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Critique de SeriallectriceSV


Un beau voyage hypnotique et envoûtant qui nous emmène sur les terres d'Andøya, une île de l'archipel de Vesterålen en Norvège, où la brume aspire les corps dans les matins polaires, puis au bord du lac Baïkal en Sibérie, lac sacré où la solitude n'est jamais pesante, là où « on est dans la beauté », et enfin l'ultime étape, la fiévreuse et grouillante Singapour.

Cosme K est un homme blessé en exil. Il est énigmatique. Il est rassuré de se sentir enfermé dans la solitude des grands espaces. Il « ne cherche pas les palpitations de l'aventure mais uniquement l'apaisement de l'exil. »
Il porte en lui une « douleur sèche et muette et elle lui craquelait l'âme comme la terre d'un désert de pierre ». Une douleur qui s'exprime la nuit par un cri qui traverse ses rêves, un cri venu de ses entrailles « qui ne trouvait que le silence de la nuit pour l'accueillir ».
Au fond de lui, un oubli infligé, un passé enfoui, que l'on déflore par petits bouts tout au long de la lecture. Et sur sa route, de belles rencontres (Maïken, Bestefar, Olga, Shu Fang) qui l'aiguilleront, l'aideront à déchiffrer les signes qui s'offriront à lui.

« Tu t'interroges sur toutes ces coïncidences. Ces liens que tu crois deviner entre ceux que tu as croisés dans tous les mondes que tu as traversés. Ne cherche pas. Ne perds pas de temps. La faille est toujours ouverte. le passé, le présent, le futur n'ont pas d'importance. Seul le chemin compte. Et sur le chemin, les guides qui t'ont indiqué la direction quand tu étais perdu. »

Et sur ses traces, son frère, bien des années après le départ de Cosme K....

Philippe Gerin maîtrise la narration et l'art du suspense, un suspense qui nous tient jusqu'à la toute fin quand la lumière se fait enfin sur ce poids que Cosme K porte en lui. Les descriptions des paysages et des sentiments sont incroyables et somptueuses.

Magnifique lecture. Une ode à la nature, à la beauté, à la vie.

« [...] la beauté comme ultime rempart aux impasses dans lesquelles la modernité acculait les vies. »

Elle est une lecture de l'intime, elle porte en elle le poids de la souffrance, de la culpabilité, des tourments, des remords inconsolables, des cassures de la vie.
Elle est un voyage initiatique au coeur de l'être, en quête d'abandon, d'oubli, de pardon, de vérité et d'amour.

« L'important c'est le chemin. Ce n'est pas la destination. »

Mon libraire lors de sa présentation de la Rentrée littéraire de septembre 2019 déplorait que cette rentrée ne fasse pas plus de place à ce petit bijou. Il craignait que ce dernier soit condamné à finir en pâte à papier en peu de temps...
Je l'ai lu en novembre 2019 ; il a ensuite rejoint ma grande pile de livre à chroniquer. Je m'en veux terriblement de ne pas avoir pris le temps d'en parler plus tôt, parce que ce livre est une petite pépite pour moi. Je l'avais "post-ité" dans tous les sens, et en notant tous ces passages relevés, je l'ai quasiment lu une deuxième fois ;-) Et l'envie de découvrir le lac Baïkal s'est de nouveau emparée de moi.

Chronique rédigée avec en sourdine le blues de Bjørn Berge, guitariste bluesman norvégien découvert grâce à Maïken. « le blues des accords de guitare enveloppait les corps dans une torpeur qui ralentissait les gestes et les maintenait éloignés l'un de l'autre. »

« Il faut que tu voies l'hiver. Ne pars pas avant d'avoir vu l'aube bleue glisser sur la lande couchée et sur les rochers pointus, lorsque le jour ne vient jamais. Ne pars pas avant d'avoir ressenti sur ta peau les lumières d'un ciel strié d'aurores boréales. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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