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Critique de paroles


En une semaine le vie d'Aurélien bascule.
"Décidément les choses sont de mauvais poil aujourd'hui" observe Aurélien. C'est vrai, le disque dur de son ordinateur vient de lâcher, alors qu'il venait juste de terminer un travail long et difficile. Déjà, la veille, la tringle de la penderie avait cédé, la clenche de la porte des toilettes lui était restée dans la main...
Le lendemain, en se rendant au travail, il se fait bousculer par les piétons qui s'excusent en lui disant qu'ils ne l'avaient pas vu. Ses collègues le trouvent flou, terne, flapi. Que se passe-t-il ? Un malaise s'installe.
Et ce malaise va s'intensifier les jours suivants lorsqu'il s'apercevra qu'il n'a plus d'odeur, plus d'ombre, plus de visibilité auprès des autres. Sa compagne ne se soucie pas de sa présence. Même sa mère lui prête peu d'attention.
Plus personne ne le voit, ni ne l'entend....

Est-ce un roman, un conte, une parabole ? Difficile à dire. Peut-être les trois.
C'est un récit court, mais intense, sur le poids d'un individu dans la société. Dans quelle mesure sommes-nous important pour les autres ? Survit-on dans la mémoire des autres ?
J'ai lu d'autres livres de Sylvie Germain (L'inaperçu ; le monde sans vous) qui parlent de l'absence, de l'effacement, mais ici l'effacement est porté à l'extrême.
Son héros ne connaît pas son père biologique. Il est le fruit d'une rencontre éphémère. Son beau-père est un homme de spectacle. Son beau-frère est cloitré dans un monde parallèle depuis son agression. Sa naissance, sa famille déjà sont empreintes d'irréalité.
Ensuite le déroulement de cette semaine n'est qu'un compte à rebours. Il perd peu à peu tout ce qui fait une identité aux yeux des autres : l'odeur, la vue, la voix. Il devient "une buée d'homme".

Sylvie Germain n'a jamais aussi bien revendiqué le "goût des autres". Et son écriture est belle et prenante.
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