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Sheriff of Babylon tome 2 sur 2
EAN : 9781401267261
144 pages
Vertigo (07/02/2017)
4.75/5   4 notes
Résumé :
One of the most poignant retellings of the Iraq War, Tom King's critically acclaimed series SHERIFF OF BABYLON continues here!

Florida cop turned military consultant, Chris Henry came to Iraq in the aftermath of the 2003 American invasion to train a new generation of post-Saddam police. But the murder of one of his recruits has uncovered a vast web of secrets and lies—one that ties the old regime, the new government, the American military, the crimin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Bang. Bang. Bang. (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant car les 2 tomes forment une histoire complète. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2016/2017, écrits par Tom King, dessinés, encrés et mis en couleurs par Mitch Gerads, la même équipe créatrice que le premier tome. Les couvertures ont été réalisées par John Paul Leon.

En mars 2004, à Bagdad en Iraq, Saffiya al Aquani (Sofia) se tient sur les toilettes. Elle constate la présence de sang dans ses urines. Nassir al Maghred est détenu par des militaires en civil dans un bâtiment préfabriqué. le responsable lui explique qu'ils vont faire venir un traducteur. À la faveur d'un moment d'inattention, Maghred frappe la tête de son interlocuteur contre la table entre eux. Cela déclenche l'arrivée d'un gros costaud armé d'un fusil et du supérieur du premier interrogateur. Alors que Sofia se renseigne sur internet quant à la cause de la présence du sang, elle est appelée pour un rendez-vous immédiat avec un intermédiaire américain d'une agence de renseignement. Il se fait appeler Franklin. Pendant ce temps-là, Maghred encaisse les coups de ses interrogateurs sans broncher.

Franklin souhaite obtenir l'aide de Sofia pour coincer un terroriste appelé Abu Rahim. Sofia lui raconte un conte que lui a appris sa grand-mère, l'histoire d'un poisson vivant dans l'Euphrate, et souhaitant passer dans le Tigre. Pendant ce temps-là, Maghred a été déshabillé, ligoté à une chaise et ses geôliers lui ont mis un sac sur la tête. Ils continuent de l'interroger pour savoir ce qu'il sait sur Abu Rahim. de son côté, Christopher Henry est dans la zone verte. Il continue de réfléchir à la mort d'Ali al Fahar, sans avoir l'impression d'avoir avancé dans son enquête.

Tom King avait impressionné le lecteur avec le premier tome. Il avait situé son histoire en Iraq, pendant l'occupation américaine, après la chute de la ville en 2003 sous l'attaque de la coalition. Il avait su éviter se tenir éloigné de toute forme de patriotisme ou de propagande, pour écrire un polar, avec un instructeur militaire travaillant pour une entreprise privée, enquêtant sur le meurtre d'un de ses élèves. le scénariste avait entraîné son récit à l'écart des clichés, grâce à 2 personnages supplémentaires, une iraquienne sunnite et un ex-policier shiite. Il rendait ainsi compte d'une part de la complexité de la situation, et d'autre part des intérêts de différentes factions en place. Avec cette deuxième partie, le scénariste donne l'impression de partir dans une autre direction. le centre d'intérêt n'est plus de savoir qui a tué Ali al Fahar, ou comment il est mort. L'enjeu devient la capture du terroriste Abu Rahim.

La forme de la narration se modifie également puisqu'elle repose essentiellement sur des confrontations de type verbale, 2 individus se jaugeant, s'interrogeant, jouant au chat et la souris. Il appartient alors au lecteur d'observer les interlocuteurs pour en apprendre plus que ce que disent les mots. Il y a par exemple cette série d'interrogatoires musclés que subit Nassir al Maghred. le lecteur ne comprend pas forcément tout de suite pourquoi ce personnage accepte sa situation sans broncher, ou plutôt en l'aggravant dans un premier temps, en agressant les premiers officiels venus l'interroger. Il est assez impressionné par sa capacité à encaisser, à supporter la douleur, à endurer le sadisme psychologique. Il faut attendre plus d'un épisode pour entrevoir la raison de son comportement. Tom King ne l'explicite pas en faisant dire à son personnage pour quelle raison il a agi ainsi, ni en le faisant dire par un autre personnage. le lecteur doit assembler les pièces du puzzle entre les tragédies vécues par le personnage dans la première partie, ce qu'il révèle à Saffiya al Aquani sur sa relation avec sa famille, ses occupations avant la guerre, etc.

Dans le deuxième épisode, Tom King reprend le même dispositif de la conversation, cette fois-ci entre Saffiya al Aquani et un interlocuteur au téléphone, qui n'apparaît pas dans les cases. Puis Christopher Henry va avoir une discussion fractionnée avec un dénommé Bob, un agent secret américain de terrain, celui qui a abattu Fatima, la femme de Nassir al Maghreb. Il y a encore d'autres dialogues, dont celui avec Abu Rahim et un autre interlocuteur. Avec une telle forme narrative, le talent de metteur en scène et de directeur d'acteurs de l'artiste est fortement mis à contribution. En fonction des circonstances de la discussion, il construit sa prise de vue de manière différente, en optant pour une approche naturaliste. À l'une des extrémités du spectre, il y a le dialogue entre Saffiya al Aquani et Franklin. Les 2 personnages se promènent sur la berge du Tigre, en devisant calmement. L'artiste a tout loisir de les montrer en train de marcher, de faire des gestes accompagnant leurs propos. Il modifie ses angles de prises de vue de manière à montrer leur environnement. le lecteur prend plaisir à cette promenade au bord de l'eau, comme s'il se trouver aux côtés des 2 interlocuteurs.

À l'autre extrémité de la mise en scène, il y a Saffiya al Aquani en train de parler au téléphone à Abu Rahim. Mitch Gerards respecte les circonstances imposées par le scénario. Il s'en suit 4 pages chacune comprenant 9 cases de même taille (découpage qualifié de gaufrier). Chaque case est cadrée comme un plan poitrine sur la protagoniste. le lecteur a vraiment l'impression de regarder quelqu'un en train de parler dans son portable. Il voit les expressions du visage changer en fonction de l'échange, des contrariétés, des avancées positives, ainsi que les petits gestes, comme Saffiya en train de jouer avec son voile. Malgré cette forme très contrainte d'un point de vue visuel, le dessinateur réussit à capter l'attention du lecteur et à la conserver tout au long de ces 4 pages. Ce dernier se rend compte que Gerads représente l'arrière-plan à gros traits pendant cette conversation, de rapides coups de pinceau infographique pour évoquer la végétation sous forme de bosquet et le tronc d'un arbre juste derrière le personnage. En fait il colle exactement le même dessin en fond, mais cadré différemment en fonction des minuscules déplacements de l'interlocutrice.

Tout du long de ces 6 épisodes, le lecteur bénéficie de ces mises en scène intelligente, capables de tirer le meilleur parti des contraintes d'une séquence, pour lui donner l'impression de se trouver sur place, d'observer les individus avec ses yeux, ou avec les yeux d'un autre protagoniste. Il représente les environnements avec la même qualité de conviction. le lecteur se retrouve ainsi dans ce préfabriqué accablé par le soleil, avec ces casiers métalliques impersonnels pour ranger les affaires personnelles. Il observe les rives du Tigre, à un endroit un quartier en flammes, à un autre endroit des berges aménagées et ombragées. Il se promène dans le site touristique de Petra, et se baigne dans la Mer Morte avec Maghreb et sa famille. Il prend pleinement conscience du travail réalisé par les couleurs, Mitch Gerads les utilisant de manière naturaliste, mais avec un léger décalage vers l'impressionnisme. Il se retrouve à s'assoir dans un fauteuil incongru dans l'antichambre d'une salle de réunion militaire. Il apprécie la qualité de l'ameublement et de la décoration de la maison de Saffiya al Aquani. Il retrouve l'ambiance quasi surréaliste de cette piscine au plafond crevé, baignant dans la lumière verdâtre de la nuit.

Tom King peut donc se reposer entièrement sur le talent de narrateur de Mitch Gerads pour raconter son histoire comme il l'entend. Il utilise les conventions du récit d'espionnage en temps de guerre, mettant face à face des individus dont les allégeances sont difficiles à cerner et qui évoluent au fil du temps. le lecteur comprend bien qu'il doit participer au jeu de rassembler les pièces du puzzle. le scénariste prend bien soin de rester intelligible. Les enjeux sont clairement identifiés et exposés. le questionnement concerne les motivations superficielles et profondes des personnages. Cette deuxième partie se concentre plus sur Saffiya al Aquani et Nassir al Maghred. le lecteur découvre petit à petit quelques éléments de leur passé, et de leur présent. Toute leur vie a été modelée par les conflits de cette région du globe. Toute leur vie a été massacrée par la mort de leurs proches au cours de conflits successifs. Pourtant ils continuent de vivre, de faire des projets et de se montrer constructifs. Sous réserve d'être attentif à cette dimension, le lecteur se rend compte que le thème sous-jacent du récit est celui de la résilience, sous des formes assez différentes. Dans la première moitié, il était possible de constater celle de Christopher Henry, dans cette deuxième partie, celles de Nassir al Maghred et Saffiya al Aquani prennent des formes bien différentes. Il découvre 2 individus complexes, aux motivations personnelles très solides, aux convictions inébranlables, ce qui leur permet de tenir la distance.

Cette deuxième partie revêt une forme déconcertante pour le lecteur qui éprouve la sensation de passer à une autre étape, sans que la première ne soit achevée. En fait, Tom King révèle bel et bien les circonstances du décès d'Ali al Fahar. En ressortant de ces 12 épisodes, le lecteur éprouve la satisfaction d'avoir lu un polar sensible, mis en images avec intelligence. À l'opposé d'un patriotisme bas du front, Tom King et Mitch Gerads ont déroulé une enquête dont les éléments sont consubstantiels de l'environnement et de l'époque à laquelle elle se déroule. Elle révèle à la fois les interactions sous-jacentes entre différentes factions, différents groupes d'intérêts, mais aussi la personnalité profonde des principaux protagonistes. Une histoire exceptionnelle.
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Vidéo de Tom King
Lors du FIBD d'Angoulême, nous avons eu l'opportunité d'échanger avec Stevan Subic, dessinateur serbe du comics The Riddler Year One paru chez Urban comics et scénarisé par Paul Dano qui interprète le personnage dans le film The Batman de Matt Reaves. Ce fut l'occasion de lui poser des question sur la réalisation de ce projet, ses techniques de travails et ses projets futur (notamment avec le scénariste Tom King)
La chronique de l'ouvrage est à retrouver sur notre site au lien suivant : https://www.planetebd.com/comics/urban-comics/the-riddler/annee-un/53761.html#serie
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