elle veut. Qu'importe ce qu'on dit, d'ailleurs il n'y a dans ce texte pratiquement aucune trace du monde extérieur, de personnes qui gravitent autour d'elle. Elle reste seule dans sa bulle, c'est l'unique endroit où elle se sent en sécurité. Dans son appartement, et dans ce monde virtuel où elle tente de créer une seconde vie.

Le sujet se veut moderne et différent de ce qu'on a l'habitude de lire. L'auteure nous interroge sur notre rapport au corps, à la beauté éternelle. Dans ce roman où se côtoient sans cesse le monde virtuel à la vie réelle, Karoline Georges remet finalement en perspective notre utilisation des nouvelles technologies : peuvent-elle remplacer le contact réel, peuvent-elles palier à l'absence? Un sujet traité avec une certaine force dans l'écriture et une froideur propre à la narratrice principale, qui mont totalement hypnotisée.

Mais l'émotion est aussi au rendez-vous puisqu'elle y mêle une histoire familiale triste, notamment avec l'hospitalisation de la maman. Notre héroïne fait tomber le masque pour présenter au lecteur un visage beaucoup humain qui laisse enfin sortir ses émotions.
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Karoline Georges avec de synthèse, offre un roman perturbant, fascinant, dérangeant autour du thème de l'image. Sa narratrice vit dans un monde virtuel avec son avatar Anouk, prénom signifiant «gracieuse», qu'elle modifie et développe au fil du temps en fonction des modèles féminins qui l'ont marquée. Elle apparaît à la recherche de l'image parfaite. Un jour, tout bascule, car elle apprend que sa mère est très malade et qu'elle va mourir. Elle n'a d'autres choix que de côtoyer sa famille qu'elle a délaissée depuis plusieurs années. Ainsi, elle plonge dans ses souvenirs et elle livre un témoignage renversant autour d'une quête : celle de l'image. Dès l'enfance, elle s'échappe de la réalité par le biais de la télévision, car elle a peur de son alcoolique de père ou encore elle souhaite oublier l'immobilité de sa mère qui est assise devant sa fenêtre et dont le regard est coupé du monde Elle devient fascinée par les images de personnages féminins tributaires des émissions de télévision ou encore de celles des magazines. Il y a Olivia Newton-John, Fanfreluche, Jinny, ma sorcière bien-aimée, la Femme bionique, Wonder Woman, etc. Toutes ces femmes représentent un idéal. Olivia et son sublime sourire, Jinny et sa légèreté, Fanfreluche et ses livres. Toutes ces héroïnes semblent lui donner envie de modifier son corps. On le devine, la narratrice est née dans les années soixante-dix. Comme elle le mentionne :

J'ai appris très tôt la valeur sacrée des images de la féminité.

Les femmes les plus célèbres du monde étaient toutes immobiles entre les pages des magazines. Ou divines à l'écran. Ou encadrées pour l'éternité dans les musées, j'allais le découvrir un peu plus tard.

Moi, je suis devenue une image sans m'en rendre compte. (p. 18)

À quatorze ans, elle participe à un concours de beauté et le remporte. Puis, elle va s'installer à Paris afin de poursuivre une carrière de mannequin en vivant dans la discrétion, dans la solitude. Elle apprend à devenir une image. de plus, elle visite les musées et observe les tableaux des peintres présentant des modèles féminins inoubliables. Après une décennie dans la ville Lumière, elle revient à Montréal où elle achète un condo et elle peut s'adonner à sa passion pour l'image en cherchant à créer un avatar parfait grâce à l'argent accumulé en tant que mannequin. Car être image signifie «se faire personnage.»

La création d'images est devenue une nécessité quasi biologique. Une routine. Travailler des formes et des couleurs, un point de vue, inventer chaque jour une gestuelle ; y intégrer un jeu de lumière. Puis recommencer, sans cesse, repousser les limitations, mieux me définir à travers Anouk, toujours nous transformer. Apprendre à dire «je», à travers tous nos différents visages. (p. 179)

La narratrice passe donc de nombreuses années cloitrée à tenter de créer l'image d'Anouk se lançant dans une quête d'absolu. Cependant, la décrépitude du corps de sa mère lui permettra-t-elle de goûter à la perfection de l'image? Entre composition et destruction, quelle sera l'inspiration?

En lisant de synthèse, j'ai vécu de belles émotions car les magnifiques femmes mentionnées ont également marqué mon inconscient. Elles font partie de mon imaginaire. Comme la narratrice, j'ai adoré enfant l'univers de Fanfreluche. J'aurais voulu plonger dans un livre pour vivre les histoires. Comme elle, j'ai été subjuguée par Jinny. Je voulais que ma mère transforme ma chambre comme l'intérieur de la bouteille du génie. Comme elle, j'adorais Olivia Newton-John. J'avais toutes ses cassettes! J'ai vu au moins vingt fois Xanadu! Je ratais même l'école pour regarder le film à la télévision. Comme elle, je voulais posséder les jambes de Jamie Somers et avoir le nez de Samantha, la sorcière bien-aimée. Je me rends bien compte que toutes ces femmes ont laissé une empreinte indélébile en moi. de synthèse rend donc un bel hommage à l'image de la femme à travers le regard de l'autre. Ce livre m'a permis de voyager dans mes souvenirs, de retrouver mes yeux d'enfant et d'adolescente. Une histoire qui parle enfin à la femme que je suis devenue.

Ce livre a remporté de prestigieux prix :

Prix littéraire du Gouverneur général du Canada
Prix Jacques-Brossard de la science-fiction et du fantastique québécois
Prix Arlette-Cousture des Grands Prix de la Montérégie
Prix Aurora Boréal – Meilleur roman 2018

https://madamelit.ca/2018/12/11/madame-lit-de-synthese-de-karoline-georges/
Lien : https://madamelit.ca/2018/12..
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critiques presse (4)
Syfantasy
15 juillet 2021
Ode à une vie d’éternel actif qui s’oppose à son héroïne amorphe et sédentaire, Karoline Georges nous fait détester et aimer son personnage. Presque-non-humain s’étant perdu dans les méandres d’Internet pour y vivre par procuration à coup de jeux vidéo et de séries, il passe à côté de rencontres qui auraient pu le sauver de sa carapace digitale. Karoline Georges, avec une écriture étrange, nous offre une lecture dérangeante de notre société numérique que tout bon fan de SF devrait lire.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
LaPresse
06 décembre 2017
Karoline Georges retrouve dans son nouveau livre De synthèse des thématiques qu'elle a déjà abordées, comme les questionnements sur la beauté et la famille.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
04 décembre 2017
Depuis que la télévision existe, l’enfance se passe sous le règne de l’image. Quel impact cela a-t-il sur notre rapport au monde ? C’est ce que Karoline Georges met brillamment en scène dans son roman De synthèse.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
06 novembre 2017
Avec «De synthèse», Karoline Georges livre une fable sombre sur le pouvoir de séduction des images.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J’ai appris très tôt la valeur sacrée des images de la féminité.

Les femmes les plus célèbres du monde étaient toutes immobiles entre les pages des magazines. Ou divines à l’écran. Ou encadrées pour l’éternité dans les musées, j’allais le découvrir un peu plus tard.

Moi, je suis devenue une image sans m’en rendre compte. (p. 18)
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Devant Le radeau de la Méduse de Géricault, oeuvre plus immense que le Louvre entier dans mon souvenir, j'ai eu l'impression d'un grand coup, puis d'un frisson. [...] Je suis restée là, longtemps, à penser aux miens, en contemplant Le radeau de la Méduse. À notre histoire, racontée en une seule image. Celle-là. Ce groupe à la dérive, en décomposition. Mais qui avance, encore. Sans destination. J'ai senti monter les larmes. Je venais d'éprouver mon premier choc esthétique. ou poétique. Ou philosophique, peut-être.
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a création d’images est devenue une nécessité quasi biologique. Une routine. Travailler des formes et des couleurs, un point de vue, inventer chaque jour une gestuelle ; y intégrer un jeu de lumière. Puis recommencer, sans cesse, repousser les limitations, mieux me définir à travers Anouk, toujours nous transformer. Apprendre à dire «je», à travers tous nos différents visages. (p. 179)
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L'image est une forme absolue, de vérité totale qui se substitue aux mouvements des corps, de la matière, du temps. La photographie peut réinventer les traces qu'elle doit préserver.
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Une image, en perpétuel devenir. (p. 185)
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