Pour la traduction du titre je propose « La Rive sculptée ». Voici un roman d'amour qui se déroule dans un milieu aisé et qui décrit à merveille les méandres et les mystères du bonheur qui se montre parfois même aux plus sceptiques.
C'est un livre que j'ai lu avec grand plaisir et en un seul jour. Je fais tout de suite un rapprochement avec Daria de Violeta Lăcătușu pour cet élément « fantastique » du début et de la fin.
Le roman est écrit à la première personne. La narratrice et protagoniste du roman s'appelle Aurora Popovici. Elle est journaliste, a trente-trois ans, collectionne les pierres et écrit un article sur Roșia Montana, quand elle est invitée à partir en voyage pour le récent mariage de sa soeur Ștefania. Elle évoque son enfance heureuse avec tendre émotion et dresse un beau portrait de sa mère. Mais hélas, l'accident mortel dont est victime son père, mettra un terme à ce bonheur familial. Sa mère part, à trente-sept ans, en Espagne comme employée de maison.
L'action se déroule donc dans le décor féerique (habilement évoqué) de l'Île de Tenerife.
Ștefania est médecin et mène des travaux de recherche dans un groupe international tandis que son mari Paul Deleanu est directeur commercial dans une banque et passe son temps libre à faire du sport.
Alors qu'elle est enceinte sans le savoir, la narratrice vient d'être quittée, de manière ingrate, par Vlad (Vladimir Mateescu), l'homme qu'elle aime depuis une dizaine d'années le considérant comme l'homme de sa vie. À partir du moment où arrive la famille française de Monsieur T[anguy] (dont l'histoire est qualifiée « d'entortillée ») je vais arrêter de dévoiler l'intrigue et je vais me contenter de quelques remarques éparses sur mon propre plaisir de lecture.
Doina, la mère de Ștefania et Aurora lit « Les liaisons dangereuses » et le récit est émaillé de quelques réflexions philosophiques lucides qui incitent le lecteur à s'interroger lui-même sur le sens de la vie, sur l'amour et le bonheur.
Le style est fluide, les dialogues suivent un rythme alerte et les personnages sont plutôt attachants, malgré leurs vices (Paul, par exemple, est un joueur invétéré de poker).
Le suspens est finement dosé.
On « croise » même
Alice Munro et le personnage Nică de
Ion Creanga.
J'ai beaucoup apprécié les passages où Aurora évoque (brièvement) les nombreux orphelinats de Bucarest ou bien le patois moldave de Irina.
La littérature rend tout, ou presque, possible, en suivant toutefois les règles immuables du … destin.
Merci à
Dorina Georgescu pour ce moment d'évasion par la lecture !