Chvoul

On trouve ici le récit de la partie de sa jeunesse que Raoul, le personnage principal, passe en Allemagne où il a suivi son père. Celui-ci, le colonel Villars, appartient aux troupes installées dans une partie du pays après la Première Guerre mondiale. On assiste à l'entrée de Raoul dans l'âge adulte et aux premiers développements de sa sexualité (Chvoul se traduit par pédé).

Je ne suis jamais complètement entré dans cette histoire, en bonne partie sans doute à cause de l'indifférence que montre généralement le personnage principal (chez qui ce trait de caractère peut renvoyer aux modèles d'adolescence bourgeoise de cette époque). Quand il quitte l'Allemagne à la fin du roman, Raoul pense moins à ceux dont il a croisé le parcours et contribué à orienter et à bouleverser la vie qu'aux perspectives suivantes qui s'ouvrent dans son existence.

Cette histoire compte des personnages secondaires qui peuvent susciter l'intérêt, mais qui, résumés à quelques traits, auraient cependant pu trouver plus de complexité et de profondeur. le professeur-docteur Herzlich est un intellectuel allemand, féru de culture classique et homosexuel refoulé, qui se laisse entraîner dans un scandale qui brise sa carrière et ne s'élève pas vraiment contre le sort qui lui est fait de la sorte. le jeune Strudelmeyer, condisciple de Raoul, exclu de leur établissement scolaire pour une provocation et qui devient finalement ouvrier fondeur, montre une sensualité virile qui le rend intéressant mais qui résume aussi sans doute trop sa personnalité. Les deux filles de la logeuse de Raoul me semblent pareillement réduites au désir qu'elles auraient d'être aimées de lui.

Malgré ces réserves, le livre m'a intéressé, principalement pour la perspective qu'il offre sur les fonctionnements d'une époque et pour la façon dont l'auteur s'approprie ces schémas.