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Citations sur La pleurante des rues de Prague (60)

....et eux, ces vieux en marge des vivants,attendent leur tour en jetant des morceaux de pain dur aux oiseaux des parcs et des berges.
Très vieux petits Poucet qui ne savent plus que baliser de croûtes et de miettes, de soupirs et de soliloques le long et morne chemin de l'ennui.
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Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon ...
Le goût de l'encre se levait sur ses pas.
     
... Ses déambulations semblent mues par de secrètes urgences, et son sens de l'orientation est le plus déroutant qui soit... Elle fraye avec les morts autant qu'avec les vivants, son ouïe perçoit les plus infimes souffles, les plus lointains échos. La couleur de l'encre, mille fois séchée et ravivée, luit depuis toujours sur les traces de ses pas.
     
Elle s'est engouffrée dans le livre. C'est toujours ainsi qu'elle procède ; à la façon du vent ...
Elle marche sans jamais se retourner ...
Le vent, le vent de l'encre se lève à son passage et souffle dans ses pas.
Et le livre qui suit, n'étant composé que des traces de ses pas s'en va lui aussi au hasard.
     
... Le hasard qui préside aux apparitions de cette étrange vagabonde et qui guide ses pas de passe-muraille ne se laisse pas réduire au fortuit, encore moins au caprice. Il y a tant de gravité dans cette femme errante, tant de patience et d'endurance ...
Le vent, le vent de l'encre qui souffle dans ses pas fait se courber, se balancer les mots, déracine des images qui demeuraient enfouies dans la mémoire à la limite de l'oubli, et par avance effeuille les pages du livre qui ne peut être que fragmentaire, inachevé.
     
     
(Prologue, 1 & 2. Éd. Gallimard coll. Folio, pp. 15-18)
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Qui donc pleurait en elle ?

Car ce n'était pas elle, non, pas elle seule qui geignait et pleurait de la sorte. C'était la ville entière, la ville et ses faubourgs, et au-delà encore. C'était la terre, des vivants et des morts.
Cette femme à la démarche disgracieuse, à la carrure monumentale, n'était pas de chair et de sang, - mais de larmes, rien que de larmes. Elle n'était pas née d'une femme, mais de la douleur de tous et de toutes.
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Le mot arbre se couvrait d'écorce grise ou brune, ivoire ou argentée, et plongeait profond dans la terre sous l'herbe et la pierraille, et exhalait une senteur de sève, de racines, de mousse et de feuillage humide ; des bêtes y nichaient, des yeux scintillaient dans ses branchages. Yeux des oiseaux, yeux des martres, des chats sauvages et des loirs, yeux des lucioles et des papillons ocellés. Yeux des étoiles clignotant dans les trouées de la ramure, yeux du soleil ou de la pluie, chatoyant au gré des feuilles. Yeux d'enfants scrutant l'horizon du haut des branches, ou simplement rêvant.
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A Prague, dès la fin de l’automne et pendant tout l’hiver, la brume a une odeur, et même une consistance. Certains soirs elle se fait presque palpable tant elle est dense et ocrée. Les fumées de la ville gonflent et teintent la brume, la poussière du lignite flotte dans l’air avec un goût âpre, et suave cependant. Les villes, comme les corps, ont une odeur, une peau.
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Car il est des larmes qui, longtemps après que les yeux qui les versèrent se sont fermés, se sont éteints, continuent à couler. A couler jusque sur nos joues.
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Car il y a des larmes qui, aussi anciennes soient-elles, n'en finissent jamais de diffuser une sensation de brûlure, de reperler à fleur de peau. La peau du coeur.
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Elle était là, si pleinement et étrangement là, dressée dans sa majesté de mendiante, dans son silence bruissant d'un long et ténu chuchotement de larmes, dans son infinie douceur de pleurante. Elle était là, tout à fait invisible et tout à fait présente, géante immatérielle au coeur très nu et miséricordieux.
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Ces fleurs peintes dans la pénombre d'un sous-sol au-dessus du lit d'une enfant privée de tout.......
Car ces fleurs-là, ces fleurs de pauvres, de déchus, ces perce-neige, ces perce-pierre, ces perce-faim, ces nuageuses roses de cave, c'est sur la peau de l'Histoire qu'elles ont fleuri, à l'ombre de la guerre et de la haine, et c'est à la face des hommes qu'elles continuent de s'épanouir, d'exhaler leur odeur de froid, de sueur de sang et de larmes dans les replis de leur mémoire.
Si tant est que nous ayons mémoire, et, surtout, que nous fassions mémoire.
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C'est que, sous ses grands airs, l'Histoire pue. il conviendrait de le sentir, et il importe de le dire, pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas qu'une larme pèse un poids gigantesque.
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