Chanson des mal-aimants

L'univers de Sylvie Germain est vraiment particulier et ne ressemble à aucun autre : entre le conte philosophique avec des personnages aux noms très imagés ( Philomène Tuutu, Laudes-Marie...) et la satire cruelle, ils fascinent ou ennuient... personnellement si j'avais beaucoup aimé son dernier "petites scènes capitales" par son audace et son ampleur, celui ci, malgré la beauté de la langue utilisée m'a laissé froid, je n'ai pas réussi du tout à rentrer dedans...dommage...

J'ai lu ce livre dans l'édition folio et j'ai déjà un immense problème avec la photo de couverture.

La photo de Tadeusz Kluba est juste magnifique. On y voit une femme brune, aux yeux noirs, habillée en noir, à la peau mate qui est debout immobile dans une rue d'un village où tout semble fermé.

Quel est le rapport avec le livre ?

Le personnage principal de ce livre est bien une femme mais elle est albinos, donc elle a la peau très pale, les yeux roses et les cheveux blancs … ( c'est pas moi qui le dit, c'est elle même).

Là je me suis posée deux questions :

les éditeurs lisent ils les livres qu'ils publient ? - j'avoue qu'à chaque fois que je me pose cette question la réponse semble être non.

Y aurait il un problème à montrer la photo d'une femme albinos en couverture d'un livre ?

A la limite il aurait été possible de montrer une autre image, une église, un paysage de montagne, un cérisier en fleurs … Mais non là l'éditeur a fait le choix de montrer une femme qui illustre un récit racontant l'histoire d'une femme avec une femme qui ne ressemble pas du tout à la narratrice, ce qui est quand même curieux… J'oserai même le mot discriminant.

Concernant le livre lui même, je suis restée très perplexe.
L'écriture est très belle, travaillée, poétique, mais sauf sur une partie de la partie parisienne (quand elle joue de l'orgue) je n'ai jamais senti le personnage s'incarner . J'ai toujours eu le sentiment d'avoir en face de moi, un personnage flou, presque transparent, évanesçant, sur qui les évènements les plus tragiques semblent glisser.

La narratrice rencontre pourtant les livres auprès de trois personnes très différentes ( la comtesse, la vieille dame, l'écrivain) , puis les mots ( avec Fanfan, la tenancière du café) mais n'en fait rien.

Si il y a des mal aimants, il y a donc un mal aimé. Qui est il ? La fin du roman semble indiquer que pour la narratrice il s'agit de Dieu… Ce qui éclairerait peut être les visions qui m'ont profondément laissé interrogative.

Bref, pour ma part un livre très bien écrit mais qui ne m'a convaincu, ni embarqué dans l'histoire, comme j'aime qu'un roman le fasse.